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Plusieurs centaines de docteurs-chômeurs ont envahi pour diverses raisons les atterres de la commune du plateau ce mercredi 3 novembre, avant de faire face à une violence inouïe des forces policières déployées à travers le centre des affaires du pays. Ce sont au total 47 docteurs-chômeurs qui ont été arrêtés puis relaxés un peu plus tard dans la soirée. Cet état de fait intervient suite à une rencontre marquée par un échec de compromis et de consensus entre les leaders des docteurs-chômeurs, non recrutés dans les rangs des enseignants-chercheurs de Côte d’Ivoire et le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Adama Diawara le mardi 2 novembre dernier.
Dans un communiqué rendu public le collectif des Docteurs Non Recrutés (CDNR) donne les raisons de son cri de cœur et ses attentes vis-à-vis du Chef de l’Etat ivoirien.
Scandale de DOSSIER des 3000 docteurs X 50.000F CFA réclamant un décret spécial déposé sur la table du président Alassane Ouattara.
Ne faites pas encore de calcul: 3000 à multiplier par 50.000F, ajoutez à la somme trouvée, ce que donnera 10 voire 15.000 FCFA par dossier pour dire que l’on n’est pas frappé d’un subit bégaiement, et cela, après avoir brillamment soutenu devant un jury de thèse du doctorat. Cela fait déjà combien par an pour ce businesse bien, tenu par le ministère de l’Enseignement Supérieur et ce, depuis plus de 5 ans. Un bon pactole qui coule dans les poches et qui suinte entre les carreaux de la Tour au Plateau. L’on n’ose pas croire à la colère des docteurs ivoiriens. Le Président Alassane vient d’être informé ?.
Le Dossier des docteurs ivoiriens
« Le jeudi 21 octobre 2021, nous, Collectif des Docteurs Non Recrutés de Côte d’Ivoire avions, au cours d’une conférence de presse dénoncé l’opacité qui sapait le système de recrutement des assistants dans les universités publiques de Côte d’Ivoire. L’arsenal d’injustices manifestes qui caractérisent le dernier en date est la goutte de trop. Pour cette session dont, un secret absolu a été entretenu autour des places disponibles, une véritable chaine d’arnaque a été mise en place.
La lourdeur de la constitution des dossiers
Pour chaque université où le candidat postule, il doit impérativement constituer un dossier qui se compose comme suit : un exemplaire de la thèse, un certificat de nationalité, un casier judiciaire de moins de trois (3) mois, un extrait d’acte de naissance de moins de six (6) mois, une photocopie légalisée de tous les diplômes obtenus depuis le BAC, un porte-document vendu à 2000 francs aux candidats pour ce qui concerne l’université Alassane Ouattara de Bouaké , une clé USB de deux (2) gigas vendue à 4000 francs à l’université Lorougnon Guédé de Daloa, un certificat de non-bégaiement dont le coût oscille entre dix mille (10.000) et quinze mille (15.000) francs CFA selon les structures. Comme si, après avoir été déclaré non-bégayeur à l’Université de Daloa par un médecin assermenté de L’État ivoirien, un Docteur candidat peut l’être à San Pedro.
En outre, les professeurs de lycée et collèges, titulaires du Doctorat, en services dans les établissements publics de l’Etat de Côte d’Ivoire ne sont pas exemptés de ce certificat de non-bégaiement. Cela est d’autant plus ahurissant dans la mesure où l’on s’interroge sur la manière dont une personne qui enseigne après sa formation à l’ENS qui l’a jugée apte, peut temporairement devenir un bègue à cause du recrutement des assistants. À cette litanie de rackets, s’ajoute le déboursement de la somme de 50 000F par le Docteur candidat comme droit d’inscription dans chaque université.
L’atrocité du dépôt des dossiers et des auditions
Après la constitution de ces dossiers onéreux, la saignée financière du Docteur candidat se poursuit. Il doit se rendre physiquement dans chaque structure où il est censé postuler. Par exemple, pour un Docteur ou un Ingénieur qui veut faire acte de candidature à Korhogo, Bouaké, Man, San Pedro et Daloa en vue de multiplier ses chances de réussite, il devra sillonner toutes ces villes pour y déposer un dossier physique de candidature. Une semaine, après son retour à Abidjan, pour celui qui y habite, il devra reprendre les mêmes pérégrinations dans un délai intenable. Puisqu’ il doit faire face à des programmations fantaisistes et expéditives selon lesquelles un candidat devait être dans deux ou trois universités localisées dans des villes aux antipodes, le même jour pour les auditions.
