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Bunia, 7 septembre 2024 – Une journée tendue s’est déroulée à la prison centrale de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, suite à une tentative d’évasion orchestrée par les détenus. Les prisonniers ont été aperçus dès le matin, essayant de grimper sur les fils barbelés de l’établissement pénitentiaire, sous la surveillance de la police militaire. Cet événement a plongé la ville dans une atmosphère de préoccupation, alimentée par les protestations visibles des détenus.
Une matinée sous haute tension
Dès l’aube, plusieurs dizaines de détenus se sont regroupés sur les toits de la prison, exprimant leur mécontentement, bien que les raisons de leurs revendications ne soient pas immédiatement claires. Les forces de sécurité ont tenté de ramener le calme, et la situation semblait maîtrisée à un moment donné. Cependant, la tension a de nouveau monté dans la soirée, laissant planer une incertitude sur les véritables motivations de cette révolte.
Les premières informations officielles fournies par le porte-parole du gouverneur militaire de l’Ituri, sous état de siège, ont confirmé qu’il s’agissait bien d’une tentative d’évasion préméditée. Selon le lieutenant Jules Ngongo, également porte-parole des opérations militaires en Ituri, les détenus ont prétexté un manque de nourriture, mais il a qualifié cette revendication de « fausse ». « Il s’agit simplement d’une manipulation orchestrée par ceux qui cherchent à déstabiliser l’Ituri », a-t-il déclaré, tout en lançant une mise en garde contre les « manipulateurs ».
Une situation confuse et des rumeurs persistantes
Au-delà des déclarations officielles, des rumeurs circulent autour de l’arrestation présumée du président des prisonniers, qui aurait été interpellé par l’auditorat militaire de l’Ituri. Cet événement aurait déclenché la colère des détenus, menant au soulèvement. Le directeur de la prison de Bunia est resté injoignable pour fournir des informations supplémentaires, rendant difficile la confirmation de ces allégations et l’évaluation des dégâts à l’intérieur de l’établissement pénitentiaire.
Cette tentative d’évasion survient dans un contexte national tendu. Une semaine plus tôt, la prison centrale de Makala à Kinshasa avait été le théâtre d’une autre tentative de soulèvement, qui s’était soldée par un bilan tragique de centaines de morts parmi les détenus et un incendie ayant ravagé une partie de l’établissement. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme avaient pointé du doigt la surpopulation carcérale et les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les prisonniers.
Des conditions carcérales inquiétantes
Les prisons en République démocratique du Congo (RDC) sont depuis longtemps dénoncées pour leurs conditions de vie difficiles. La prison centrale de Bunia, comme beaucoup d’autres au pays, est surpeuplée, manquant cruellement de ressources pour subvenir aux besoins de base des détenus. Les familles des prisonniers sont souvent sollicitées pour fournir nourriture et biens essentiels, un fardeau supplémentaire pour des familles déjà éprouvées par la pauvreté.
Cette nouvelle tentative d’évasion met une fois de plus en lumière la nécessité d’une réforme du système pénitentiaire en RDC. Les conditions de détention, qualifiées par certains de « torture continue », et la surpopulation chronique sont des bombes à retardement qui compromettent non seulement la sécurité des prisons mais aussi la stabilité des provinces affectées, comme l’Ituri, déjà en proie à des conflits armés.
Vers une réforme nécessaire
Les incidents récurrents dans les prisons de la RDC, y compris à Bunia, soulèvent de nombreuses questions sur la gestion des établissements pénitentiaires et l’efficacité des mesures de sécurité. Les autorités sont appelées à réagir pour éviter de nouvelles tragédies similaires à celles observées à Kinshasa.
Tandis que les enquêtes se poursuivent pour élucider les circonstances exactes de cette tentative d’évasion à Bunia, la situation dans les prisons du pays continue d’inquiéter. Une réforme urgente s’impose pour améliorer les conditions de vie des détenus et garantir la sécurité des établissements pénitentiaires, tout en répondant aux besoins fondamentaux des prisonniers afin d’éviter de nouveaux soulèvements.
Raphaël LUMOO, correspondant à Kinshasa
Akondanews.net