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Par la rédaction d’Akondanews.net
14 novembre 2022 — Trois ans après sa disparition, la figure du Professeur Kalala Omotunde, de son vrai nom Jean-Philippe Corvo, continue d’habiter les esprits et d’inspirer tous ceux qui portent les combats liés à la renaissance africaine. Intellectuel, enseignant, militant, chercheur et pédagogue, il fut l’un des artisans les plus constants et les plus influents de l’afrocentricité dans l’espace francophone.
Pour honorer sa mémoire, Akondanews retrace son parcours exceptionnel, ses combats, son héritage et la trace indélébile qu’il laisse dans la conscience noire contemporaine.
Une naissance en Guadeloupe et les premiers éveils d’une conscience historique
Jean-Philippe Corvo voit le jour en Guadeloupe, au cœur d’un territoire marqué par la complexité identitaire, les enjeux linguistiques et le poids de l’histoire coloniale. Comme beaucoup d’enfants des Antilles, il grandit dans un environnement où la mémoire de l’esclavage, les héritages africains et les influences européennes se mêlent sans toujours se comprendre.
Très tôt, il développe une sensibilité particulière aux questions identitaires. À l’école, il constate que l’histoire enseignée est souvent fragmentée, orientée, voire silencieuse sur les grandes civilisations africaines. Cette absence du récit originel, cette invisibilisation de tout un pan de l’humanité, deviennent pour lui un motif d’interrogation.
Ce jeune Guadeloupéen au regard vif commence à se tourner vers les livres, les encyclopédies, les débats et les documents anciens. Une quête personnelle s’amorce. Il cherche, compare, lit, interroge, avance. C’est dans cette période fondatrice que se dessine déjà la trajectoire de celui qui deviendra plus tard le maître de conférences respecté du monde afrocentriste.
Le passage en France métropolitaine : les études, la découverte de l’afrocentricité et la naissance d’un militant
Arrivé en France, Jean-Philippe poursuit ses études dans les sciences humaines. Il découvre les travaux de Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Molefi Kete Asante et d’autres figures majeures de l’afrocentricité. Cette rencontre intellectuelle marque un tournant décisif.
À travers ces lectures, il comprend que l’histoire africaine a été systématiquement déformée, minimisée ou falsifiée dans les récits dominants, et que la reconstruction d’une mémoire authentique est l’une des clés de la libération mentale des peuples noirs.
C’est aussi durant cette période qu’il adopte le nom de Kalala Omotunde, un acte identitaire fort, symbolisant son adhésion profonde au Kamitisme — philosophie qui vise à se réapproprier les valeurs ancestrales africaines, notamment celles issues de la vallée du Nil.
Sa quête n’est plus seulement intellectuelle ; elle devient existentielle et militante. Kalala Omotunde se donne pour mission de combler les manquements de l’historiographie occidentale et de remettre en lumière la vérité sur les origines africaines des civilisations.
L’Institut Africamaat : l’enseignant brillant, le guide, le formateur de générations
C’est à Paris qu’il trouve son principal espace d’expression académique :
l’Institut Africamaat, dirigé par des chercheurs engagés dans l’étude scientifique et la valorisation de l’histoire africaine.
Là, Kalala Omotunde devient professeur, conférencier et formateur.
Pendant des années, il y dispense des cours structurés, documentés et accessibles sur :
- l’histoire des civilisations africaines anciennes ;
- l’apport scientifique de l’Afrique à l’humanité ;
- les mathématiques africaines anciennes ;
- la philosophie spirituelle et sociale des sociétés kamites ;
- l’égyptologie décolonisée ;
- les continuités culturelles entre Afrique ancienne et Afrique contemporaine.
Les salles sont pleines, souvent débordantes. Ses étudiants parlent d’un professeur capable de transformer une simple lecture en révélation, d’un maître dont la parole réveille, restructure et reconstruit.
Sa pédagogie, fondée sur la rigueur scientifique et la passion du partage, séduit autant qu’elle secoue.
Il ne se contente pas de transmettre des connaissances :
il réarme psychologiquement ceux qu’il forme, en leur démontrant que l’Afrique n’a jamais été un continent sans histoire, mais plutôt un continent dont l’histoire a été profondément étouffée.
