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Accusé par Michel Gbagbo pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire et inhumain », la justice française a une fois de plus appelé ce mercredi 24 novembre, Guillaume Soro à comparaitre dans l’affaire dont les faits qui lui sont reprochés datent de 2011, au cours de la postélectorale qu’à connu la Côte d’Ivoire.
A l’époque des faits Guillaume Soro était le secrétaire général des forces rebelles, baptisées « Forces nouvelles » avant de devenir premier ministre du Chef d’Etat Alassane Ouattara. Il avait à l’époque conduit ses troupes à l’assaut final pour la conquête du pouvoir d’Etat, fortement disputé entre Laurent Gbagbo déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel et Alassane Ouattara soutenu par la France et déclaré vainqueur hors délai par le président de la Commission électorale indépendante du pays.
Dans l’affaire qui l’oppose à Michel Gbagbo, l’ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a été convoqué pour une audition, le mercredi 24 novembre 2021 par la juge française Sabine Kheris.
Pour les proches de Guillaume Soro, le rebondissement de cette affaire est le fait du régime d’Abidjan qui manœuvre pour parvenir à l’arrestation de leur mentor qui a pourtant été la pièce maitresse de la conquête du pouvoir en 2011 pour le compte d’Alassane Ouattara.
Pour Traoré Mamadou, un cadre de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement politique créé par Guillaume Soro, s’exprimant au micro de 7info, « pour nous, ce qui s’est passé à Paris est un épiphénomène. Cela ne nous ébranle point du tout. Pour tout vous dire, nous ne sommes pas surpris. Ces actions ont des visées purement politiques pour nuire à notre leader… Les gens ont tenté toutes les procédures, dont un mandat d’arrêt international contre Guillaume Soro, cela n’a pas abouti. On cherche donc de nouveaux moyens pour le nuire politiquement ».
Pour la défense de Guillaume Soro, c’est un acte qu’elle qualifie d’« illégal » et qui méprise, selon elle, « le droit international coutumier ».
Dans un fac-similé, le communiqué du collectif des avocats de Guillaume Soro laisse entendre que « les faits dénoncés par Michel Gbagbo sont contestés, mais surtout, cette procédure s’inscrit en violation des règles de droit international, en particulier l’immunité de juridiction dont bénéficient les organes et représentations légaux de l’Etat pour les actes réalisés dans leurs fonctions »
« La règle, c’est la coutume internationale qui s’applique, c’est que le Premier ministre bénéficie d’une immunité de juridiction : il ne peut pas être jugé en France pour des actes commis en sa qualité de Premier ministre en Côte d’Ivoire lors de ses fonctions et dans le cadre de ces mêmes fonctions », explique Me Robin Binsard, l’un de ses avocats.
Il a ensuite dénoncé « un véritable harcèlement judiciaire » contre son client : « C’est la quatrième convocation en huit ans qui est adressé à M. Guillaume Soro alors que la position du procureur est très claire : cette procédure est illégale, l’immunité s’oppose à ce que Guillaume Soro soit convoqué et pourtant, le juge d’instruction, contre l’avis du procureur, contre l’avis de la cour de cassation, persiste à convoquer M. Guillaume Soro. C’en est assez. »
La défense de Guillaume Soro a donc décidé de contre-attaquer en déposant « une requête en nullité » pour obtenir l’arrêt de toute cette procédure explique Me Binsard, qui viole selon lui « les règles applicables » en la matière.
Pour Me Habiba Touré, avocate de Michel Gbagbo, réagissant à la posture de la défense de Guillaume Soro, « libres à eux de communiquer comme ils veulent, mais de notre côté, on entend aller jusqu’au bout », a-t-elle laissé entendre, en assurant que « les arguments évoqués sont hors sujet en ce qui nous concerne ».
Il faut noter qu’en 2015, l’ex-député de Ferkessédougou alors président de l’Assemblée nationale en déplacement à Paris avait échappé de justesse aux autorités judiciaires françaises. Visé par un mandat d’amener, début décembre de cette année, Guillaume Soro n’avait pas été trouvé par la police qui s’était rendue au domicile de son épouse dans le Val-d’Oise, une banlieue parisienne.
En attendant le dénouement de cette énième affaire judiciaire, Guillaume Soro reste terré dans son exile forcé, dans le secret espoir de sortir victorieux de ses frasques qui ont débuté depuis 2012 avec l’affaire Michel Gbagbo et sa rupture de ban d’avec Alassane Ouattara en 2019, sanctionné par un mandat d’arrêt international et une condamnation à perpétuité par la justice ivoirienne.
De quoi Soro Guillaume a-t-il peur pour s’obstiner à fuir l’audition de la juge Sabine Khéris ? Ou encore, les arguments avancés par son conseil sont –ils davantage solides pour sauver l’ex chef des Forces nouvelles ?
Adingra OSSEI