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Parmi les fléaux qui accablent les Français, un des plus vieux se rappelle à leurs bons souvenirs : la CGT. Le syndicat a reconduit sa grève dans les raffineries et le « mouvement », qui paralyse peu à peu les Hauts-de-France, le Grand-Est et l’Ile-de-France, menace de gagner tout le pays.
Trois des huit raffineries de la France métropolitaine sont à l’arrêt en ce début de semaine. Les grévistes des sites de TotalEnergies près du Havre (la plus grande raffinerie de France) et d’ExxonMobil à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), ont voté lundi la reconduction de la grève pour vingt-quatre heures. Or elle dure depuis deux semaines. Dans les endroits le plus touchés, la ruée des automobilistes dans les stations-service précipite la rupture des stocks. Certains distributeurs, comme d’habitude, en profitent pour faire grimper les prix, malgré les objurgations du gouvernement.
« Pas de panique ! » a lancé Emmanuel Macron. Mais instruits par l’expérience des talents d’anticipation et de réactivité du pouvoir, les Français ont désormais le réflexe d’interpréter a contrario les formules lapidaires du président de la République. Le gouvernement a certes puisé dans les stocks stratégiques et permis aux camions citernes de circuler le weekend dernier, assurant qu’il n’y a pas de pénurie, et que les dépôts sont pleins. Encore faut-il que les camions citernes puissent s’y approvisionner et en sortir…
En guise de première riposte, le gouvernement a publié le salaire moyen d’un salarié de TotalEnergies (environ 5000€ par mois avec les primes). Ce procédé douteux n’a pas manqué d’exciter l’ire des grévistes qui, quel que soit leur salaire, ont le droit de demander un rattrapage de l’inflation. Naturellement, la Première ministre appelle la direction de Total et la CGT à rouvrir les discussions. Jusqu’à présent, c’est un dialogue de sourds : Total propose d’avancer les négociations salariales annuelles de novembre à ce mois d’octobre, mais exige en préalable que les grévistes suspendent leur mouvement. La CGT refuse. La CFDT se démarque en condamnant cette grève qui anticipe toute négociation en bloquant le pays : « À la CFDT, nous interpellons la direction sur le partage de la valeur et le pouvoir d’achat, mais nous ne crions pas avant d’avoir mal, en mettant au passage la France entière à l’envers » déclare au Figaro (11 octobre) Geoffrey Caillon, coordinateur CFDT de la branche raffinage de TotalEnergies. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, confirme que son syndicat n’est pas favorable aux « grèves préventives ».
L’indifférence de la CGT à la situation des Français est une vieille habitude héritée de ses origines communistes. Devenue un syndicat minoritaire dans un pays très peu syndiqué, elle garde une capacité de nuisances totalement déconnectée de sa représentativité. À l’affût de toute occasion de blocage, elle a sauté sur les profits records de Total et sa ristourne promotionnelle de 20 centimes par litre de carburants pour arrêter ses raffineries et bloquer ses dépôts. Une poignée de grévistes y suffisent. Sur Europe 1 (vidéo en lien ci-dessous), Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, s’indigne de cette « grève préventive » qui accable les Français déjà traumatisés par la guerre en Ukraine, l’explosion des factures du gaz et de l’électricité (puisque la France, contrairement à l’Espagne et au Portugal, se soumet à la règle de l’UE d’aligner le tarif de l’électricité sur celui du gaz), sans oublier l’arrêt de la moitié de nos centrales nucléaires…
Reposons la question : que peut faire le gouvernement pour débloquer les raffineries et les dépôts de carburant ? Prendre son courage à deux mains pour réquisitionner une entreprise privée mais dont l’activité conditionne celle de tout le pays, y compris la continuité du service public. C’est ce qu’ont demandé instamment Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat (sur RTL le 9 octobre), et Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, la plus touchée par la pénurie de carburant créée par la grève dans les raffineries (sur Franceinfo le 6 octobre). Depuis la loi du 18 mars 2003, la réquisition est un pouvoir du préfet en cas d’urgence, à condition que le bon ordre, la salubrité, la tranquillité ou la sécurité publique soient menacés.
S’agissant du blocage des dépôts de carburant, le gouvernement vient de s’y résoudre : la première ministre Élisabeth Borne a annoncé ce mardi 11 octobre la réquisition des personnels pour le déblocage des dépôts de carburants du groupe Esso-Exxonmobil, après qu’un accord salarial y a été conclu par deux organisations syndicales, majoritaires. Mais il ne s’agit pas (pas encore ?) des raffineries, donc d’engager un bras-de-fer avec la CGT. À suivre !
Philippe Oswald
Source: LSDJ
akondanews.net