Le conférencier international : une voix entendue dans toute la diaspora
Loin de se limiter aux salles de l’Institut, Kalala Omotunde sillonne le monde.
De Paris à Dakar, de Pointe-à-Pitre à Montréal, de Bruxelles à Abidjan, ses conférences attirent des foules grandissantes.
Qu’il intervienne auprès d’étudiants, de militants panafricains, de chercheurs ou de simples curieux, son message reste le même :
la connaissance historique est une arme de libération.
Il répète inlassablement que le peuple africain n’a pas seulement été victime de l’histoire ; il en a été le creuset.
Il rappelle que les sciences, les mathématiques, la philosophie, l’organisation sociale et les systèmes politiques africains précèdent souvent ceux attribués aujourd’hui à l’Europe.
Son influence dépasse les frontières francophones. Plusieurs universités communautaires, centres de recherche africains et organisations panafricaines s’appuient sur ses travaux pour redonner à la jeunesse noire une vision plus juste d’elle-même.
Un intellectuel qui combattait avec les armes de la vérité
Au-delà de l’enseignement et des conférences, Kalala Omotunde est un chercheur infatigable.
Son travail vise à :
- déconstruire les récits coloniaux ;
- démontrer scientifiquement l’ancienneté des civilisations africaines ;
- revaloriser les contributions africaines à la médecine, l’astronomie, les mathématiques, l’architecture, la philosophie ;
- réhabiliter les figures africaines oubliées ou dévalorisées ;
- reconstituer une chronologie cohérente des dynasties noires de la vallée du Nil ;
- démontrer les failles méthodologiques des historiens eurocentriques.
Sa méthode, fondée sur la recherche documentaire, l’analyse textuelle et la comparaison des sources, fait de lui une référence pour les chercheurs afrocentristes.
Une mort brutale, un choc mondial
Le 14 novembre 2022, la nouvelle tombe :
Kalala Omotunde s’est éteint, terrassé par une crise cardiaque.
La diaspora africaine est frappée de stupeur.
Les hommages affluent des quatre coins du monde :
- en Guadeloupe, où il est né ;
- en Afrique, où sa pensée a nourri les mouvements de renaissance culturelle ;
- en Europe, où il enseignait ;
- aux États-Unis et dans les Caraïbes, où ses travaux circulaient largement ;
- au sein des cercles panafricains, qui voient en lui un maître disparu trop tôt.
Pour beaucoup, sa mort est un choc irréparable.
Il incarnait la voix de la vérité, celle qui ne tremble pas face aux institutions et aux versions officielles.
Un héritage puissant qui continue de grandir
Malgré sa disparition, son œuvre n’a rien perdu de sa force.
Au contraire, elle continue de se diffuser, de fédérer, d’éveiller.
Ses livres, ses conférences, ses vidéos et ses travaux scientifiques sont aujourd’hui étudiés dans :
- des universités communautaires ;
- des cercles de recherche afrocentristes ;
- des associations panafricaines ;
- des bibliothèques familiales ;
- des mouvements de jeunesse engagés dans la valorisation de l’identité noire.
Il laisse derrière lui :
- une méthodologie,
- une pensée structurée,
- une philosophie de vie,
- un appel à la dignité,
- une vision claire : reconstruire l’Afrique par la connaissance.
Son parcours, sa mission, son empreinte
Retracer le parcours du professeur Kalala Omotunde revient à raconter l’histoire d’un homme qui a décidé de consacrer sa vie entière à la vérité historique.
Un homme qui a refusé les schémas imposés, qui a brisé les cadres, qui a réveillé les consciences.
Un homme dont chaque mot, chaque cours, chaque conférence visait à redonner fierté et cohérence à un peuple dispersé.
Sa disparition n’a pas éteint sa voix.
Elle a amplifié son héritage.
Akondanews salue la mémoire d’un maître, d’un chercheur, d’un professeur et d’un pilier de la renaissance africaine.
Repose en paix, Kalala Omotunde.
Ton œuvre demeure, ton combat continue, ta lumière ne s’éteindra jamais.