Lecteur Audio
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Abidjan, 27 juin – Le candidat déclaré à l’élection présidentielle ivoirienne d’octobre 2025, Amadou Diaby, a présenté ce vendredi à Abidjan sa vision économique et sociale pour le pays, lors d’une conférence de presse tenue à Cocody, dans l’Est de la capitale économique.
Face à la presse nationale et internationale, l’ancien haut fonctionnaire, désormais engagé dans la course à la magistrature suprême, a annoncé officiellement sa candidature. « J’ai décidé de me porter candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Je suis convaincu que notre pays a besoin d’un leadership nouveau, d’une vision claire et d’un engagement fort pour relever les défis actuels et bâtir un avenir meilleur pour tous les Ivoiriens », a-t-il déclaré.
Dans son intervention, le candidat a dressé un diagnostic du modèle économique ivoirien depuis l’indépendance. Selon lui, le pays a successivement connu deux systèmes économiques : le capitalisme d’État entre 1960 et 1989, puis un modèle libéral axé sur l’investissement privé étranger à partir de 1990. « Ce second modèle, fondé sur le retrait de l’État de l’activité économique, ne crée pas assez de richesses pour répondre aux défis structurels du pays, notamment le défi démographique », a-t-il fait observer.
Prévenant que la population ivoirienne pourrait atteindre 60 millions d’habitants à l’horizon 2050, Amadou Diaby a souligné les risques d’aggravation des problèmes actuels si la création de richesse ne suit pas cette croissance : classes surpeuplées, manque d’enseignants, coûts élevés de la santé, déficit de fonctionnaires, corruption, précarité de l’emploi.
Le candidat a également évoqué les difficultés d’accès aux financements bancaires, notamment pour les PME, principales pourvoyeuses d’emplois. Il a cité la faiblesse de la « profondeur financière », estimée à 22 % pour la Côte d’Ivoire en 2023, contre une moyenne mondiale de 93 %. « Les grandes entreprises captent plus de 26 % des encours de prêts. Comment créer des champions nationaux et des emplois si les PME n’ont pas accès au crédit ? », s’est-il interrogé.
Amadou Diaby a plaidé pour une refonte du système économique avec un retour assumé au capitalisme d’État. Il propose la relance de sociétés publiques dans les secteurs stratégiques comme l’agriculture (SATMACI, SODERIZ, SODEFEL, SODEPALM), l’élevage (SODEPRA), la pêche, l’agro-industrie (SODESUCRE, SOCATCI), la logistique agricole (AGRIPAC) ou encore la motorisation rurale (MOTORAGRI). « L’État doit redevenir le moteur du développement en orientant les financements vers les secteurs qui garantissent notre souveraineté économique », a-t-il estimé.
Il a aussi dénoncé l’inefficacité actuelle du système éducatif, qui peine à offrir un retour sur investissement aux familles et à l’État. « L’employabilité reste faible. Pourtant, plus de 75 % des Ivoiriens ont moins de 35 ans. Cette jeunesse mérite des perspectives concrètes », a-t-il souligné.
Sur le volet agricole, Amadou Diaby a rappelé que 45 % de la population vit de ce secteur, qui représente pourtant moins de 20 % du PIB. « C’est l’agriculture qui garantit notre stabilité monétaire et financière. Et pourtant, elle est sous-financée. Il faut y remédier », a-t-il insisté.
En conclusion, le candidat a appelé les Ivoiriens à rompre avec les schémas passés et à bâtir ensemble une économie inclusive. « La pauvreté persiste, la richesse reste concentrée. Il est temps de créer une véritable dynamique pour que cette richesse bénéficie réellement aux citoyens », a-t-il lancé, promettant un projet de rupture fondé sur la souveraineté économique, l’inclusion sociale et le développement endogène.
Serge Kpan, Correspondant à Abidjan
Akondanews.net