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Recevant en audience les peuples Akye, Agni et Gwa de la région de la Mé, le jeudi 02 décembre dernier, l’ex chef d’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo a réaffirmé sa volonté de voir tous les prisonniers politiques et militaires libérés en insistant « qu’il y’a des gens qui veulent développer de fausses théories » quant à la libération souhaitée de tous les prisonniers politiques et militaires de la crise postélectorale de 2010, ayant fait plus 7.000 morts selon le rapport non publié de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR).
La question de la libération des prisonniers politiques et militaires de la crise postélectorale, encore en détention, continue d’alimenter le débat politique ivoirien et depuis son retour au pays le 17juin dernier, Laurent Gbagbo en a fait son principal cheval de bataille en vue d’obtenir du régime d’Abidjan, la libération de tous ces acteurs qui ne répondaient qu’aux ordres d’un Président de la République , lui-même libéré et acquitté par la CPI en mars dernier.
Selon, Laurent Gbagbo « les militaires ont fait le travail pour lequel ils sont payés. C’est à dire ils ont défendu la Côte d’Ivoire » face aux attaques des rebelles soutenus par la France et l’Opération des nations unies présente en Côte d’Ivoire (ONUCI).
Aussi, l’ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, a laissé entendre à ses hôtes que « si Gbagbo est acquitté et libéré, ceux qui y sont n’ont plus de raison d’être en prison. C’est une logique qui est élémentaire sauf si on a d’autres idées, comme amputer l’armée de ces meilleurs éléments, par exemple. »
La rencontre avec les populations de la Mé, a été une occasion pour Laurent Gbagbo d’apporter une réplique à la sortie ahurissante du porte parole du gouvernement Amadou Coulibaly qui estime que Laurent Gbagbo qui a un problème de conscience, est responsable des crimes commis par les militaires en détention, poursuivis, il faut le rappeler pour « des crimes de sang, assassinat, meurtre, enlèvement tortures, soustraction de cadavres ».
Précisément, selon Amadou Coulibaly, « si tant il (Laurent Gbagbo) est que ces nuits sont troublées, il peut faciliter le travail de la justice en se rendant lui-même à la justice en avouant, en reconnaissant sa responsabilité (…) car ce n’est pas bien de vouloir exploiter l’émotion et je dirais même la naïveté de ses partisans pour blanchir sa conscience, c’est malheureusement malsain. Mais il ne peut pas continuer à utiliser la naïveté de ses partisans parce qu’il a un problème de conscience ».
Or, le président du PPA-CI, Laurent Gbagbo alléguant qu’il y’a des gens qui veulent développer de fausses polémiques sur sa demande de libération de tous les prisonniers politiques et maintenant sur tous les prisonniers militaires qui sont des prisonniers politiques, dans le cas d’espèce aujourd’hui en Côte d’Ivoire, soutient-il que « Normalement, une fois qu’on m’arrête, on ne devrait pas arrêter les subordonnés puisque c’est moi le donneur d’ ordres. C’est moi le Chef de la Gendarmerie, de l’armée, de la police. J’ai répondu à toutes les questions, je n’ai jamais cité aucun militaire, je n’ai jamais mis en cause un militaire à la CPI. Je ne peux pas être devant les tribunaux et mettre en cause mes subordonnés (…) j’estime que les militaires qui sont encore en prison n’ont plus à être en prison et je continue de plaider pour qu’ils soient libérés. Celui qui fait une autre interprétation ne comprend rien. »
Ferme à ne pas donner une suite favorable à la requête de l’ex Chef d’Etat ivoirien, le porte parole du Gouvernement ivoirien a affirmé au cours de sa conférence de presse du mercredi 1 décembre que si est le cas, faisant allusion à la thèse de Laurent Gbagbo qui soutient l’innocence des prisonniers politiques et militaires, cela pourrait intéresser la justice. Parce qu’il ouvre la voie à une autre procédure à partir du moment où l’aveu est la reine des preuves.
« S’il sent qu’il a une quelconque responsabilité qu’il facilite le travail de la justice en allant lui-même se rendre à la justice », dixit Amadou Coulibaly au cours de sa conférence de presse qui a eu lieu après le conseil des ministres.
La sortie musclée du porte-parole du Gouvernement laisse amplement entrevoir que la marche vers la réconciliation nationale dans le pays, conditionnée en partie par la libération de tous les prisonniers politiques et militaires de la crise postélectorale, reste une chimère et les ivoiriens qui continuent de se regarder en chien de faïence, devront pour longtemps vivre avec la conception de la réconciliation nationale telle que définie par le régime d’Abidjan, qui prône la justice des vainqueurs de la guerre, en arrêtant, condamnant et maintenant dans plusieurs prisons du pays les vaincus de la bataille d’Abidjan de 2010.
Le régime d’Abidjan entend-il tronquer l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, en imputant la responsabilité de la crise militaro-politique de 2010 à Laurent Gbagbo et aux militaires qui répondaient à ses ordres, dans le cadre de la défense du pays qui étaient en proie à une rébellion entretenue et soutenue par la France et l’ONUCI ?
Adingra OSSEI