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Dans le paysage artistique contemporain africain, Dodji Agbétoglo s’impose comme une figure de proue de la sculpture togolaise. Né à Lomé en 1989, cet artiste sculpteur explore dans ses œuvres le lien profond entre l’héritage ancestral et les enjeux identitaires actuels de l’Afrique. À travers une réflexion dense sur le sacré et le profane, il interroge la place de la culture traditionnelle dans une Afrique en crise avec son passé et son identité.
Un Pont entre Tradition et Modernité
Les œuvres de Dodji Agbétoglo sont un pont visuel entre les symboles ancestraux du Golfe de Guinée et une vision moderne de l’art. Son utilisation de matériaux tels que le bois brûlé, le fer, le cuivre et les perles transforme des objets rituels, comme les asen, en créations artistiques universelles. Ces objets, originellement utilisés dans les cultes vodou pour honorer les ancêtres, prennent une nouvelle dimension dans l’œuvre de l’artiste. Ils deviennent des espaces de réflexion sur la mémoire collective et l’héritage culturel, questionnant leur place dans une société où les traditions sont souvent négligées ou méprisées.
L’exposition Kóta ‘Us et coutumes’ dans son atelier témoigne de cette redéfinition. Par une série de sculptures, Agbétoglo invite à repenser les asen, objets symboliques de la spiritualité et du dialogue avec les ancêtres. « Les asen sont des autels destinés à communiquer avec les défunts, leur rendre hommage et demander leur protection », explique-t-il. Mais ici, l’artiste va au-delà de la fonction sacrée pour en faire des artefacts de réflexion culturelle et d’héritage national.
Un Artiste Togo au Rayonnement International
Le rayonnement de Dodji Agbétoglo dépasse les frontières du Togo, comme en témoigne sa participation aux Jeux de la Francophonie 2023 à Kinshasa. Ces rencontres, organisées par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), sont un lieu de rencontre pour les créateurs du monde francophone. Agbétoglo a non seulement représenté le Togo lors de cet événement international, mais il a aussi remporté la première médaille du pays dans la catégorie sculpture. Cette reconnaissance internationale souligne l’impact de son travail et de ses engagements artistiques, soulignant la richesse de l’héritage culturel qu’il cherche à transmettre au monde.
L’Art comme Vecteur d’Éducation et de Croissance Économique
Dodji Agbétoglo ne se contente pas de proposer une lecture esthétique de l’art. Son travail se décline également sous trois formes : artisanat, design et art conceptuel, faisant de lui un artiste polyvalent aux multiples facettes. L’artiste adapte son travail en fonction du dialogue qu’il engage avec le bois qu’il sculpte. « Tout dépend de la question que le bois me pose. En fonction de ses exigences, je m’oriente soit vers une démarche artisanale, soit vers un design fonctionnel, soit enfin vers une œuvre conceptuelle destinée à des expositions », confie l’artiste.
Son curateur Wody Wayo résume ainsi son approche en trois grandes facettes plastiques :
1. L’Artisanat : Un Lien avec le Public. Dans son atelier de Lomé, l’artiste crée des objets artisanaux à la fois fonctionnels et accessibles. Ces créations, destinées à un large public, cherchent à démocratiser le savoir-faire traditionnel tout en le valorisant comme un produit de consommation moderne.
2. Le Design : Une Fusion entre Fonction et Esthétique. Des bancs, des tables et des tabourets sont des créations qui allient utilité et esthétique. Agbétoglo, à travers ces œuvres de design, revalorise des objets du quotidien sous une nouvelle lumière artistique.
3. L’Art Conceptuel : Une Dimension Profonde. Dans cette troisième approche, l’artiste explore des dimensions plus abstraites de son travail, visant à provoquer une réflexion profonde sur l’héritage et la mémoire culturelle. Les œuvres de cette catégorie, exposées lors de Kota ‘Us et coutumes, poussent à une introspection sur l’avenir de la culture africaine face aux défis contemporains.
Un Art Contemporain, Un Héritage Redéfini
Le travail de Dodji Agbétoglo incarne la quête de réconciliation de l’Africain avec les racines de son identité. L’artiste par la désacralisation d’expressions culturelles diabolisées, crée un dialogue entre l’héritage du passé et la génération du futur. Par son art et sa démarche innovante, il montre aussi que l’héritage culturel n’est pas un fardeau, mais un levier puissant, à la fois pour une prise de conscience collective et un développement économique durable. L’œuvre d’art comme vecteur de reconquête culturelle et une source de richesse pour l’Afrique.
Nhiang’O Serge
Akondanews.net