Flambée de colère contre la présence néocolonialiste, après la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Tchad dit non à la France

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Abidjan le 19 mai 2022- Les populations tchadiennes sont en colère et elles l’ont manifesté le samedi 14 mai 2022, contre la présence des soldats français dans leur pays. La cause de cette flambée de colère, le soutien des autorités françaises à la junte militaire au pouvoir à Ndjamena depuis l’assassinat du président Idriss Déby Itno le 20 avril 2021, remplacé par son propre fils Mahamat Idriss Déby Itno.

30 ans au pouvoir après un coup d’Etat qui a chassé Hissène Habré, Idriss Déby Itno avait le soutien de la France. Pendant ce temps, cette même France, au prétexte de « la démocratie et des droits de l’homme » mène la vie dure à d’autres dirigeants africains à peine arrivés au Pouvoir. C’est cette politique de deux poids deux mesures basée sur le pillage des richesses nationales par la France, que les populations africaines ne veulent plus. Et c’est ce qui explique cette nouvelle flambée de colère au Tchad.

Le week-end dernier, à l’appel des mouvements de la société civile, il y a eu « une grande marche contre la politique française au Tchad et en Afrique en général ». Brandissant le drapeau tchadien, Bleu-Jaune- Rouge, les manifestants ont pris pour cibles l’ambassade de France, située dans la commune d’Abéché, troisième ville importante du Tchad. Très en colère, ils ont saccagé la représentation diplomatique française. Pendant ce temps une autre colonne de manifestants s’est dirigée vers la base militaire française toujours à Abéché. Tandis qu’un groupe de manifestants trainait à terre le drapeau français avec une croix rouge inscrite au feutre dans le Blanc au milieu du Bleu et du Rouge du tricolore, en signe de rejet. Un autre groupe brandissait le drapeau de la Fédération de Russie qu’ils ont hissé à une place publique devant une foule approbatrice. Le tout, aux cris de « France dégage ! » « A bas la France ! » « Non à la colonisation ! ». Tous les slogans hostiles ont été entendus.

Manifestants tchadiens hostiles à la France et à la junte au pays.

Selon la chaîne française Cnews.fr, « la manifestation était organisée par la plateforme d’opposition de la société civile Wakit Tamma, qui conteste la junte de 15 généraux ayant pris le pouvoir il y a un peu plus d’un an.» Ce même samedi, selon l’agence France presse (AFP), des élèves et collégiens ont rejoint les manifestants. « Je manifeste parce que la France veut encore nous imposer le système Deby », a lancé un jeune lycéen, bandeau blanc sur la tête. « Si nous continuons à souffrir aujourd’hui depuis l’indépendance, c’est par la faute de la France qui nous empêche d’être réellement indépendants», a renchéri Idriss Moussa, un enseignant arabophone. Le coordinateur de Wakit Tamma, Max Loalngar, a indiqué à l’AFP se réjouir « que les Tchadiens prennent de plus en plus conscience de notre lutte et nous rejoignent. (…) La France installe des dictateurs sur notre tête. Nous demandons juste que notre peuple soit respecté ».

Les leaders de la coordination des actions citoyennes Wakit Tama

Ces mouvements ont d’autant plus raison. Pour cause, à sa prise du pouvoir le 20 avril 2021, l’armée avait annoncé que le président tchadien Idriss Déby Itno, à la tête d’un pouvoir très autoritaire depuis 30 ans, avait été « tué au front contre la rébellion ». Le même jour, son fils Mahamat Idriss Déby Itno était proclamé par l’armée « président de transition » à la tête de cette junte. Ce dernier promettait au terme de négociations avec les oppositions politiques et armées du pays des « élections libres et démocratiques » après une transition de 18 mois. Ce qui lui valut le soutien de la  «communauté internationale ». Attendez la France, l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) en tête. Mais contre toute attente, en juin 2021, le chef de l’Etat tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a envisagé une prolongation de la transition et annoncé le 1er mai dernier le report du dialogue national.

Destruction des installations jugées appartenir à la France

Mais c’était à la demande du Qatar, médiateur d’un «pré-dialogue» qui piétine d’ailleurs depuis deux mois à Doha entre la junte et les innombrables groupes rebelles. La présidence française avait réagi en se disant « attachée » à un dialogue dans les « meilleurs délais possibles », puis en proposant quelques jours plus tard son aide. Une attitude que la société civile a du mal à comprendre pour la simple et bonne raison que cette même communauté internationale et notamment la France et les organisations susmentionnées, sanctionnent habituellement les militaires putschistes ailleurs en Afrique. Dès-lors l’on est passé de simple soupçon à l’accusation formelle de la France dont la main serait derrière toute la machination.

