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S’il se trouve un secteur d’activité de la société ivoirienne au centre de toutes les préoccupations liées au bon droit, c’est bien l’appareil judiciaire. Les justiciables ivoiriens ne savent plus à quel saint se vouer, tellement les procès se font à la tête du client. Depuis l’année 2011 qui consacre la victoire par la prise du pouvoir d’Alassane Ouattara et son parti le Rhdp (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), il n’est pas bon d’être traîné devant le juge. Surtout lorsque le plaignant sait que vous êtes partisan de l’opposition ou supposé l’être.
Ils étaient au nombre de trois cents prisonniers politiques en 2016, en 2021, Laurent Gbagbo déposait une liste de 110, le reste ayant été libéré, devant Alassane Ouattara, pour réclamer leur libération. Mais ça peut attendre. Le chef de l’État ivoirien a d’autres chats à fouetter. Surtout, comment donner fière allure à ces juges. Sinon, pour l’exécutif ivoirien, tout va plutôt mieux pour le meilleur des mondes. En a témoigné d’ailleurs le Garde des Sceaux ministre de la juge. « Les progrès réalisés dans le secteur judiciaire, même si beaucoup reste à faire, sont indéniables. La construction de nouvelles juridictions, d’un nouveau siège pour l’Institut national de formation judiciaire, à la dimension du pouvoir judiciaire, ainsi que les diverses dotations en mobiliers de bureau, en moyens de mobilité, en équipements informatiques ont amélioré la qualité du service public de la Justice. Tous ces progrès ont nécessité d’importants moyens financiers que l’Etat a bien voulu mettre à disposition pour permettre à notre secteur de remplir efficacement ses missions. L’un des outils essentiels de travail des magistrats est le costume. Le costume pour le magistrat revêt un sens particulier : il symbolise la solennité et la dignité rattachées à son serment et à ses obligations de rendre la justice au nom du peuple en toute impartialité. La justice, en effet, est toujours rendue en robe. Pourtant, que de difficultés pour les juridictions dans la constitution des formations de jugement, liées au déficit de toges », a déclaré la main sur le cœur le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Sansan Kambilé. C’était le vendredi 6 mai au palais de justice du Plateau. Lors de la cérémonie qui a consisté à la remise de 468 toges aux magistrats de Côte d’Ivoire.
« Ce problème (Ndlr: déficit de toge) est désormais résolu. Chaque magistrat, d’une formation de jugement pourra à présent prendre son audience, en toute sérénité, sans avoir à rechercher une toge. La cérémonie de ce jour va en effet consister en la remise 468 toges de magistrat d’un montant de 400 millions de Fcfa financés, par le Budget de l’Etat. Ces toges sont composées de 325 toges noires et de 143 toges rouges. Sur les 468 toges, 287 ont été distribuées dont 195 noires et 92 rouges. Il restera ainsi en réserve 181 toges constituées de 130 noires et de 51 rouges. Les dotations de ce jour ne sont pas un acte isolé. Elles s’inscrivent dans un programme de mise à disposition des acteurs judiciaires de moyens nécessaires à l’exercice de leurs fonctions. Ainsi, nous procéderons dans quelques semaines à la remise de véhicules aux greffiers en chef. Ce processus sera poursuivi par l’achèvement de la mise à disposition du personnel pénitentiaire des uniformes », a annoncé le ministre de la Justice. Avant d’inviter les magistrats, à prendre soin des costumes qui leur ont été remis.
Les récipiendaires, par la voix du président de la Cour d’Appel de Korhogo, Koné Abou, ont exprimé leur gratitude au donateur. Ils ont promis d’œuvrer pour une justice moderne. Comme on le constate, la justice ivoirienne soigne son aspect extérieur par le vestimentaire, dans un pays où le taux de surpopulation carcérale atteignait les 266% en août 2019.
En effet, la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) qui dispose théoriquement de 1.500 places, comptait en début 2020 plus de 8.000 pensionnaires. Bonne arrivée dans la république du Gondwana ! Comme dirait l’autre.
Denzel Bereby
Akondanews.net