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Abidjan le 6 mai 2022- Que devient le contenu du Rapport des réflexions issues du dialogue politique qui a réuni pendant plusieurs semaines, les acteurs politiques (gouvernement et opposition) et ceux de la société civile ? On se souvient qu’Alassane Ouattara avait « salué l’accord » avec un large sourire aux lèvres.
Ouvert le jeudi 16 décembre 2021 par le Premier ministre chef du gouvernement ivoirien Patrick Jérôme Achi, ce dialogue a réellement, il faut le reconnaitre, baissé la tension sociale et permis de regarder sereinement l’avenir du pays, tant la forte mobilisation des participants (21 partis politiques et 26 organisations de la société civile, soit un totale de 47 entités de réflexion) a suscité des espoirs dans les foyers ivoiriens. Aussi avec la méthode de travail très inspirante, faut-il le rappeler, la phase 5 du dialogue politique s’est déroulée en trois étapes.
Premièrement, la séance d’ouverture, le jeudi 16 décembre 2021. Deuxièmement, les travaux en comités : les échanges ont eu lieu au sein de deux comités réunissant les représentants du Gouvernement, d’une part avec les formations politiques les jeudi 20 janvier, jeudi 27 janvier, lundi 14 février, mardi 15 février, mercredi 16 février, mardi 22 février, mercredi 23 février et jeudi 24 février 2022 ; et d’autre part, avec les organisations de la société civile les vendredi 21 janvier, vendredi 28 janvier, lundi 14 février et mercredi 16 février 2022. Troisièmement, la séance de clôture, qui a eu lieu le vendredi 04 mars 2022 sous la présidence du Premier Ministre, et qui a servi de cadre à la signature solennelle du rapport final.
Aussi ne faut-il pas ignorer tous les efforts intellectuels consentis par les participants. Ceux-ci, résolument engagés au service des populations de la Côte d’Ivoire qui elles, attendent avec un ardent désir l’application intégrale par le régime d’Alassane Ouattara, de ce qui a été convenu comme Accord. Ces efforts intellectuels mais tant aussi physiques que financiers ont été consentis autour des thématiques retenues unanimement arrêtées. A savoir les Mesures d’apaisement de l’environnement politique ; la Réconciliation nationale ; le Cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire. Comme le reconnait d’ailleurs le Rapport final, ces thématiques ont fait l’objet de débats lors des travaux en comités. Alors qu’est-ce qui coince pour que jusqu’à ce jour, 5 mai 2022 – soit 6 mois après sa signature par ses participants, dont le pouvoir d’Alassane Ouattara s’en est fait le garant institutionnel, nous soyons à un sentiment d’insatisfaction, un goût d’inachevé ? Qu’est-ce qui ne vas ?!
Peut-on raisonnablement apposer sa signature au bas d’un tel document d’engagement, pour six mois après, faire comme si des femmes et des hommes ne s’étaient jamais retrouvés pour réfléchir sur la marche du pays ? On se souvient qu’un débat portant sur la terminaison avait opposé gouvernement et les partis politiques et organisations de la société civile. Une guerre sémantique entre Engagements et Recommandations. Finalement le gouvernement ivoirien a réussi à imposer le terme Recommandations qui serait à sa convenance. Parce que le pouvoir Ouattara refuse de s’engager dans des actions politiques dont il n’est pas sûr de l’issue. Donc il a préféré l’inscription du mot Recommandations dans le Rapport final de la phase 5 du dialogue politique.
La Recommandation est une « Action de recommander (qqn). Action de recommander, de conseiller (qqch.) avec insistance. Faire des recommandations à qqn. » On comprend dès-lors que pour Alassane Ouattara et son gouvernement, la responsabilité de l’Engament est trop lourde à porter devant l’hsitoire.
Parce que, Engagement par définition est une « Action de se lier par une promesse ou une convention. Respecter ses engagements. C’est un Contrat par lequel un individu s’engage à servir dans l’armée (par exemple) ». Or le régime Rhdp n’a pas envie qu’on le traite de peu fiable par sa parole s’il n’arrivait pas à respecter le contenu du Rapport de la phase 5 du dialogue politique. Voici donc la vérité sur lesdites recommandations pour lesquels le gouvernement ivoirien freine des quatre fers quand il lui est demandé d’appliquer ce qu’il a délibérément signé. Lisons :
« RECOMMANDATIONS Le dialogue politique, qui s’est déroulé dans la courtoisie, la bonne ambiance et un climat apaisé, a consacré l’accord des parties sur le fonctionnement normal de l’Etat et de ses Institutions. A l’issue des échanges, de nombreuses questions soulevées ont donné lieu à des informations et des explications satisfaisantes de la part du Gouvernement. D’autres relèvent des prérogatives des Institutions de l’Etat. Toutefois, les parties prenantes ont formulé les recommandations suivantes : A. AU TITRE DES MESURES D’APAISEMENT DE L’ENVIRONNEMENT POLITIQUE : 1. l’engagement des acteurs politiques à se départir de la violence comme mode d’accession au pouvoir ; 2. le retour à un paiement plus régulier de la subvention aux partis et groupements politiques ; 3. la transmission au Cabinet du Premier Ministre de la liste et des numéros des comptes des personnalités dont les comptes seraient encore gelés. B. AU TITRE DE LA RECONCILIATION NATIONALE : 1. la mise en place d’un processus de réparation et d’indemnisation des victimes de la crise électorale de 2020 ; 2. la poursuite du renforcement de la culture démocratique et du civisme au sein de la société ivoirienne ; 3. la vulgarisation des modes alternatifs de règlement des conflits en impliquant notamment les chefs coutumiers, les guides religieux et les organisations de la société civile. C. AU TITRE DU CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DES ELECTIONS EN COTE D’IVOIRE : 1. la prise en compte des réalités politiques nouvelles en vue du réaménagement de la CEI sans préjudice de l’équilibre de celle-ci ; 2. la conduite de réflexions par le Gouvernement sur le processus de découpage électoral, sur la base du relèvement du coefficient affecté au critère démographique et en maintenant les acquis ; 3. la révision annuelle de la liste électorale par la CEI conformément au code électoral ; 4. le réexamen du mécanisme de financement des candidats et du remboursement des frais de campagne à l’élection présidentielle ; 5. l’amélioration du système du parrainage citoyen à l’élection présidentielle ; 6. le renforcement de la sécurisation du processus électoral. D. AU TITRE DU CADRE DE SUIVI : La mise en place d’un cadre de suivi des recommandations de la phase 5 du dialogue politique, sous l’autorité du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité dont la mission sera conduite sur la base du document de travail. De façon générale, les participants s’engagent fermement à entreprendre, conjointement, des actions de promotion et de renforcement de la cohésion sociale. Aussi souhaitent-ils que se tiennent périodiquement des rencontres de Haut Niveau. » On attend toujours.
Quant à la « rencontre de Haut Niveau » entre l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara et ses prédécesseurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, censée relancer la machine de la réconciliation nationale grippée, peut-être devrait-on attendre à la saint glin-glin.
Denzel Bereby
Akondanews.net