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Le cas de Nicholas Owoyemi, un New-yorkais de 66 ans réclamant près de 600 000 euros à Air France pour le stress émotionnel et financier causé par un retard, met en lumière un problème plus vaste qui affecte les voyageurs africains empruntant la compagnie aérienne française. Ce n’est pas une affaire isolée : les témoignages s’accumulent, décrivant des expériences humiliantes et un service dégradé pour les destinations africaines.
Des dysfonctionnements récurrents sur les trajets vers l’Afrique
Les voyageurs africains se plaignent depuis longtemps du traitement réservé par Air France sur les vols à destination ou en provenance de l’Afrique. Les retards fréquents, la perte de bagages et l’absence de prise en charge dans les correspondances témoignent d’un mépris systémique. Dans le cas de Nicholas Owoyemi, voyageant de New York à Lagos pour assister à l’enterrement de son frère, le retard et la désorganisation de la correspondance à Paris ont aggravé son stress émotionnel. Déjà affaibli, il a dû traverser l’aéroport de Roissy à pied et s’est retrouvé sans ses bagages à l’arrivée.
Ce type de traitement, qui n’est pas rare, alimente un sentiment d’injustice chez de nombreux passagers africains. À plusieurs reprises, des voyageurs ont dû payer de leur poche des frais imprévus, comme des nuits d’hôtel, ou rater des événements importants en raison de correspondances mal gérées.
Fouilles humiliantes et contrôles discriminatoires
Au-delà des problèmes de transport, de nombreux Africains dénoncent également des contrôles douaniers et policiers excessifs à leur arrivée en France. Ces pratiques, souvent perçues comme discriminatoires, sont vécues comme des humiliations. Le professeur ivoirien Dedi Sery en est un exemple emblématique. Après avoir été soumis à plusieurs contrôles intrusifs qui l’ont conduit à rater ses correspondances, il a décidé de décliner presque toutes les invitations académiques en France. Ces expériences, qui touchent particulièrement les passagers africains, ternissent l’image de la France en tant que destination ouverte et accueillante.
Ces contrôles discriminatoires ont même été reconnus par le Conseil d’État français en octobre 2023. Cependant, malgré cette reconnaissance, aucune mesure concrète n’a été prise pour y mettre fin, ce qui pousse des organisations comme Human Rights Watch à dénoncer ces pratiques au niveau international.
Conséquences sur les relations avec l’Afrique
L’accumulation de ces incidents a des répercussions importantes. Non seulement ces pratiques renforcent un sentiment de mépris et d’injustice parmi les passagers africains, mais elles nuisent également aux relations diplomatiques, économiques et culturelles entre la France et l’Afrique. La décision du professeur Dedi Sery de limiter ses déplacements en France n’est qu’un exemple parmi d’autres des effets dissuasifs de ce traitement.
La nécessité d’un changement urgent
Air France, en tant que compagnie nationale française, doit prendre des mesures concrètes pour améliorer le traitement des voyageurs africains. Il s’agit non seulement de corriger des dysfonctionnements logistiques mais aussi de lutter contre les discriminations systémiques qui se manifestent dans les contrôles et les services liés à ces trajets. De même, les autorités françaises doivent veiller à garantir un accueil égalitaire à toutes les personnes entrant sur leur territoire, quelles que soient leur origine ou leur destination.
La persistance de ces pratiques discriminatoires et de ce mépris renforce l’idée que les voyageurs africains ne bénéficient pas de la même considération que d’autres passagers. Un problème qui, si rien n’est fait, continuera de creuser un fossé déjà alarmant entre l’Afrique et la France.
prynSopie, correspondante à Paris
Akondanews.net