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Abidjan le 30 mai 2022.
Par Denzel Bereby
L’histoire entre la France, ancienne métropole colonisatrice et ses anciennes colonies a pris un virage sérieux. Et ce sérieux coup de l’histoire pourrait péricliter la chute de la France si ses dirigeants n’y prennent garde. En attestent les mouvements d’humeur jadis de la société civile qui ont pris les allures de l’officiel. Le Mali du colonel Assimi Goïta a ouvert une brèche dans laquelle des millions de citoyens panafricanistes voudraient s’engouffrer. «J’appelle les autorités du Burkina Faso. Il faut résilier les accords de coopération militaire avec la France». S’est emportée Yéli Monique Kam femme politique burkinabè, cheffe d’entreprise, présidente du Mouvement pour la renaissance du Burkina Faso (Mrb). Signe que la fronde contre la France et son armée, ne cesse de s’amplifier sur le continent noir.
Yéli Monique est d’ailleurs la seule femme candidate à l’élection présidentielle de 2020 au Burkina Faso et son appel, jour mémorable de la Journée mondiale de la Femme, pourrait trouver un écho retentissant dans la classe politique burkinabè et au-delà.
Après le Mali et l’Afrique du Sud, on peut donc dire que c’est autour du Burkina Faso, de se mobiliser contre la présence militaire française dans le pays des hommes intègres. C’est dans une lettre publiée sur le site infowakat.net ce 29 mai 2022 que Yéli Monique Kam exige la rupture des accords de défense et de coopération de son pays avec la France. Elle donne les raisons de cette demande urgente, pour le salut du pays des hommes intègres. «En 4 jours au Burkina Faso, on dénombre plus de 100 morts, en majorité des civils victimes d’attaques terroristes et le pays n’est pas émoi ! C’est pourquoi, investie de mon pouvoir civil et politique d’opiner, j’interpelle nos autorités militaires du Mpsr à se ressaisir. J’exhorte le Mpsr à prendre des décisions courageuses pour sauvegarder notre mère-patrie, le Burkina Faso, en délitement», s’est indignée la femme politique opposante. Avant d’inviter la junte au pouvoir dans son pays, à engager au plus tôt ses trois solutions de sorties de crise. Comme au Mali, lex-candidate à la présidentielle, exige le départ de l’armée française. «J’appelle le Mpsr à rompre la continuité du régime déchu, dans l’intervalle du délai de fin août 2022 fixé par lui, pour faire reculer les attaques terroristes et améliorer la gouvernance aux plans économiques et des reformes politiques. J’appelle le Mpsr à résilier les accords de coopération militaire de la France. Depuis sept (7) ans, les accords militaires français n’ont pas fait reculer les attaques terroristes. Les prestations militaires de la France n’apporteront pas la sécurité, sinon, de nous conduire vers une discorde dans notre armée et une guerre civile dans le seul but pour la France, d’implanter durablement sa base militaire dans notre pays afin de spolier davantage notre pays de ses ressources naturelles. L’incapacité de notre armée à mettre fin aux activités terroristes des groupes armés révèle à suffisance les limites et l’inefficacité de la coopération militaire française en matière d’équipements aériens, de formation, de surveillance satellitaire du territoire et de renseignements. Dans la gouvernance d’entreprise, en ma qualité de cheffe d’entreprise, lorsqu’un prestataire n’est pas efficace, il doit impérativement être changé pour la survie de l’entreprise. Cette approche est valable dans la gouvernance d’Etat. Il est insensé de poursuivre avec le prestataire militaire français ; c’est simplement UN REFUS DE GOUVERNER !»,
a-t-elle réclamé ici et maintenant. Mme Kam prône une diversité des relations diplomatiques de son pays, en matière de défense. «A travers l’histoire, aucun pays ne peut combattre seul et remporter une guerre. Comme l’atteste l’actualité : en 2022, les Usa, pour attaquer la Russie, ont eu recours à l’Otan.En 2011, la France, pour renverser le Colonel Mouammar Kadhafi et détruire la Libye, a fait recours à l’Otan. Pour vaincre le ou les pays ennemis qui nous attaquent sous le couvert du terrorisme, pourquoi le Burkina Faso ne ferait-il pas recours à la Russie ou à la Corée du Nord ou à l’Israël le temps de pacifier le pays ?», a-t-elle préconisé. Faut-il le rappeler, le lundi 24 janvier 2022, le Burkina Faso a été le théâtre d’un coup d’Etat militaire. La junte, emmenée par le lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a déposé le président démocratiquement élu, Roch Marc Christian Kaboré. Mais les ententes des populations sont en passe de devenir désillusions. La junte militaire au pouvoir est accusée de faire le lit de la France contrairement à ce qui se passe au Mali et en Guinée Conakry où les autorités militaires font corps avec les populations. Toutes choses qui révoltent l’opposante Yéli Monique. Selon qui il est temps de rompre les accords militaires de la France, insiste la présidente du Mrb. «Au nom de l’Amour pour notre Armée Nationale, le peuple à travers ma voix, attends de nos Autorités militaires une clarification de leur position par rapport à la coopération avec la France qui laisse avancer le terrorisme et le spectre de la guerre civile ! La jeunesse burkinabè a hâte de se mobiliser contre l’ennemi. J’appelle les membres du Mpsr à convoquer une conférence nationale afin de débattre avec le peuple des conditions d’une mobilisation populaire contre la politique française au Burkina Faso. Tous debout, mobilisons-nous autour de notre Armée nationale ! Peuple du Burkina Faso, restons mobilisés pour un mot d’ordre dans les jours à venir ! Paix aux âmes des disparus !» S’est excédée Yeli Monique Kam. Au constat général, la désillusion est grande pour les hommes intègres qui attendaient profiter de ce coup d’État et chasser l’armée française. D’ailleurs le gouvernement du Burkina Faso rechigne à se mettre sur les rails de la démocratie. Alors qu’il est pressé pour organiser les élections et céder le pouvoir aux civils, le gouvernement joue plutôt le temps. En effet, le gouvernement du Burkina Faso issu d’un coup d’État à déclaré le lundi 25 avril dernier, qu’il n’entend pas écourter la période de transition de trois ans avant un retour des civils au pouvoir. La junte au pouvoir rejette les demandes de la Cédéao dans ce sens.
«Les discussions avec la Cédéao se poursuivent. Le Burkina Faso est dans une très bonne disposition à entendre les remarques de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao)», estime Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement dans un entretien avec l’AFP. « Par contre, nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible et dont le délai ne tient pas du tout compte des réalités du terrain» a précisé le porte de la junte. Pendant ce temps, les populations elles, piaffent d’impatience de se débarrasser de la France et de son armée.
Denzel Bereby
Akondanews.net