L’école ivoirienne à l’article de la mort ?

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Les résultats des examens de fin d’année des élèves en classe de 3ème sont connus depuis peu et sur toute l’étendue du territoire national, le taux de réussite du BEPC est de 28,89% contre 41,27% en 2021.

Après une année scolaire bien remplie avec le déroulement effectif des examens de fin d’année, les résultats des élèves  en fin de parcours du premier cycle de l’enseignement secondaire sont connus et relance la réflexion sur la qualité de l’enseignement en Côte d’Ivoire d’une part et du niveau d’instruction des élèves d’autre part.

Le faible taux de réussite enregistré au niveau des apprenants de la classe de 3ème atteste pour les ivoiriens, la valeur réelle du niveau des élèves ivoiriens longtemps favorisés par un système peu recommandable sous l’ère Kandia Camara de 2011 à 2021.

A la tête du ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation depuis le dernier remaniement du gouvernement en avril 2021 Mariatou Koné a hérité d’un ministère fortement enraciné dans la corruption, la fraude, la  tricherie et l’enrichissement illicite aux travers des cotisations des Conseils de gestion scolaire (COGES) supprimés officiellement mais pratiqués sous d’autres formes. Tout y est donc pour avoir une école sous perfusion et l’ombre d’elle-même avec des enseignants et élèves formés au rabais avec des programmes scolaires vidés de leurs substances cognitives, des infrastructures insuffisantes, le manque de formation continue des enseignants, des recrutements au CAFOP et à l’ENS qui laissent à désirer, des enseignants sans autorité sur les apprenants, la complaisance dans l’attribution des notes et des élèves abonnés à la mollesse qu’à la recherche du savoir et de l’instruction.

Voici dépeint en si peu de mots l’identité de l’école ivoirienne. N’est –elle pas à l’image de la société ivoirienne en générale ?

Les résultats du Brevet élémentaire du premier cycle (BEPC), de l’année 2022, interviennent après de longs mois de cures entamées par la ministre de l’éducation nationale, qui ne cesse de ménager aucun effort pour redonner à l’école ivoirienne ses lettres de noblesses entachées par plusieurs maux dont les responsabilités partagées interpellent vivement la société dans son ensemble.

Dans cette grisaille, seuls les établissements confessionnels et les écoles d’excellences réussissent à maintenir leurs palmarès forts remarquables à côté de quelques établissements qui enregistrent des résultats insatisfaisants, annonciateurs des signes de la descente aux enfers du système éducatif ivoirien dont les parchemins souffrent depuis plusieurs années de crédibilité à l’étranger.

Quel système éducatif en Côte d’Ivoire ?, quels sont les maux qui assaillent le système éducatif ivoirien ?, quel type d’élève pour la Côte d’Ivoire ? Quel type d’enseignants pour la Côte d’Ivoire, sont là quelques problématiques auxquelles Mariatou Koné et son cabinet tentent de trouver des réponses objectives et constructives à travers les états généraux de l’éducation nationale débutés depuis février 2021.

Selon, Mariatou Koné, justifiant la tenue des états généraux de l’éducation nationale, c’est : « capitaliser les nombreux acquis et améliorer la qualité du système éducatif est pour nous, d’une urgence impérieuse au regard des performances peu satisfaisantes, mise en évidence par le rapport PASEC 2019. Dans notre vision de redynamisation, nous initions les Etats Généraux de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, afin de réaliser conjointement avec les différents acteurs de l’éducation, une consultation générale. Ainsi voulons-nous à travers cette initiative et la plateforme, recueillir les riches contributions du grand public pour la réussite de ce nouveau pacte social autour de nos valeurs citoyennes ».

Prof. Mariatou Koné, Ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation

Annoncés à grande pompe et devant se dérouler dans une approche inclusive et participative, l’organisation des quatrièmes états généraux de l’éducation nationale en juillet 2021 a été saluée par l’ensemble des ivoiriens et des acteurs du système éducatif ivoirien mais, les attentes des conclusions sont  toujours pressantes, dans le secret espoir que des solutions objectives, responsables et réalisables seront trouvées pour l’intérêt national.

En attendant, Mariatou Koné continue sa lutte contre la tricherie aux examens de fin d’année en introduisant la vidéosurveillance dans les salles et centres d’examens et en procédant à un contrôle renforcé de l’identité des différents candidats.

En réalité, l’école ivoirienne n’est plus compétitive et forme au rabais, amplement les résultats du Programme d’Analyse des Systèmes Educatifs de la Confemen (PASEC) contenus dans le Livre Blanc Côte d’Ivoire de EuroCham en son édition 2022, mettent en exergue le niveau « moyen » des élèves ivoiriens en comparaison avec ceux des autres pays de l’UEMOA et seulement 59,9% des enseignants ivoiriens ont reçu une formation complémentaire au cours de leur emploi, contrairement au nombre d’enseignants formés en continu au Bénin (74,7%) et au Sénégal (87,6%).

Professeur Gadji Abraham, agrégé des facultés de Droit

Pour le Professeur Gadji Abraham, enseignant  chercheur à la faculté de Droit à l’Université Félix Houphouet Boigny, intervenant sur le taux d’admission affirme que :« le taux d’admission au BEPC est connu depuis ce matin, mardi 5 juillet 2022. Il est de 28,89%. Il était de 41,27% en 2021. On peut s’en plaindre parce qu’il y’a eu un net recul. Je parlerai de chute catastrophique. Mais la vérité est que ce taux d’admission de 2022 correspond au vrai niveau de nos élèves. Il est heureux de constater que le Ministère de l’éducation nationale ait décidé de rechercher la qualité plutôt que la quantité. C’est un choix pour la Côte d’Ivoire de demain. » avant de laisser entendre qu’il «n’est-il pas temps de célébrer l’excellence en mettant en relief d’autres modèles de réussite que les silhouettes des jeunes filles cosmétiques, les muscles, les montres, le bling-bling douteux des vaniteux, etc ? Ces résultats interpellent fortement la communauté nationale, notamment les parents, les éducateurs, les journalistes, les chefs religieux, etc. »

Pour finir le Professeur Gadji Abraham déclare que « le niveau de nos élèves et étudiants est très faible. Le mal est profond. Il faudra une thérapie de choc pour briser les chaînes de la médiocrité ».

Le niveau scolaire des élèves ainsi que des enseignants du primaire et du secondaire en Côte d’Ivoire n’est il pas le reflet d’une société dépravée où la bassesse morale, la dépravation des mœurs et le culte de la médiocrité ont pris le dessus sur la vertu et la bonne gouvernance ?

Quelle école ivoirienne à l’aune de l’émergence de la Côte d’Ivoire ?

Adingra OSSEI, Correspondant

Akondanews.net

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