La « publication » des résultats ou la consécration de l’arnaque
Après avoir fait des auditions distinctes dans plusieurs universités devant des Jurys choisis par ces universités, les résultats sont proclamés en une seule phase sur « une seule liste ». Et ce, par le Ministère de l’enseignement Supérieur suite à une « Commission Nationale de Recrutement des Enseignants du Supérieur ».
La question qui taraude plus d’un Docteur Candidat, et toute personne cohérente évidemment, est de savoir si cette« commission » représente une délibération bis des différents jurys des universités. Aussi s’interrogent-ils sur les raisons pour lesquelles les résultats ne sont pas proclamés indépendamment par les Universités puisque les auditions ont eu lieu selon le principe des EPN ?
L’absence de justifications objectives à ces interrogations, a servi de terreau fertile aux rumeurs et hypothèses de tout genre. Certains membres du jury ont déclaré, sous anonymat, que les résultats du ministère tripatouillent les leurs. En effet, ils soutiennent que les moins méritants de l’audition sont souvent déclarés admis par la « commission » au détriment des plus méritants.
Ces déclarations, émanant souvent de professeurs suscitent des inquiétudes quant à l’avenir des universités ivoiriennes. Elles frisent l’irresponsabilité d’une intelligentsia, qui par manque de courage, sacrifie l’élite de la nation sur l’autel de ses appétits financiers.
En effet, en présidant ces auditions, ces Professeurs reçoivent des émoluments pas moins consistants en retour. Sinon, pourquoi un enseignant qui estime que les résultats d’une audition qu’il a présidée sont transmués, ne dénoncerait-il pas publiquement cela ? La peur de représailles et de perte de leur pain dans un Etat ou des Enseignants, pour avoir dénoncé des injustices, peuvent voir leurs salaires suspendus par un Président d’Université sur une période selon ses humeurs, sans que la justice ne dise mot, sont évoquées par ces derniers.
Malheureusement certains cas de Docteurs retenus, semblent conforter ces affirmations de favoritisme sous anonymat. En effet, pour cette session 2021, des Docteurs avec certainement des parrains bien placés ont été retenus dans des domaines qui n’étaient pas forcément leurs spécialités, quand bien même des spécialistes de ces domaines ont été écartés.
La publication des résultats de la session 2021 a laissé un goût très amer.
Cette année, la liste des admis n’a pas été publiée comme cela se faisait par le passé. Il s’agissait, pour chaque candidat, de consulter son résultat en ligne à l’aide de son numéro de candidature. Jusqu’ à ce jour, le Ministère semble être la seule entité à détenir secrètement la totalité des noms et le nombre de personnes retenues. Aucun communiqué officiel n’a été publié, pour faire le bilan des résultats. Ce mystère autour de la fameuse liste d’admis, intrigue plus d’un.
Cependant, certains faits indignant pour tout citoyen ivoirien et déshonorant par ricochet pour notre belle nation semblent malheureusement avérés. En effet, le recoupage des échanges entre différents Docteurs a permis de découvrir la supercherie. En effet, il y a des départements et/ou des UFR dans lesquels aucun candidat n’a été retenu. L’exemple le plus effarant est la situation de l’extorsion de fonds de l’Université Lorougnon Guédé de Daloa.
Dans cette Université, selon les témoignages, 99 Docteurs ont candidaté pour le poste d’Assistant en Géographie dont 69 en Géographie Humaine et 30 en Géographie Physique. Mais aucun n’a été retenu. Cette filière ne serait pas la seule.
L’opacité entretenue autour de la publication officielle des admis, par le Ministère ne nous permet pour le moment de nous prononcer avec certitude au risque de voir des admis fictifs ou de dernière heure sur la liste à laquelle, seul le Ministère à accès.