Comme quoi, il y a une fin à tout, ou tout a une fin. Cette vérité immuable tirée de la plupart des livres saints, qu’ils soient chrétien, musulman, ou même bouddhiste, etc., prend tout son sens avec ce qu’il arrive à la France sur le continent africain. La fin de la néo-colonisation française avec son lot de mépris, de l’outrecuidance, de mensonge, de pillages des ressources en Afrique, a sonné. La graine du réveil et de la prise de conscience semée en Côte d’Ivoire sous le régime de la Refondation qui impliqua, de facto, la relance de la lutte patriotique pour la souveraineté des Etats africains entreprise par Laurent Gbagbo dès son élection en octobre 2000, a germé, elle croît et à certains endroits, elle porte même des fruits. C’est le cas en Centrafrique.

Pays situé au centre du continent, la présence de l’armée française n’y est plus qu’un mauvais souvenir. Les autorités centrafricaines avec à leur tête le président Faustin-Archange Touadéra, ont rompu les amarres d’avec la France. L’ancienne puissance coloniale a été remplacée par la Fédération de Russie avec qui la République de Centrafrique traite d’égal à égal dans une coopération gagnant-gagnant.

Il y a quelques balbutiements souverainistes au Niger. Dans ce pays de l’Afrique de l’ouest, mi-avril 2022, les populations des villes traversées par la caravane de l’armée française (chassée du Mali et qui regagnait le territoire nigérien) les ont pris à partie. Elles ont érigé des barricades de fortunes pour empêcher leur accès à Niamey la capitale. Comme un effet domino, l’effet Gbagbo, l’ancien président ivoirien qui dirige désormais le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), continue d’embraser le continent. Depuis son retour après sa brillante victoire à la Cour pénale internationale (CPI) où il a été acquitté totalement alors qu’il était accusé des crimes contre l’humanité et que personne ne vendait cher sa peau, Laurent Gbagbo continue d’éveiller les consciences sur le continent. Sans forcément le vouloir sous cette forme, le démantèlement de la Françafrique, système de prédation instaurée par la politique africaine de la France, est en train d’être fait. Résolument.

Laurent Gbagbo, ancien Président de la Côte d’Ivoire

Les Jeunes et Femmes Patriotes de Côte d’Ivoire peuvent être fiers d’avoir pris une part active dans cet élan d’éveil de la conscience et la lutte pour la souveraineté du continent.

Au Mali voisin la situation est plus tendue. Dans cet autre Etat de l’Afrique de l’ouest, les populations ont pris leur destin en mains pour rompre avec l’ancienne puissance coloniale, la France. Le lundi 2 mai 2022, les nouvelles autorités militaires du Mali ont rompu les accords de défense avec la France et ses partenaires européens. Pour « atteintes flagrantes » de la part des forces françaises présentent dans le pays à la souveraineté nationale et de « multiples violations » de l’espace aérien malien. L’information dans laquelle le Mali « dénonce » les accords de défense, a été donné dans un bref communiqué lors du journal télévisé sur la télévision nationale, par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement.

En mars 2013, le Mali dénonçait avec « effet immédiat » l’accord dit Sofa qui encadrait l’engagement de la force française Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020 lequel s’appliquait aux détachements européens de Takuba. Cette année même, le lundi 31 janvier, le Mali expulsait l’ambassadeur de France à Bamako. Le diplomate Joël Meyer disposait « de 72 heures pour quitter le pays ». Une décision prise par les autorités maliennes qui fait suite aux déclarations jugées « hostiles à l’encontre des autorités » de responsables français, notamment Jean Yves Le Drian ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale. D’ailleurs, pour ne pas arranger les choses, Le Drian père et le fils Thomas font l’objet d’une poursuite judiciaire pour « atteinte aux biens publics et autres infractions ». « Le juge d’instruction du deuxième cabinet au tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako (pôle économique et financier) invite Monsieur Jean-Yves Le Drian à se présenter à son cabinet le lundi 20 juin 2022 pour affaire le concernant », précise la convocation émise le mercredi 11 mai, par la justice malienne.

Denzel Bereby

Akondanews.net

 

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