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La vie politique est trépidante et passionnante, elle ressemble fort à un cours d’eau. Celui-ci coule tranquillement, mais parfois son cours est jalonné de chutes, de rapides et d’affluents qui ne l’empêchent nullement de parvenir à son embouchure. Ainsi va également la vie politique ; celle-ci est faite de cheminement, d’alliances, de ruptures, d’amour et de « désamour », mais elle continue son chemin.
La récente désunion survenue au sein du Front Populaire Ivoirien, fait partie de ces vicissitudes de la vie politique. Des précédents, il y en a eu.
Le RDR est sorti des entrailles du Pdci-RDA, Udpci également mais le Pdci n’en est pas mort. La relation entre le Pdci et le RDR aujourd’hui Rhdp, a rimé avec désamour puis alliance et encore désamour.
Qui ne se souvient pas de leurs relations tumultueuses au début ?
Qui ne se souvient pas de l’embastillement de toute la hiérarchie du RDR en 1999 ?
Qui ne se souvient pas du mandat d’arrêt lancé à l’encontre de M. Ouattara qui a repris les rênes du RDR après la disparition de son fondateur, M. Djeni Kobina ?
Ces relations tumultueuses et l’animosité qui régnait entre ces deux partis, ne les ont pas empêchés de se retrouver au bord de la Seine, sous le regard bienveillant de M. Jacques Chirac pour mettre en place leur instrument de lutte pour la conquête du pouvoir.
Après plusieurs années de cogestion du pouvoir acquis, de nouvelles divergences sont apparues dans leurs relations et les deux partis se regardent encore en chiens de faïence. Mais ni M. Bédié ni M. Ouattara ne sont lancé dans des invectives et affubler l’un ou l’autre de noms d’oiseau
C’est dire que cet état de fait est consubstantiel aussi bien à la vie de tous les jours qu’à la vie dans les groupements politiques et dans les associations.
C’est pourquoi, le spectacle auquel on assiste depuis un certain temps, relativement au divorce survenu au sein du FPI, est désolant !
Il est regrettable, qu’après la décision du président Gbagbo de ne pas engager un bras de fer avec son ancien premier ministre pour le contrôle du FPI, que ce dernier se soit laissé aller à une violence et à une dérive verbales qu’on ne lui connaissait pas. Il découvre sur le tard que celui qui fut son mentor, est maintenant xénophobe, tribaliste, revanchard, hypocrite, etc.
Ses partisans (d’Affi) ne sont pas en reste. Ce sont des publications tous azimuts auxquelles on a droit, et l’angle d’attaque choisi pour rabaisser le président Gbagbo et déconstruire son image est désormais le tribalisme.
Cependant de nombreuses interrogations taraudent l’esprit :
– Sont-ils sincères quand ils portent de telles accusations ?
– Pourquoi n’ont-ils pas dénoncé cet état de fait depuis 2001 ?
– Comment un tribaliste peut-il confier le poste de premier ministre et la présidence de son outil de combat à quelqu’un qui n’est pas de sa tribu ?
– Pourquoi le « FPI canal historique » majoritaire, qui se reconnait en Gbagbo n’est pas dirigé par un Bhété ?
– Ou alors M. Assoa Adou est un Bhété installé à Sankadiokro qui s’ignore ?
Mais cette violence verbale se comprend. Elle est le fruit d’une profonde déception et d’une meurtrissure dans l’âme de personnes, qui s’étaient mises dans une posture de combat pour livrer une bataille épique, sûres d’un soutien à même de les faire gagner, et qui finalement se rendent compte que la bataille n’aura lieu. Et qui plus est, l’adversaire a esquivé le traquenard communicationnel qu’on lui avait tendu.
Dans sa stature d’homme d’Etat, le président Laurent Gbagbo a répondu à ses détracteurs par un silence déroutant. Cela est à son honneur.
Car au-delà des divergences survenues dans la marche du FPI, il faut avoir à l’esprit que tous ces hommes ont eu un long cheminement ensemble, ont battu ensemble le pavé, ont partagé des joies et des privations ensemble. Rien que pour cela, il faut savoir raison garder et surtout savoir se quitter. Car « pour avoir le plaisir de se retrouver, il faut savoir se quitter » dit-on. Qui peut dire que les chemins ne se croiseront pas ?
Méditons cette interrogation pour demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours
S’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA,
ANALYSTE POLITIQUE