L’enfumage ou le conflit avec la vérité

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De la première à la troisième république, soixante (60) années durant, jamais le peuple ivoirien n’a été aussi « enfumé » qu’au cours de ces dix dernières années.

Dans la course pour la conquête du palais du plateau, quelles promesses ne lui a-t-on pas faîtes ? Quelles paroles exquises n’a-t-il pas entendues ?

« … Donnez-moi cinq (5) ans, je dis bien cinq (5) ans pour changer la Côte d’Ivoire… ». Au forceps, les cinq (5) années furent octroyées, cinq (5) années supplémentaires furent ajoutées, mais rien n’a changé pour le vaillant peuple d’Eburnie. Après un passage en force, un autre mandat de cinq ans est entamé et  les mauvaises langues affirment que les choses vont de mal en pis.

Enfumage !

https://youtu.be/ZUSuvpF0WVI
Les promesses de 2010 par le candidat Ouattara

Pendant cette même course pour le palais du plateau, des milliards de FCFA ont été promis à chaque département pour un développement décentralisé qui à terme devrait permettre à notre pays d’être émergent à l’horizon de 2020. Dix années d’exercice effectif du pouvoir, les milliards de FCFA se font encore attendre et le vocable « émergence » a disparu des discours officiels, et  2020 est passé. Enfumage !

La pluie de milliards promise depuis 2010

Dans ces derniers jours, la toile bruisse avec la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité qui met à mal de nombreux foyers. Et l’embellie de la vie des ivoiriens promise, se révèle être une chimère.

Avec force, le RDR, devenu aujourd’hui RHDP, avait cloué au pilori le pouvoir Gbagbo le traitant d’incompétent, incapable de juguler l’inflation et d’offrir un bien-être aux ivoiriens. Il avait promis un mieux-être pour les ivoiriens.

A la pratique du pouvoir, la situation que ce parti dont est issu le gouvernement  offre aux ivoiriens, est pire. Peu de foyers peuvent se permettre deux repas par jour. Les belles promesses électorales faîtes aux ivoiriens se sont envolées comme par enchantement : Où sont les maisons à loyer modéré promises ? Que devient l’accouchement gratuit ? Quel bilan peut-on faire de la couverture maladie universelle ? Quid de la gratuité de l’école ? La liste est longue et bien malin qui pourra donner des réponses convaincantes à ces violentes questions.

Les explications qu’a tenté de donner le ministre du commerce au cours de sa conférence de presse relative à la cherté de la vie, ne sont guère satisfaisantes et sont bien une fuite en avant. Cela montre bien que gérer le ministère de la parole quand on est dans l’opposition, et gérer effectivement le pouvoir en trouvant des réponses concrètes aux préoccupations existentielles des populations, sont deux choses différentes.

Mais dans ce pays, il existe deux catégories de citoyens : d’une part, ceux dont le quotidien rime avec les questions lancinantes de survie et l’angoisse de ce que demain sera fait,  et ceux dont la proximité avec le pouvoir et les avantages tirés de cette situation font croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que même les rues d’Abidjan sont climatisées. Deux mondes différents, ayant par conséquent, des appréciations différentes du coût de la vie.

Cette situation, a bien été campée par l’artiste Kimon de Ramsès (un condisciple mien) dans une de ses chansons :

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Une-emergence-sans-electricite.jpg.
L’émergence promise pour 2020 n’a plus eu lieu

 « …Que les peureux se couchent

Que les morveux se mouchent

Les plus heureux s’en foutent

La majorité souffre

Pendant qu’une minorité s’en met plein la bouche… ».

Et depuis dix ans, une partie de la minorité qui s’en met plein la bouche vient d’être épinglée par la Haute Autorité de la Bonne Gouvernance. A son actif des milliards détournés. Il reste évident que pour les concernés, la cherté de la vie ne peut qu’être une histoire lointaine racontée par des personne « paresseuses » qui refusent de travailler !

En tout état de cause, de nombreux ivoiriens se sont laissés attirer par le miroir aux alouettes et se rendent aujourd’hui compte que…sans « dôhi, dôhi n’est rien » et qu’ils ont été…enfumés.

Les promesses électorales n’engagent que ceux qui les écoutent et qui y croient.

C’est une leçon qui doit être retenue pour demain. Demain certes un autre jour, mais demain arrive toujours. Et s’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA, Analyse politique

 

 

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