Depuis le 11 septembre 2001, la guerre contre le terrorisme a coûté 21 000 milliards $ au contribuable américain

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(Agence Ecofin) – La dernière croisade américaine, en Afghanistan, s’est terminée sur un échec retentissant. Mais pour le business américain de la sécurité, l’affaire a été juteuse. Désormais, la question est de savoir d’où surgira la prochaine « opportunité d’affaires ».

Un récent rapport de l’Institute for Policies Studies de Washington DC a dévoilé que la lutte contre la terreur, entamée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, a coûté 21 000 milliards $ aux Etats-Unis.

Un dixième de cette ressource aurait permis à l’Afrique de parachever 10 années de construction de ses infrastructures et de développer le cadre de production d’un des marchés de consommation les plus attractifs du moment. La sécurité alimentaire aurait été assurée pour des milliards de personnes dans le monde, victime des inégalités qu’impose la dérive actuelle du capitalisme.

Le 12 septembre 2001, George Walker Bush, à l’époque président des USA, avait tenu un discours très martial « les Etats-Unis d’Amérique utiliseront toutes leurs ressources pour conquérir cet ennemi. Nous rallierons le monde. Nous serons patients. Nous serons concentrés, et nous serons fermes dans notre détermination. Cette bataille prendra du temps et de la détermination, mais ne vous y trompez pas, nous gagnerons ».

20 ans plus tard, le seul grand bénéficiaire de cette stratégie de va-t-en-guerre est le complexe militaro-industriel américain et l’ensemble de ses contractants. Dans la logique du business de la sécurité, les contrats du département américain de la Défense sont très profitables.

Selon les données que l’Agence Ecofin a consultées, entre 2002 et 2020, ce segment a été le deuxième poste des dépenses publiques aux Etats Unis, avec un total de 14 300 milliards $. Il y a eu un léger repli durant les années de présidence de Barack Obama, mais avec l’arrivée de Donald Trump, les affaires ont repris de plus belle.

En 2019, les dépenses militaires des USA ont culminé à 732 milliards $, une somme qui a dépassé celles des autres membres du G7 réunies (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Japon, Russie) en plus du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de l’Arabie Saoudite. Une telle sortie de liquidité profite à un certain nombre d’entreprises. Les plus connues sont les cinq grandes entreprises américaines du secteur de la défense et de l’aéronautique. Il s’agit de Raytheon Technologies, Boeing, Lockheed Martin, Northrop Grumman et General Dynamics.

En dehors de Boeing, également présent dans le transport aérien commercial, les autres sont de parfaits inconnus du grand public. Malgré l’insécurité et les crises dans le monde, la valeur des actions de ces sociétés en bourse a continuellement progressé entre 2002 et 2020, générant une plus-value moyenne, pour les cinq, de +870%, selon des données de Capital IQ. On note également que les conseils d’administration de ces groupes intègrent des personnes qui ont été de hauts cadres du département américain de la Défense et même de son état-major.

Le départ des USA de l’Afghanistan ressemble à s’y méprendre à une situation qui a été rapportée par les historiens de tous bords à propos de la guerre du Vietnam. Une dépense qui gonfle la dette du pays, entraîne des milliers de morts surtout parmi les civils, dope le trafic de drogue et surtout enrichit les propriétaires des entreprises du complexe militaro-industriel, ainsi que les contractants des services de défense.

Aujourd’hui que la série afghane est achevée, la question est : où sera la prochaine guerre ? Peut-être à Taïwan, le dernier rebelle à l’empire chinois ou même encore au Moyen-Orient, où des rancœurs et des gouvernances problématiques sont le terrain fertile de « missions civilisatrices » et de restauration « de l’espoir », à coup de milliards $ de contrats militaires.

Idriss Linge

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