JUSTICE : Et la CPI fabriqua un apatride : Charles BLÉ GOUDÉ.

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Transféré à la CPI sans passeport Charles Blé Goudé, président du COJEP, libéré mais retenu en Hollande car devenu un « sans papiers » d’identité, réclame 820 000 euros, soit plus de 537 millions de FCFA pour sa détention et sa situation d’apatride.

Pour rappel à la mémoire collective, du 23 au 25 février 2015, s’est tenue à Abidjan, à l’initiative du HCR et de la CEDEAO, une conférence ministérielle régionale sur l’apatridie en Afrique de l’Ouest. Ce jour-là, les ministres de la justice de la CEDEAO, ont paraphé une convention dite Déclaration d’Abidjan sur l’éradication de l’apatridie sur la période 2014-2024. Nous sommes encore en 2021 et le cas du président du COJEP entre bien dans ce cadre.

Cette convention dite Déclaration d’Abidjan sur l’éradication de l’apatridie encourage la prévention de l’apatridie par le renforcement des procédures d’état civil, à savoir l’harmonisation des législations nationales au regard des standards internationaux en matière d’enregistrement des naissances.

Cette Déclaration évoque aussi l’identification et la protection des apatrides et souhaite que des solutions leur soient trouvées. Le cas de BLÉ GOUDÉ est de notoriété publique et en outre, la constitution ivoirienne indique en son article 12 que :  « Aucun ivoirien ne peut être contraint à l’exil ». BLÉ GOUDÉ n’est-il plus ivoirien ? A-t-il déjà perdu sa citoyenneté ivoirienne par la faute de la CPI avec la complicité de l’état ivoirien qui l’a transféré à la HAYE ?

« J’ai été transféré en mars 2014 en exécution du mandat d’arrêt de la CPI et pendant six ans j’ai fait l’objet d’un procès ici et j’ai été acquitté », rappelait-il, le 13 décembre 2021.

« Alors que la CPI a eu les moyens et l’autorité, le pouvoir d’enclencher la clause de coopération qui la lie à mon pays, la Côte d’ivoire, coopération au nom de laquelle un avion a été affrété spécialement pour me transférer à la CPI, me faire voyager sans visa, sans passeport depuis mon acquittement, la même CPI ne peut plus enclencher la même clause de coopération pour m’obtenir ne serait-ce qu’un passeport, ne serait-ce qu’une identité. Aujourd’hui le citoyen Blé Goudé est devenu un apatride. Aujourd’hui, je suis même en train de perdre ma citoyenneté ivoirienne », a-t-il notamment rappelé à la Cour Pénale Internationale.

Et pourtant en 2015, par la voix du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques, Gnénéma Mamadou COULIBALY, la Côte d’Ivoire s’est engagée à appliquer les résolutions de cette Déclaration afin d’éliminer l’apatridie sur son sol et aux citoyens de son pays.

La situation de perte de citoyenneté de Charles BLÉ GOUDÉ engage entièrement la responsabilité de la CPI. « C’est pourquoi je suis devant vous cet après-midi pour que vous puissiez mesdames et messieurs les juges me rétablir dans mes droits, dans ma personnalité, dans ma vie, pour que je puisse me reconstruire, in fine pour que je puisse rentrer en Côte d’ivoire.

C’est votre devoir de me faire repartir en Côte d’ivoire, vous en avez l’autorité, vous en avez le pouvoir, vous en avez le devoir.

Mais, si la CPI peut faire arrêter aujourd’hui quelqu’un, si elle peut le transporter, le transférer, le faire juger au nom d’une clause de coopération, la même CPI peut également rétablir, réhabiliter… »

La CPI fuira-t-elle ses responsabilités ? La décision finale nous situera.

Apparemment, la CÔTE D’Ivoire aussi ne respecte pas ses engagements internationaux sinon, le jeune leader du Cojep ne serait pas entrain d’attendre un simple passeport depuis de longs mois loin de sa famille et de ses proches.

Mais cela est-il étonnant quand depuis des années, des ivoiriens se promènent avec des récépissés d’identité en lieu et place d’une carte nationale d’identité à jour ?

Sélare AKYMANN

AKONDANEWS

 

 

Maître Zokou SÉRI accompagne son client Charles BLÉ GOUDÉ à l’audience de la CPI pour réclamer ses droits

 

ADRESSE SOLENNELLE DE MONSIEUR CHARLES BLE GOUDE AUX JUGES EN CHARGE DE LA PROCEDURE EN DEMANDE D’INDEMNISATION

La Haye, le 13 décembre 2021

Honorables juges,

Mesdames et messieurs de la Cour,

Je vous salue avec déférence.

