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Jamais coups d’Etat militaires n’ont été autant applaudis par les populations dans l’histoire des pays de la sous-région ouest africaine, notamment dans les anciennes colonies françaises. Guinée le dimanche 5 septembre 2021, Mali lundi 24 mai 2021 et depuis lundi 24 janvier le Burkina Faso. Ce sont des liesses populaires qui ont accueillis la chute des présidents pourtant démocratiquement élus par ces mêmes populations qui s’étaient mobilisées lors des élections présidentielles.
Qu’est-ce qui a pu se passer qui puisse susciter l’adhésion massive des populations aux coups d’Etat dans cette partie de l’Afrique ? S’il est vrai que le continent africain est le terreau fertile des coups d’Etat militaires, sa partie occidentale l’est encore davantage. Et ce phénomène s’est accentué ces cinq dernières années. Des spécialistes attribuent cette résurgence de l’intrusion des militaires sur le champ politique à partir de 2015.
La crise sahélienne a commencé en 2012 avant de s’étendre au Burkina Faso. Les premiers groupes armés qui se réclament du jihad, sont apparus pour la première fois, au Nord du Mali en 2012. Ils se sont par la suite essaimés au centre du Mali puis à la frontière entre le Mali et le Niger. En juillet-août 2015, le Burkina Faso enregistre sa première attaque djihadiste, puis des mois plus tard, des centaines d’attaques de groupes jihadistes ou d’autres groupes armés, y compris des milices d’autodéfense. Le Mali quant à lui est devenu le véritable symbole des attaques djihadistes, notamment dans la partie nord de ce pays.
Gao, Tombouctou, Tessalit sont entre autres régions du Mali les plus touchées par les attaques djihadistes. A l’instar de ces trois pays, d’autres zones au nord des pays du Golfe de Guinée sont également touchés par l’insécurité, la Côte d’Ivoire dans sa partie nord, par exemple. Les raisons.
Plusieurs études ont mis en lumière des problèmes d’accès aux ressources naturelles, générateurs de conflits entre pasteurs et éleveurs, qui ont largement contribué à la montée des périls au centre du Mali et au Nord du Burkina Faso. D’autres études expliquent pour leur part, l’adhésion des populations aux coups d’Etat et leur soutien aux militaires au détriment des civils élus, par le fait d’un « sentiment anti français ». Dans son ‘’briefing’’ n°149 Africa, intitulé « L’Afrique de l’Ouest face au risque de contagion jihadiste », l’Ong International Crisis Group croit savoir la cause de l’adhésion populaire aux coups d’Etat militaires. « Les participants aux manifestations à venir dans la région de l’Afrique de l’Ouest exprimeront probablement des sentiments anti-occidentaux. Des militants opposés aux sanctions de la CEDEAO contre le Mali et à l’ingérence perçue de la France ont appelé à des marches le 22 janvier à Ouagadougou et à Dakar. Sur la base des précédents manifestants à Dakar, ils sont susceptibles de vandaliser les entreprises françaises telles que les supermarchés ou les stations-service le long du parcours de la marche. Nous doutons que des attaques similaires se produisent au Burkina Faso où le sentiment anti-gouvernemental est plus grand…. »
Au Mali, en Guinée tout comme au Burkina Faso, l’incapacité des chefs d’Etats, le manque de moyens militaires sur le théâtre des opérations pour permettre à l’armée de combattre efficacement ces terroristes, le manque de munitions, le non-paiement des primes et autres pécules détournés par les hauts gradés, sont autant de situations qui ont donné l’impression que les gouvernants étaient de connivence avec ces djihadistes. Situations de prétexte pour justifier et légitimer ces putschs. « Si le président ne peut pas défendre les populations qu’il démissionne et cède la place aux militaires qui vont nous protéger ». Tel semble être la tonalité des messages entendus dans ces trois pays où il y a des coups d’Etat.
Denzel Béréby
Akondanews.net