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L’actualité politique en Côte d’Ivoire, rime toujours avec le retrait du président Laurent Gbagbo du Front Populaire Ivoirien et la perspective de mise en place d’une nouvelle structure politique, rassemblant tous ceux qui ont une convergence de vision avec lui.
Cette nouvelle donne a suscité et suscite encore des réactions de divers ordres. Si pour ses partisans, cette proposition fut accueillie avec une certaine joie et un espoir de pouvoir se sortir de l’immobilisme, pour son ancien premier ministre M. Pascal Affi N’guessan et ses partisans, la déception est à la mesure de leurs attentes : un bras de fer pour le contrôle du FPI qui aurait pu indubitablement finir à la justice et dont l’issue ne faisait l’ombre d’aucun doute pour eux.
En réaction, toute la semaine passée M. Affi N’guessan a fait la une de l’actualité politique, faisant feu de tout bois : conférence de presse, interview dans les journaux, invité des chaînes de télévision, etc. Tout y passe et le président Gbagbo eut le nom de tous les oiseaux possibles : dictateur, revanchard, hypocrite, xénophobe…
Les partisans de M. Affi ne furent pas en reste dans ce « bashing Gbagbo ». Tous les articles et toutes les publications pouvant permettre la déconstruction de l’image de l’ancien président, sont repris dans une jubilation éjaculatoire et jouissive.
A tout cela, l’ancien président a répondu par un silence compréhensible. Leur en veut-il ? Assurément non.
Leurs réactions sont celles d’un être qui aime et dont l’être aimé se refuse à engager un bras de fer, à donner suite à certaines exigences et qui en plus lui tourne le dos. Ce sont d’anciens partisans meurtris dans leur chair et dans leur âme, qui savent que l’image que certains d’entre eux ont abondamment utilisée lors des législatives dernières, pour espérer avoir l’onction du peuple FPI dans son entièreté, les a laissés au bord de la route. Ils sont aux aguets, prompts à utiliser une défection dans le camp Gbagbo pour s’en délecter.
Mais il faut pouvoir les comprendre à travers une sagesse Abbey, qui dit qu’on ne peut nullement empêcher un enfant qu’on vient de frapper, de pleurer. Ceci explique cela.
L’actualité, c’est également la conférence de presse animée par M. Boga Sako, président de la Fédération Ivoirienne des Droits de l’Homme et des Peuples(FIDHOP).
Nouvellement rentré d’exil, M. Boga Sako a annoncé sa démission de EDS, groupement politique proche du président Laurent Gbagbo. Dans la foulée, il s’est érigé en donneur de leçon sur l’amour de la Côte d’Ivoire. Cet amour subit du pays l’a tellement étreint, qu’il décide sur le tard de quitter le sillage du monde politique pour ne se consacrer qu’à la défense des droits de l’homme. Cela est à son honneur, on en attendait pas moins d’un dirigeant d’une ONG censée être à équidistance de toutes les chapelles politiques.
Mais ce qui intrigue le commun des mortels, ce sont les évènements qui ont précédé la déclaration de M. Boga Sako.
A peine rentré d’exil, M. Boga a été convoqué et entendu par la justice ivoirienne. Qu’a-t-il dit avec les juges ? sur quoi a-t-il été interrogé par les juges ? Que s’est-il passé pour qu’il opère cette rotation à 180° ?
N’ayant pas de réponses à ces interrogations, on peut donc supposer, qu’au sortir de l’entretien avec les juges, M. Boga Sako a eu sa révélation et a trouvé « son chemin de Damas ». Les écailles lui sont tombées des yeux et comme Saul (Saint Paul), il voit de nouveau. De nouvelles images défilent sous ses yeux qui lui induisent un comportement nouveau et une vision nouvelle.
Rendons alors toute la gloire à l’Incréé qui vient d’opérer ce miracle.
Cependant il est bon de signaler que personne n’a le monopole de l’amour de la Côte d’Ivoire. Tous les leaders du pays ont chacun l’amour du pays. La différence réside dans la vision que chacun a et du message dont il est porteur.
Peu importe s’il y a une fusion, une congruence entre le message et certains messagers qui font courir les destinataires, au grand dam de ceux dont le message et l’image ne passent pas.
Mais soyez sans crainte. S’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA, ANALYSTE POLITIQUE