Je suis Charles Blé Goudé, je suis natif de Guibéroua, la Côte d’ivoire est mon pays, l’Afrique est mon continent.

Le droit est mon socle, la loi mon dossard.

Honorables juges,

Je ne connais pas les juges qui m’ont acquitté en première instance, pas plus que je ne connais ceux qui m’ont définitivement acquitté en appel le 31 mars dernier. Seule la loi m’a sorti de prison et c’est à cette loi là que je voulais avoir recours cet après-midi pour demander réparation.

POURQUOI ?

Huit ans !!! Huit ans de ma vie m’ont été arrachés, m’ont été mangés. Je n’ai pas dit huit jours, je n’ai pas dit huit semaines, je n’ai pas dit huit mois, je parle de huit ans de privations, huit ans de traumatisme, huit ans de désocialisation.

Pendant 8 ans j’ai été présenté au monde entier comme un criminel.

Mesdames et messieurs les juges,

J’ai été arrêté au Ghana sans même qu’on me présente un avocat, en violation de mes droits élémentaires.

J’ai été extradé, nuitamment en côte d’ivoire en exécution de votre mandat.

J’ai été détenu pendant quatorze mois en isolement, sans voir ni le jour ni le soleil, en exécution d’un mandat d’arrêt de la CPI.

J’ai été transféré en mars 2014 en exécution du mandat d’arrêt de la CPI et pendant six ans j’ai fait l’objet d’un procès ici et j’ai été acquitté.

Pendant toutes ces années, vous pouvez imaginer que mes enfants ont dû fuir les regards de leurs camarades à l’école parce qu’ils étaient les enfants d’un criminel, ces enfants qui ont été traumatisés, qui ont grandi sans leur père que je suis, qui ne savent que dire « Maman » aujourd’hui parce que papa n’a jamais été là.

Mesdames et messieurs les juges, cela a été un moment difficile pour moi et pour mes proches.

Lorsque j’ai été acquitté, j’étais heureux parce-que pour moi c’était la fin d’un calvaire, or je m’étais lourdement trompé. Mon calvaire se poursuit aujourd’hui et continue.

Alors que la CPI a eu les moyens et l’autorité, le pouvoir d’enclencher la clause de coopération qui la lie à mon pays, la Côte d’ivoire, coopération au nom de laquelle un avion a été affrété spécialement pour me transférer à la CPI, me faire voyager sans visa, sans passeport depuis mon acquittement, la même CPI ne peut plus enclencher la même clause de coopération pour m’obtenir ne serait-ce qu’un passeport, ne serait-ce qu’une identité. Aujourd’hui le citoyen Blé Goudé est devenu un apatride. Aujourd’hui, je suis même en train de perdre ma citoyenneté ivoirienne.

Mais, si la CPI peut faire arrêter aujourd’hui quelqu’un, si elle peut le transporter, le transférer, le faire juger au nom d’une clause de coopération, la même CPI peut également rétablir, réhabiliter…

C’est pour tout cela que je suis devant vous aujourd’hui, pas forcément pour réclamer de l’argent parce-que le préjudice que j’ai subi représentera toujours plus que de l’argent ; c’est ma dignité, c’est mon image, c’est ma construction…

Ce que j’ai perdu est énorme et ce que je continue de perdre est énorme. Savez-vous qu’il m’est quasiment impossible d’accéder à des services publics ici aux Pays-Bas ? Même le vaccin contre la COVID19 qu’on encourage tout le monde à faire, j’étais dans l’incapacité de le faire ; ma demande à ce propos, introduite devant le greffe de la CPI y est encore pendante. Je n’ai pu le faire que par le truchement d’une de mes concitoyennes ici aux Pays-Bas mais je ne peux avoir de QR code pour le faire reconnaître parce que je n’existe pas en tant que citoyen. Voilà ma triste réalité que j’expose aujourd’hui devant vous, celle d’un homme voué à une mort civile.

Mesdames et messieurs les juges,

Il faut que je recommence tout, parce que ma vie a été bouleversée, ma vie a été chamboulée, ma vie a été suspendue et je ne peux même pas me projeter, ma famille non plus ne peut se projeter. Mais que vaut un homme qui ne peut pas se projeter ?

C’est pourquoi je suis devant vous cet après-midi pour que vous puissiez mesdames et messieurs les juges me rétablir dans mes droits, dans ma personnalité, dans ma vie, pour que je puisse me reconstruire, in fine pour que je puisse rentrer en Côte d’ivoire.

C’est votre devoir de me faire repartir en Côte d’ivoire, vous en avez l’autorité, vous en avez le pouvoir, vous en avez le devoir.

Et j’ai dit.

Je vous remercie.

La rédaction

Akondanews.net

 

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