Si on considère seulement le coût du certificat de non-bégaiement qui s’élève à dix mille francs (10.000 Fr) et les frais de dépôt du dossier physique, soit cinquante milles (50 000 Fr) par candidat, chaque Docteur postulant s’est vu pirater la somme de soixante mille francs, nous disons bien : 60.000 Fr à la comptabilité de l’Université Lorougnon Guédé, sans les nombreuses exigences citées plus haut. On pourrait dire que la somme extorquée aux Docteurs Géographes s’élève à 5. 940. 000 francs CFA.
Analyses et propositions
Le ratio par Enseignant dans nos universités, est de plus 50, certains l’estiment à 75 étudiants par Enseignant, là où la norme préconise 25. Il faut donc un recrutement à très grande échelle des Docteurs comme celui des 2000 Assistants recrutés au Cameroun suite de Décret Spécial de novembre 2018.
En Côte d’Ivoire, l’argument de la limitation des revenus de l’État, au cas où il devrait être avancé comme justification, est aisément battu en brèche par le nombre alarmant de nos ministres et autres postes politiques budgétivores, dont on peine à voir l’importance.
Les Docteurs peuvent assurer les postes de conseillers, de chargés de missions dans les différents Ministères. Affecter des Docteurs, selon leurs spécialités, à ces postes comme des fonctionnaires, va redynamiser les Ministères qui seront objectivement des instruments de services publics.
L’État ivoirien engloutit environ 40 milliards pour orienter des étudiants dans des universités privées, pour ne pas dire villas privées, dont la majeure partie n’a pas l’homologation du Ministère de l’Enseignement Supérieur. Comme l’a démontré Dr Dognimalass Coulibaly, cet argent peut servir à recruter des Enseignants en orientant ces Étudiants dans nos Universités publiques. Surtout que la majeure partie des Étudiants issus de ces Villas, que disions-nous, ces universités privées, malgré les diplômes y obtenus, peinent à postuler aux concours de la fonction publique. Parce que la plupart de ces diplômes ne sont pas reconnus par l’État de Côte D’Ivoire.
L’État oriente des Étudiants dans plusieurs Universités privées dont il ne reconnaît pas les Diplômes. Toutefois, certaines remplissent les conditions. Pour ces dernières, on pourrait imposer un certain nombre de Docteurs recrutés et rémunérés par l’État comme des fonctionnaires en puisant dans les faramineuses subventions de ces écoles. En étant dans ces Universités privées, ces Docteurs fonctionnaires seront un gage du suivi et du respect des normes de formation des Étudiants. Généralement dans ces universités privées qui reçoivent un grand nombre des affectés de l’Etat, les volumes horaires des cours sont taillés sur mesure et payés à des taux horaires précaires.
En outre, le niveau des Étudiants ne semble pas forcément une priorité pour des fondateurs qui mettent surtout le caractère mercantile en avant. Difficile voire impossible pour des étudiants n’ayant pas le niveau de reprendre l’année académique au risque d’être happés par des écoles concurrentes. Certains Enseignants, bien qu’issus de nos Universités Publiques, sont plus légers dans ces universités privées de peur d’être taxés de trop rigides au risque de perdre « leur gombo ». Pourtant dans les Universités publiques ils sont plus rigoureux.
De qui précède, nous, Collectif de Docteurs Non Recrutés, demandons :
La prise d’un décret exceptionnel par Son Excellence Docteur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, pour le recrutement de tous les Docteurs aussi bien dans l’Enseignement Supérieur que dans l’administration ; L’audit systématique du concours de recrutement des assistants sur les cinq dernières années ;
Le remboursement immédiat et le dédommagement des Docteurs ayant postulé dans les départements où aucun candidat n’a été retenu ; La réforme du système de recrutement des assistants avec la suppression immédiate des auditions, la réduction des documents afférents au concours, la suppression du système de parrainage. La mise sur pied d’une commission nationale de recrutement unique (pour les sessions futures), à un coût fixe et réduit, valable pour toutes les Universités publiques, guidée par les principes d’équité et d’objectivité ».
Les porte parole du collectif des Docteurs mécontents:
Pour le collectif des Docteurs Non Recrutés (CDNR)
Dr Dally, Dr Gouledehi; Dr Bosson
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