Huguette Assamoi, la femme qui parlait le langage du calme

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Il existe des êtres qui ne traversent pas la vie comme les autres.
Des êtres qui n’élèvent pas la voix, mais que l’on entend toujours.
Des êtres qui ne s’imposent pas, mais qui s’installent en nous.
Des êtres qui semblent faits d’un autre tissu — un tissu de patience, de douceur et d’une infinie bonté.

Huguette Assamoi faisait partie de ceux-là.

Dans un monde où l’agitation se confond trop souvent avec l’importance, elle avait choisi d’exister autrement : par la paix. Pas une paix frappée de grands discours, non. Une paix silencieuse, une paix du geste, une paix du regard. Une paix qui se glissait dans les maisons comme une lumière discrète qui ne veut pas éblouir, mais qui éclaire quand même.

Il y a des femmes qui bousculent.
Huguette, elle, savait apaiser.

Une vie passée à former sans forcer

Enseigner fut sa manière d’aimer le monde.
Non pour être admirée, mais pour rendre la vie un peu plus claire à ceux qui croisaient son chemin.

À l’université, dans ses classes ou dans un simple couloir, elle n’enseignait pas l’anglais seulement — elle enseignait le calme. Il suffisait de la regarder marcher pour comprendre que la dignité peut être silencieuse, et que la vraie force n’a pas besoin de bruit.

Les étudiants se souviennent encore de sa manière de corriger : jamais un mot pour rabaisser, toujours un mot pour relever.
Une phrase comme une main tendue.
Une explication comme un refuge.

Dans un pays où l’école manque parfois de douceur, elle en avait fait son royaume.

La douleur n’a pas effacé la lumière

Ceux qui la connaissent savent qu’Huguette n’a pas été épargnée par la vie.
Le décès de son père, d’abord.
Celui qui lui apprit que le monde pouvait retirer brusquement ce qu’il avait donné.

Puis celui de sa mère, née en 1935 et partie le 3 avril 2025 — la femme qui avait façonné son courage.
Perdre une mère, c’est perdre un abri.

Mais rien n’égale la blessure de janvier 2025.
Son fils unique, son reflet, son horizon, s’en va.
Un fils né le 1er mai, presque en miroir de sa propre naissance du 1er avril.

Des dates qui se répondent.
Deux vies qui s’appelaient.

Une mère n’est jamais préparée à survivre à son enfant.
Et pourtant, dans sa douleur, elle est restée Huguette : digne, silencieuse, presque lumineuse.

Comme si le chagrin n’avait pas réussi à altérer ce qu’elle était : une femme faite pour consoler, même brisée.

Le courage discret des grandes âmes

Tout le monde parle des héros bruyants, mais personne ne raconte assez les héros silencieux.
Huguette en faisait partie.

Les héros silencieux pleurent sans spectacle.
Ils souffrent sans fracas.
Ils avancent sans se plaindre.
Ils pardonnent à la vie ce qu’elle leur enlève, même quand elle enlève trop.

En la regardant, on comprenait une vérité étrange :
le courage n’est pas toujours un cri.
Parfois, il est une respiration fragile,
un sourire timide,
un regard qui ne renonce pas,
une main qui continue de tenir malgré tout.

Son départ : un écho, pas un adieu

Le 9 novembre 2025, elle s’en va.
Mais quand une femme comme elle s’éteint, ce n’est pas une disparition.
C’est un passage.
Un glissement.
Une continuité.

Elle part retrouver ceux qu’elle aimait.
Son père de 1912, sa mère de 1935, son fils du 1er mai.
Comme si la vie avait tracé un chemin que seule elle pouvait emprunter avec autant de douceur.

Et pour ceux qui restent, il demeure une sensation étrange :
Huguette n’est pas loin.
Elle a simplement changé de pièce.

Ce qu’elle laisse derrière elle

Pas des monuments.
Pas des richesses.
Pas des souvenirs bruyants.
Mais quelque chose de plus rare :

Une paix transmissible.

Un héritage invisible mais réel, qui s’attache au cœur, qui adoucit les journées, qui rappelle que la vie peut encore être belle même dans les ruines.

Les grandes âmes ne meurent pas vraiment.
Elles deviennent des présences.
Des douceurs dans la mémoire.
Des voix qui chuchotent encore.
Des lumières qui ne savent pas s’éteindre.

Et Huguette Assamoi, elle, ne savait pas s’éteindre.
Elle savait seulement illuminer — doucement, toujours.

Claude Gbocho Directeur de Publication – Akondanews

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