Lecteur Audio
|
L’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait déboucher sur deux blocs antagonistes – si ce n’est déjà le cas -, comme au bon vieux temps d’après la première guerre mondiale. C’est-à-dire, d’un côté les occidentaux (Europe, Etats-Unis, Canada, Australie) et de l’autre la Fédération de Russie soutenue par la Chine. Quel rôle le continent africain devrait-il jouer ? L’Afrique devrait-elle observer la neutralité comme l’a conseillé la star du reggae Alpha Blondy pour qui « quand deux couteaux se battent le poulet doit se taire » ? Ou alors l’Afrique doit choisir son camp ? En Côte d’Ivoire, déjà deux tendances semblent se dégager. Le régime en place à Abidjan apporte tout son soutien à l’Europe qui elle-même soutient l’Ukraine contre la Russie. De façon officielle et ouverte, les autorités ivoiriennes ont fait part de leur position le mardi 1er mars, au cours d’une rencontre qu’a eu la ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères de Côte d’Ivoire Mme Kandia Camara, avec l’ensemble des ambassadeurs de l’Union européenne, celui des Etats-Unis, du Canada, de la Suisse et de la Grande Bretagne. Selon Kandia Camara, Alassane Ouattara a donné des fermes instructions « pour que la Côte d’Ivoire soutienne l’Union Européenne et ses alliés à voter OUI sur toutes les résolutions qui seront prises par les Organisations Internationales travaillant sur la crise en Ukraine », indique une note d’information transmise au site d’information abidjan.net. qui en publié des extraits.
« D’après le texte, la Ministre a sollicité ensuite les responsables des représentations diplomatiques présents, sur leur implication dans la bonne gestion de la situation des Ivoiriens vivant en Ukraine pour leur faciliter leur sortie de l’Ukraine et que tout le monde soit logé à la même enseigne quant à leur statut de réfugiés et a souhaité qu’il leur soit créé des facilités de passage aux frontières. Les Ambassadeurs de l’Union européenne ont tenu à rassurer la cheffe de la diplomatie ivoirienne sur les dispositions prises pour accueillir tous les réfugiés et les Ivoiriens en particulier. Révélant qu’une note a été transmise aux différentes chancelleries européennes afin de porter assistance aux non européens et permette leur évacuation vers leur pays d’origine s’ils le souhaitent où demander asile au cas échéant, ont-ils soutenu ». Ecrit le confrère en ligne. Le gouvernement ivoirien ne va-t-il pas trop en besogne en soutenant un camp contre l’autre ? Pourquoi nos autorités ne s’adressent-elles pas directement à la Fédération de Russie, pays qui a une représentation diplomatique à Abidjan, pour exposer ses appréhensions concernant les Africains et les Ivoiriens qui fuient la guerre en Ukraine ? Surtout que les autorités de la Russie ont ouvert un Couloir humanitaire à cet effet. A quel jeu joue Alassane Ouattara qui semble déjà oublier l’histoire des Africains qui ont combattu pour la France lors de la deuxième guerre mondiale, qui ont été traités de ‘’tirailleurs sénégalais’’ par la suite et jetés aux oubliettes une fois la victoire des alliés acquises ? Ces interrogations sont pertinentes ce d’autant qu’en situation de guerre dont l’issue reste imprévisible, la prudence et la vigilance sont conseillées. Mais comme toujours Alassane Ouattara s’est précipité, il a préféré soutenir aveuglement la France qui joue le rôle de va-t-en-guerre en Europe dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Fédération de Russie.

Mais le mercredi 2 mars, son grand rival, le président Laurent Gbagbo en homme sage, conseillait plutôt une rencontre de la direction de son parti pour mener des réflexions sur cette guerre et éventuellement l’impact qu’elle pourrait avoir sur la vie des Africains en général et les Ivoiriens en particulier. « Je vous demande tous de réfléchir à ce problème parce qu’il faut que le PPA-CI fasse des réunions et adopte une attitude, vu cette situation. La guerre, c’est quand on la croit loin qu’elle est proche. Il n’y a pas de guerre proche ou lointaine aujourd’hui, surtout avec les vitesses d’armement. Tout le monde est concerné. Je vous demande de réfléchir et d’être vigilant. Il faut qu’on réfléchisse vite pour ne pas être surpris. » A déclaré, le 2 mars, Laurent Gbagbo aux membres du Comité de contrôle du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) lors de la première session ordinaire de cette structure. Ce jour-là l’ancien président ivoirien a partagé son analyse de la situation. « On a une crise qui n’est pas petite parce qu’elle engage un des grands de ce monde, la Russie. La Russie est un des 5 grands permanents du Conseil de Sécurité. Ce sont les 5 vainqueurs de la 2ème guerre mondiale. Ce sont eux qui ont créé l’ONU et se sont donné les droits de Veto. Et c’est un de ceux-là qui est engagé en Ukraine. Ces cinq grandes nations ont tous l’arme nucléaire. Donc quand un de ces cinq pays est engagé dans un conflit qui secoue le monde, ce n’est pas un petit problème. Parce qu’un dérapage peut arriver et en ce moment eux tous se retiennent pour ne pas que quelqu’un d’entre eux arrive à l’arme nucléaire. (…) Or le conflit qui a lieu aujourd’hui implique tous les pays qui ont l’arme nucléaire. Tous. La Russie d’abord parce qu’elle est au front mais les Etats-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne, la France, parce qu’ils sont derrière et attendent. Il y en a qui disent où se positionne la Chine ? Mais elle est avec la Russie. Et les 3 autres sont dans un autre camp. Cette crise est faite par les autres et concernent le monde entier. » A indiqué Laurent Gbagbo. Séance tenant le président du PPACI a promis de convoquer une rencontre dédiée à la guerre en Ukraine. « Et à la prochaine réunion que je convoquerai, nous mettrons ce sujet à l’ordre du jour et nous discuterons. Commençons déjà donc à réfléchir. » Mais faut-il réfléchir avant d’aller dans un sens ou dans l’autre ? La réponse de Laurent Gbagbo est ceci : « N’ignorons pas que cette crise va avoir des implications sur l’Afrique, le prix du carburant va monter puisque toutes les voies de communication maritime sont potentiellement bloquées et toutes les voies de circulation monétaire également bloquées. La Russie rigole parce qu’elle est le premier producteur de Blé donc pour manger sur place, elle n’a pas de problème mais il n’y a pas que la nourriture. Aux USA, pour celui qui a écouté Joe Biden l’année dernière, ils commencent à avoir des problèmes parce qu’il faut que les Etats-Unis s’approvisionnent totalement en pétrole mais approvisionnent aussi l’Europe occidentale qui est approvisionné par le Russie en pétrole et en gaz. » Pour Laurent Gbagbo la question est plus profonde, il ne s’agit pas que d’une guerre entre la Russie et l’Ukraine, encore moins d’une guerre entre les Occidentaux et la Russie. Mais au-delà de ces puissances nucléaires, il y a les petits pays et leurs populations pauvres qui vont souffrir davantage. « Je ne parle même pas du sort des africains. Il faut que les africains réfléchissent et prennent des dispositions pour que de tels conflits qui se déroulent ailleurs, sur d’autres continents, n’aient pas trop d’influence négative sur l’Afrique. Je dis bien, n’aient pas « trop » d’influence, parce que il y en aura mais n’ait pas trop… »
Denzel Bereby
Akondanews.net