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« L’Allemagne a injecté plus d’un milliard de francs CFA dans la filière mangue »
Dans le but d’améliorer la qualité de la production de mangues kent et obtenir un excellent score de commercialisation sur le marché européen, le ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ), à travers sa struture la Fédération allemande du commerce d’exportation (BDEx), finance depuis 2019, sous l’égide du projet Partner Afrika, des formations intiées par l’Interprofession de la mangue de Côte d’Ivoire (Inter-Mangue). Knud Schneider, chef du projet Partner Afrika, est présent à Korhogo dans le cadre de l’Assemblée générale ordinaire (AGO) de son partenaire Inter-Mangue. Dans cet entretien, cet agronome allemand ayant veçu plus de 30 ans en Afrique francophone, en tant que chef de missions, revient sur ce partenariat qui se veut gagnant-gagnant entre la Côte d’Ivoire et l’Allemagne.
Qu’est-ce que le projet Partner Afrika initié par le BDEx ?
Le projet Partner Afrka est financé par l’initiative spécial du ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ) et mise en œuvre par la Fédération allemande du commerce d’exportation (BDEx) et son partenaire ivoirien, Inter-Mangue. Nous avons pour mission de renforcer la compétitivité des PME dans certaines chaînes de valeur de la production fruits et légumes. Il est financé pour une période de 2019 à 2022. Son bugdet est de 1.600.000 euros soit 1.049.723.833 francs CFA.
Pourquoi ce projet Partner Afrika s’intéresse-t-il à la Côte d’Ivoire ?
Comme vous le savez, la Côte d’Ivoire est un partenaire historique de l’Allemagne. Elle dispose d’énormes potentialités qui intéressent non seulement les commerçants et hommes d’affaires allemands, mais aussi toutes les couches sociales de la filière mangue en Côte d’Ivoire. On pourrait dire que c’est un partenariat gagnant-gagnant.
Que représente la mangue de Côte d’Ivoire pour le consommateur allemand ?
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il est très difficile de trouver des produits réalisés à base de mangue fraîche ou sechée issues des vergers ivoiriens dans les rayons des supermarchés en Allemagne. Même si les mangues de Côte d’Ivoire sont présentes dans les rayons, il faut dire que c’est encore très insignifianr. Hormis les questions techniques, je pense qu’il y a la barrière des langues. Parce qu’il y a très peu d’Allemands qui parlent le français et pareil en Côte d’Ivoire, il n’y a pas trop de personnes qui comprennent l’allemand. On se débrouille un peu en anglais. Il faut noter qu’il y a un début de coopération commerciale et c’est ce qu’il faut renforcer pour diversifier les partenariats commerciaux entre l’Allemagne et la Côte d’Ivoire.
Grâce au financement du ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ), l’Inter-Mangue forme ses différents acteurs. A quel besoin répond tous ces financments initiés par le Gouvernement allemand à travers le BDEx ?
Nous avons choisi de financer certaines formations parce que cela résulte du constat de l’Inter-Mangue et de ses acteurs qui connaissent mieux leurs forces et les faiblesses de leur secteur d’activités. Cette analyse a conduit à la mise en place de thématiques prioritaires afin d’y trouver des solutions idoines.
Qu’en est-il de la formation sur le Marketing ?
Le Marketing est un atout très important dans la struture d’une entreprise. Si une entreprise veut faire un bon qualitatif et gagner des revenus, elle doit s’accommoder de stratégies marketing. En Afrique, on connait les anciennes méthodes commerciales qui sont aujoud’hui obsolettes. Si on veut gagner plus et si on veut professionnaliser son entreprise, il faut s’inscrire dans une démarche marketing. C’est pour cette raison qu’il faut inscrire le Marketing dans la filière mangue de Côte d’Ivoire.
Quelles sont les exigences auxquelles doit satisfaire la mangue de Côte d’Ivoire pour être mieux vendue sur les marché européen et allemand ?
Les exigences sont multiples. Il faut naturellement remplir des formalités administratives qui représentent le minimum. Là aussi, nos partenaires acteurs de l’Inter-Mangue ont été formés pour remplir cette exigence admnistrative. Il y a en plus de cela la question sanitaire. Le problème majeur reste la mouche de la mangue. Donc, il faut faire très attention à l’impact de cette mouche sur la production qui pourrait entraîner des interceptions ou rejets de conteneurs au contrôle en Europe. Il ne faut pas oublier que le consommateur attend un ravitaillement régulier et de très bonne qualité. Il faut savoir que la mangue est un produit de luxe en Allemagne parce que ça n’y pousse pas. Donc, si la mangue de Côte d’Ivoire doit être présente sur les marchés européen et allemand, il faut qu’elle soit de qualité – supérieure – parce qu’il ne faut pas oublier la concurrence des pays de l’Amérique du sud et de l’Asie.
Les pertes post-récoltes constituent 40% de la production de mangue en Côte d’Ivoire. C’est énorme. Comment les acteurs d’Inter-Mangue pourraient-ils rémédier à cette perte à la fois de production et de revenu ?
En collaboration avec I’interprofession de la Mangue, nous avons financé une formation sur les pertes post-récoltes de la mangue, parce que cela a été identifié comme une priorité. Il y a d’énormes pertes le long de la chaîne de valeur. Ça commence avec le traitement des vergers, le transport des productions, le conditionnement dans les centres jusqu’à l’exportation. Les pertes sont tellement élévées qu’il est primordial d’offrir cette formation afin de réduire ce phénomène.
Le parteneriat BDEx et l’Inter-Mangue prendra fin en décembre 2022. A quoi doit-on s’attendre ?
Après trois (3) ans de collaboration entre le BDEx et l’Inter-Mangue, ce projet Partner Afrika prend fin malgré de grandes pertubations dues aux restrictions du COVID-19. Il y a de nombreuses activités dans le cadre de ce partenariat qui n’ont pas pu être réalisées. Des discussions, des réflexions, sont en cours pour statuer sur la possibilité d’une reconduction de certaines activités dans une prolongation. Nous attendons une décision du ministère fédéral de la coopération économique et du développement (BMZ) vers le dernier trimestre de l’année 2022.
Est-il prévu des voyages d’immersion des acteurs de l’Inter-Mangue en Allemagne pour renconter les consommateurs et entreprises allemands ?
Je citerai un beau proverbe africain qui dit : « L’intelligence est un fruit qu’on cherche dans les jardins du voisin. » Il était prévu des voyages de découverte des acteurs d’Inter-Mangue aux diverses foires des fruits en Europe. Pour le moment, l’Allemagne est très touchée par le COVID-19, mais si ca va mieux, nous tenons à réaliser cette activité.
Quels sont vos conseils aux acteurs de la mangue de Côte d’Ivoire ?
Mon conseil est que ces acteurs de l’Inter-Mangue appliquent scrupuleusement et mécaniquement les techniques qu’ils apprennent au cours des différentes formations. Tout cela aide à professionnaliser leurs activités dans la filière mangue. Nous proposons de renforcer leurs liens avec l’interprofession de la mangue et de contribuer à la pérennisation de cette filière.
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