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Fermer la parenthèse « B.A.G » entendez Bédié, Alassane, Gbagbo est au centre de tous les débats. Aux dires de bon nombre de nos concitoyens, se serait même la solution à nos problèmes d’aujourd’hui et ceux de demain. On entend ça maintenant tous les jours. Chacun le dit avec son style et avec son tempérament. Peut-être que ceux qui pensent ainsi ont tort ou peut-être qu’ils ont raison. Je n’en sais rien. Dans le fond, cette approche comme on peut le voir pose clairement la question de l’alternance. Voilà, le mot est lâché. La question du changement non pas des idéaux mais de ceux qui depuis plus de trois décennies incarnent ces idéaux. Pour être plus précis, bon nombre de nos concitoyens souhaitent le retrait et/ou une retraite de ces trois leaders. Pourquoi? D’abord parce que depuis le décès du premier président de notre pays(1993), ces personnalités occupent le devant de la scène. Ils sont abusivement appelés les trois Grands » et ont en commun le fait d’avoir tous occupé le palais du plateau. Tantôt patron de l’exécutif, Tantôt dans un rôle d’opposant. Tantôt à la conquête du pouvoir, Tantôt dans l’exercice du pouvoir avec tout ce que cela implique.
Ces perpétuels changements de rôles ont impacté et continuent encore d’impacter la vie des ivoiriens et de tous ceux qui nous font l’amitié de vivre chez nous. Pour bon nombre de nos concitoyens, les changements de rôles des acteurs « B.A.G » a pour conséquences les différentes crises que notre pays a connues et dont on peine encore à tourner définitivement la page.
Ensuite, l’opinion constate in fine que les trois « frères ennemis » s’aiment et se détestent cordialement.
Comment faire?
Pour rappel, retenons qu’à part le plus vieux de ce trio « B.A.G » qui a hérité d’un parti politique et qui a finit par s’imposer comme si c’était lui le fondateur de son parti, les deux autres sont eux fondateurs de leur parti. Ces trois leaders sont donc des gourous, des seigneurs, des Chefs, des…dans leur parti respectif. Déifiés qu’ils sont. Ils ont le tout et la totalité du pouvoir. En théorie, des chefs de parti mais dans la pratique des Chefs africains. Ce sont eux qui sont à la manœuvre. Ils poussent et déplacent tous les pions. Dans ce contexte purement africain, le Chef est plus fort que le parti qui normalement était sensé rendre le chef fort. Ici, le chef c’est le parti et le parti c’est le chef. C’est sa chose. Dans ces conditions, pouvons-nous parler de retraite et/ou d’alternance? Ici, parler de retraite c’est s’interroger sur la « mort » du chef. L’homme africain a une peur bleue de la mort. Il n’aime pas aborder ce sujet. Le chef africain n’aime pas lui aussi évoquer la « mort » même si ici, il est juste question de sa succession.
En plus d’être difficile sous cet angle, politiquement parlant aussi, il est difficile de remplacer le concepteur et porteur d’une vision, d’un idéal, d’un courant de pensée, d’une idéologie.
Que faire ?
FORCE À LA LOI.
Hier au cours d’une émission sur une chaîne ivoirienne, le sujet de l’alternance s’est encore invité dans le débat. Comme solution à l’équation « B.A.G », nous a été demandé de prendre nos responsabilités pour contraindre ce trio à la retraite. Au travers de quoi? Celui qui a fait cette proposition est resté très évasif. Comment contraindre notre trio à la retraite quand on sait qu’ils sont des acteurs aux différents rôles et de surcroît des chefs africains qui ont la peur de partir. En règle générale, une retraite en ce qui concerne les agents de l’état par exemple est prévue par la loi. Lorsque le temps de la retraite sonne, « tu veux, tu ne veux pas, tu vas partir ». C’est la loi qui le veut. On ne te chasse pas avant le temps de ta retraite. Quand c’est la loi qui envoie à la retraite, il n’y a pas de frustration. La frustration intervient quand on oblige quelqu’un avant son heure de partir. « La loi est dure mais c’est la loi ». La loi même si elle n’est pas faite pour arranger tout le monde, elle reste l’émanation de la volonté de la majorité.
LA LOI ET L’ÉQUATION « B.A.G ».
A vrai dire, l’équation « B.A.G » avait trouvé une solution dans une disposition de notre loi fondamentale de 2000 relative aux conditions d’éligibilité à la présidence de la République: être âgé de 75 ans au plus. Cette disposition mettait définitivement fin au débat sur l’équation « B.A.G ». Pourquoi?
B_86 ans
A_78 ans
G_76 ans.
Cette disposition a été malheureusement modifiée. Mieux, le verrou de l’âge a sauté. En voulant résoudre certainement un problème, ils ont créé un autre grand problème et l’équation « B.A.G » est encore d’actualité.
Retour au verrou de l’âge? Je suis contre cette façon de manipuler la loi. Une disposition d’une loi fondamentale ne doit en aucun cas et pour aucun motif viser 3 personnes parmi les 24 millions d’ivoiriens. C’est contraire à l’esprit de la loi. Une loi doit rester générale et impersonnelle. Sur la question, nos responsabilités sont partagées. Nous avons voté et nous avons modifié, le verrou de l’âge a sauté. Assumons nos actes. Chaque peuple mérite ses dirigeants
Emmanuel De Kouassi