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Au terme du Séminaire sur l’Eco organisé par la faculté de sciences économique et de gestion de Lomé, une feuille de route pour la création de la monnaie ECO-CEDEAO contenu dans la Déclaration de Lomé a été remise aux Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO le 28 mai dernier.
Regroupés en 4 grandes lignes que sont : Les finalités majeures du projet de la réforme, les choix fondamentaux, le système futur et les modalités de mise en œuvre, ce sont au total 24 points saillants relatifs à la création de la monnaie ECO-CEDEAO qui sont contenus dans la feuille de route à l’issue du Séminaire de Lomé qui s’est tenu du 26 au 28 mai autour du thème : Quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’ouest ?
Evoquant les finalités majeures du projet de la réforme, la Déclaration de Lomé admet que le processus politique vers l’adoption d’une monnaie commune répond à une revendication légitime en faveur de l’établissement de la pleine souveraineté monétaire des 15 États membres et le projet s’inscrit dans la perspective post-Covid de reconquête de toutes les souverainetés fondamentales (alimentaires, sanitaires, commerciales, financières, politique, sécuritaires) à l’échelle de la région.
Aussi, vise t-il à associer l’ensemble des États, quelles que soient leurs différences, en garantissant la souplesse nécessaire pour absorber les impacts des chocs externes lesquels peuvent diverger et à maximiser les potentialités d’une intégration économique accrue et renforcée.
Aussi, concernant les choix fondamentaux, la Déclaration de Lomé retient –que le projet prend en considération les critères d’une bonne politique de change, à savoir financer les importations essentielles, soutenir les exportations, promouvoir le crédit local, protéger les « secteurs naissants » à fort potentiel d’emplois, compenser les impacts péjoratifs des chocs externes. Tandis que sur les critères de convergence à court terme (prix, dette, déficit), le projet reconnaît la nécessité de fixer des critères macroéconomiques minimaux (ticket d’entrée) pour l’adhésion mais surtout le projet considère que la résorption des différentiels (prix, dette, déficit) n’est pas un prérequis, mais un objectif de moyen terme, rendu plus aisé à obtenir avec une politique économique adéquate.
De plus, selon la Déclaration de Lomé, un desserrement de la contrainte d’inflation (4-8 %) est requis afin de ne pas brider le potentiel de transformation structurelle. Une inflation modérée stimule le crédit car elle allège la dette pour les emprunteurs. Elle récompense l’innovation.
Ce faisant, la convergence structurelle est fondamentale et des politiques sectorielles en faveur des chaînes de valeur agricoles et industrielles à vocation régionale doivent être mises en œuvre de manière complémentaire.
Relativement au futur système, la Déclaration de Lomé indique que le nouveau système sera construit sur une nouvelle monnaie, sui generis, distincte des monnaies existantes dans la Zone CEDEAO et une Banque centrale serait chargée de conduire la politique monétaire et de change des pays membres de la Zone Éco-Cédéao.
Toutefois, la mutualisation des réserves de change sera le socle de la solidarité et dans la période de transition, la solidarité sera confortée sur une base politique et institutionnelle. Un mécanisme de coopération sera mis en place pour atténuer les divergences de vues et faciliter les convergences économiques et la définition de la future monnaie Éco-Cedeao se fera sur la base d’un panier de devises représentatif des principaux flux commerciaux de la Zone, avec quatre devises, l’euro, le dollar, le yuan et la livre sterling.
Pour ce qui est du taux de change, la monnaie commune sera flexible mais administrée par la Banque centrale et un accord de taux de change sera conclu entre les parties pour l’ancrage de leur monnaie existante à la monnaie Éco-Cedeao qui servira de pivot. De plus, Il sera adopté le principe d’un corridor à l’intérieur duquel, autour de la monnaie pivot pourront flotter les monnaies existantes avec une marge de fluctuations fixée surveillée par l’autorité monétaire de la Cedeao.
À terme donc, sera envisagé le passage de la monnaie commune à la monnaie unique.
Enfin, pour les modalités de mise en œuvre, une attention particulière sera accordée aux perspectives de la digitalisation monétaire et pour enclencher la transition vers la monnaie commune, un premier pool d’États réunissant les critères minimaux de convergence (qui devront être actualisés) pourra se réunir. Par la suite seront recherchées de nouvelles adhésions au projet en recherchant celles plus faciles à obtenir.
Concernant la garantie du Trésor français, la Déclaration de Lomé indique que l’abandon de celui-ci accordé aux États de l’UEMOA sera décidé et la confiance dans la monnaie Éco-Cedeao s’appuiera sur de nouveaux mécanismes endogènes de sauvegarde et de crédibilité.
Par ailleurs, lors de la phase de transition et d’apprentissage des mécanismes de change, l’attention portera sur le rapprochement fiscal et budgétaire et la stimulation des marchés financiers régionaux, deux conditions nécessaires.
Enfin, il est clairement admis que derrière les questions relatives aux choix sur la manière d’opérer la création de la nouvelle monnaie, sur la future parité et son adossement à un panier de devises, sur le niveau de flexibilité du taux de change ou sur le « bon » régime d’allocation des devises qu’il faudra adopter, se cachent d’autres questions cruciales, à savoir engager la transformation structurelle des économies ouest-africaines.
Pour être porteuses de changements véritables, selon la Déclaration de Lomé, les propositions pour accompagner le passage à l’Éco-Cédeao devront être solides au plan technique, argumentées au plan économique, acceptées au plan politique et fondées sur des mesures dont les impacts et les risques futurs seront préalablement évalués. La question de la reconnaissance des avantages de l’intégration monétaire et de leur partage pour susciter l’adhésion des populations est fondamentale pour la réussite du projet.
Adingra OSSEI