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L’histoire des civilisations antiques est marquée par les échanges de savoirs, de culture et de traditions. Parmi ces interactions, la relation entre la Grèce antique et l’Égypte, connue des Égyptiens sous le nom de Kemet, est particulièrement révélatrice. Les Grecs, grands penseurs de l’Antiquité, se sont rendus en Égypte pour puiser à la source du savoir africain. Ce voyage de l’esprit vers la terre des pharaons a façonné une partie de la pensée grecque, mais au-delà des mythes, cette histoire révèle aussi une réalité plus sombre.
Un pèlerinage intellectuel vers l’Égypte
Les grands philosophes grecs, dont Platon, Pythagore, Thalès, et même Hippocrate, ont reconnu l’avance de la civilisation égyptienne dans de nombreux domaines. Platon, père de la philosophie occidentale, a étudié en Égypte pendant 13 ans, et il a encouragé ses disciples à suivre ses pas, considérant l’éducation égyptienne comme une école de discipline et d’humanité. De son côté, Pythagore a passé 22 ans à étudier la géométrie, la médecine, et la philosophie en Égypte. Ironie du sort, le théorème mathématique qui porte aujourd’hui son nom était déjà en usage des siècles avant lui pour bâtir les pyramides, ces chefs-d’œuvre d’ingénierie.
Quant à Hippocrate, souvent surnommé le « père de la médecine », il a reconnu lui-même que le titre appartenait en réalité à Imhotep, l’Égyptien qui, bien avant lui, avait développé des techniques médicales avancées et une approche scientifique de la santé. Ainsi, il apparaît que bon nombre des piliers de la pensée grecque trouvent leurs origines dans la sagesse et les connaissances africaines, un fait souvent éclipsé dans les récits historiques.
L’Égypte, berceau de la civilisation selon Hérodote
Hérodote, l’historien grec, qualifiait l’Égypte de « berceau de la civilisation ». Lors de ses voyages, il décrivait les Égyptiens comme des habitants « à la peau sombre et aux cheveux laineux », témoignant d’une Afrique dont les savoirs et l’organisation sociale impressionnaient même les visiteurs les plus érudits. L’Égypte de Kemet, par son ouverture aux étudiants étrangers, offrait un modèle de tolérance et d’accueil qui se perpétuait de génération en génération.
Un héritage trahi
Mais cette relation, initiée sur le fondement du respect et de l’échange, prit une tournure bien différente avec le temps. Les Grecs, qui avaient tant appris de l’Égypte, commencèrent à réinterpréter et à s’approprier ses savoirs, puis les colonisateurs romains suivirent, imposant leur domination sur ce berceau de connaissances. L’esprit de l’Égypte antique s’est progressivement retrouvé absorbé, redéfini, et même effacé au profit d’une culture occidentale qui oublia ses racines africaines. La civilisation de Kemet, autrefois source de fierté et de savoir, se vit pillée, ses œuvres et ses monuments appropriés, et ses enfants réduits en esclavage.
La mémoire de Kemet, un rappel pour aujourd’hui
Reconnaître aujourd’hui l’apport de l’Égypte antique à la civilisation mondiale, et son rôle dans la formation de la pensée grecque, c’est rendre hommage à l’histoire de Kemet et à ses contributions indéniables. C’est aussi rappeler que nos ancêtres africains, ouverts et généreux, ont accueilli les étrangers avec honneur, avant que cette relation ne soit trahie par l’avidité. Que cette mémoire inspire une reconnaissance juste des héritages culturels et scientifiques de l’Afrique et une prise de conscience collective.
Si nous nous souvenons aujourd’hui des savants grecs qui ont appris auprès des maîtres de Kemet, il est également juste de ne pas oublier le prix que nos ancêtres ont payé pour cette générosité intellectuelle. Le respect et la reconnaissance des héritages sont des pas essentiels pour reconstruire une histoire partagée qui honore tous ceux qui ont bâti les savoirs d’hier et d’aujourd’hui.
ElloMarie conscience africaine, analyste politique et contributeur à Akondanews
Akondanews.net