La problématique de l’apprentissage de l’anglais en université en Côte d’Ivoire

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L’anglais est aujourd’hui incontournable dans divers domaines. Il est devenu si important à la fois comme langue de communication et outil d’insertion professionnelle qu’il est intégré aux programmes de toutes les unités de formation et de recherche (UFR) dans les universités publiques ivoiriennes, ce qui, à n’en point douter, constitue un réel avantage comparatif pour les étudiants pour le renforcement de leur employabilité, dans un contexte francophone.

En effet, si 500 ans en arrière, l’anglais n’était parlé que par 5 à 7 millions de personnes, principalement sur les îles britanniques, aujourd’hui, il en va tout autrement, l’anglais est incontestablement la langue la plus parlée dans le monde. Il est enseigné dans plus de 118 pays et compte près de 1,8 milliard de locuteurs, qui pour la langue maternelle, qui comme seconde langue ou qui comme langue étrangère.
En outre, il est fréquemment utilisé comme langue commerciale ou diplomatique internationale.
Par ailleurs, c’est la langue de référence de plusieurs domaines comme la science, l’aéronautique, l’informatique, la diplomatie et le tourisme, entre autres. Mais, par-dessus tout, c’est la langue par excellence de la communication internationale, du marketing, des médias, des réseaux sociaux et d’Internet.
Alors, dans un contexte où le chômage des diplômés ne cesse de prendre de l’ampleur, quoi de plus normal pour les autorités éducatives ivoiriennes que de « booster » l’employabilité des étudiants afin de leur permettre d’accéder à des opportunités de postes avec plus de responsabilités dans les multinationales ou à l’étranger, d’autant que l’anglais constitue une véritable valeur ajoutée, même dans les structures francophones?
On se rappelle qu’en 2014, l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Gnamien Konan, avait voulu instituer la première année, après le Baccalauréat, comme année de propédeutique dédiée à l’apprentissage de l’anglais et l’informatique.
En dépit de l’échec du projet, avec le recul, on comprend la portée de ce projet qui devait équiper les étudiants de deux compétences professionnelles clés.
Toutefois, dans son application, on s’aperçoit qu’on est confrontés à plusieurs obstacles.
D’une part, il ne s’agit nullement de débutants à qui il faut inculquer les premiers rudiments de l’anglais, car de la 6ème à la Terminale, pour la plupart d’entre eux, ils ont été exposés à cette langue, avec une plus ou moins une bonne connaissance de la grammaire, de la syntaxe et de l’orthographe.
D’autre part, la politique éducative qui n’incite pas à l’apprentissage de l’anglais avec sérieux fait que les élèves entrent en université avec beaucoup de lacunes.
Or, à ce stade des études, en instituant l’anglais dans les UFRs ou départements autres que dans les départements spécifiquement dédiés à cette langue, c’est de permettre aux étudiants de démontrer leurs capacités à exploiter des textes, à écrire et à s’exprimer en anglais. C’est ce qu’on appelle « l’anglais à des fins spécifiques », en tant qu’ « enseignement de la langue anglaise aux étudiants universitaires ou aux personnes déjà en emploi, en référence au vocabulaire et aux compétences particulières dont ils ont besoin»; ce qui est très loin d’être le cas.
Par conséquent, on se retrouve avec des étudiants qui n’ont pratiquement pas la base ni dans l’écriture, la lecture, la compréhension orale encore moins l’expression orale.
Que faudrait-il, alors, faire si on veut vraiment que l’anglais soit une plus-value professionnelle pour des étudiants francophones comme les nôtres?
D’abord et avant tout, on devrait motiver les élèves à prendre l’anglais très au sérieux en augmentant son coefficient pour les contraindre à le considérer comme les autres matières au coefficient élevé.
Ensuite, les enseignants devront insister sur les avantages de l’anglais en tant que langue les divers avantages liés à la connaissance ou la maîtrise de outil de communication.
Au besoin, il faudra organiser des sessions d’informations dans les collèges et lycées sur les bénéfices de la langue, en termes de perspectives professionnelles, d’opportunités d’apprentissage expérientiel, de bourses étrangères et d’échanges internationaux.
Néanmoins, en plus des cours habituels, il serait intéressant de mettre en place des laboratoires équipés dans les collèges, lycées, universités et Grandes Ecoles.

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant

Akondanews.net

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