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La Côte d’Ivoire s’enfonce dans une crise pré-électorale. Après l’interdiction de plusieurs candidats, dont Laurent Gbagbo, et la perspective d’un quatrième mandat pour Alassane Ouattara, l’opposition organise des marches réprimées, selon elle, avec une brutalité meurtrière. Le parti de l’ancien président dresse un bilan macabre et promet d’intensifier la lutte.
Abidjan, le 16 octobre 2025, la tension est à son comble en Côte d’Ivoire. Réuni en urgence mercredi à Abidjan sous la présidence de Laurent Gbagbo, le Conseil stratégique et politique (CSP) du Parti des peuples africains (PPA-CI) a tiré la sonnette d’alarme sur une crise politique qu’il qualifie de « grave » et dénonce une répression sanglante des manifestations pacifiques.
Dans un communiqué rendu public à l’issue de cette séance extraordinaire, le parti de l’ancien chef de l’État fustige « les dérives autocratiques » du président Alassane Ouattara, qu’il accuse de « refuser tout dialogue politique » et de « s’obstiner à briguer un 4ème mandat anticonstitutionnel ». Le PPA-CI pointe également du doigt l’exclusion de ses « adversaires les plus sérieux » de la course électorale, une décision du Conseil constitutionnel perçue comme une instrumentalisation des institutions.
Un bilan humain lourd et contesté
Le cœur de la dénonciation du CSP porte sur la violente répression des marches organisées par le « Front commun » – une alliance incluant le PPA-CI, le PDCI-RDA de Cheick Tidjane Thiam et le FPI de Pascal Affi N’Guessan – le 11 octobre à Abidjan et dans l’intérieur du pays.
Le parti d’opposition dresse un bilan provisoire « d’une violence inouïe » :
· Deux morts : un bébé de deux ans, mort étouffé par les gaz lacrymogènes d’une grenade à Adzopé, et un jeune homme, Allouan Ernest, « atteint au cou d’une balle tirée par les forces de l’ordre » à Bonoua.
· Une trentaine de blessés et plus de 700 interpellations, dont 65 personnes déjà incarcérées à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA).
Le CSP contredit catégoriquement la version des forces de l’ordre concernant la mort du jeune Allouan, affirmant que les faits se sont produits « sous les yeux des populations » et ne sont pas le fait « d’individus non identifiés » comme l’a avancé la police.
« Aux abois », le régime Ouattara dépeint comme « fascisant »
Face à ce qu’il perçoit comme une escalade autoritaire, le PPA-CI n’y va pas par le chemin de la diplomatie. Le Conseil qualifie les dérives du régime RHDP de « fascisantes » et estime qu’il est « visiblement aux abois ». Il salue la mémoire des victimes, présente ses condoléances aux familles et promet une assistance juridique aux personnes détenues.
Surtout, le parti réaffirme sa « détermination à poursuivre résolument le combat » aux côtés du Front commun et de la société civile. Le communiqué est sans équivoque : « aucune autre voie ne se présente au peuple ivoirien épris de liberté et de justice que celle de la résistance à ce régime dictatorial qui tente de se maintenir au pouvoir par la terreur ».
Gbagbo promet une adresse à la nation
Signe que la situation est jugée critique, Laurent Gbagbo en personne « suit de très près les événements ». Le président du PPA-CI a exprimé « sa fierté face à la détermination des citoyens ivoiriens » et dit « entendre les cris d’indignation et de raz-le-bol des populations ». Il a annoncé qu’il s’adresserait « dans les tout prochains jours au peuple de Côte d’Ivoire », une intervention très attendue par ses partisans.
En attendant cette prise de parole, le PPA-CI exhorte ses militants et tous les citoyens à « maintenir les manifestations contre le 4ème mandat, pour la paix et le respect de la Constitution ».
Alors que le pays semble s’engager sur une pente de plus en plus périlleuse, cet appel à la mobilisation permanente, doublé d’accusations extrêmement graves, fait craindre une nouvelle aggravation des tensions dans un contexte électoral déjà hautement inflammable.
Abossia de Ferké
Akondanews.net