CÔTE D’IVOIRE: Chasse aux sorcières.

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En Côte d’Ivoire, demain n’est pas la veille pour la paix des braves dans le landerneau politique. Alors que tout le monde spéculait et attendait la reprise du dialogue politique entre le pouvoir, l’opposition et la société civile, le pouvoir est sorti avec ses gros sabots.

Le lundi 27 décembre 2021, le directeur de l’Unité spéciale d’enquête (USE), le magistrat Adou Richard Christophe, est monté au créneau pour jeter de l’huile sur le feu et donner un coup d’arrêt au dialogue politique.

Au motif de la lutte contre l’impunité, il a menacé de poursuites judiciaires Henri Konan Bédié, qu’il a nommément cité comme commanditaire, et tous les leaders de l’opposition, dont certains déjà placés sous contrôle judiciaire, qui ont participé à la désobéissance civile et au boycott actif durant la présidentielle du 31 octobre 2020, ayant fait officiellement 85 morts.

 

C’est encore une douche froide dans une ambiance de crispation. D’une part, il n’y a que l’opposition, depuis dix ans, qui boit le calice jusqu’à la lie dans tous les incidents et affrontements. Personne ne s’étonnera que les 233 individus interpellés à l’occasion de ces derniers mouvements soient tous ou presque issus de ses rangs; les militants et miliciens du RHDP restant presque toujours à l’abri.

Ainsi, en février 2020, des activistes du parti présidentiel sont passés entre les mailles de la justice après avoir terrorisé, à visage découvert, les chrétiens catholiques d’Abidjan, qui ont été obligés d’annuler leur « marche priante ».

Et maintenant, les occupants du célèbre gbaka vert bondé notamment, armés de machettes et d’objets contondants pour casser de l’opposition, en août et octobre 2020, sont sûrs de ne pas être inquiétés; le directeur de l’USE n’ayant parlé que du propriétaire de ce véhicule qui serait en fuite.

D’autre part, les espoirs de retrouvailles politiques chaleureuses au chevet du pays ne cessent de partir en fumée. Après la guerre de 2010-2011 et le scrutin présidentiel du 31 octobre 2020, la hache de guerre n’est toujours pas enterrée. Toutes les rencontres sont de pure forme. Tous se regardent en chiens de faïence, avec d’hypocrites assauts d’amabilité.

Après l’épreuve de force de la présidentielle, Alassane Ouattara et Konan Bédié se retrouvaient le mercredi 11 novembre 2020. « C’est une première rencontre pour rétablir la confiance », déclarait le chef de l’État. « Nous avons pu briser le mur de silence », renchérissait le président du PDCI-RDA.

A l’arrivée, la confiance reste toujours rompue et le mur de silence demeure en béton pour laisser la place à des chasses aux sorcières et autres règlements de compte politiques.

F. M. Bally

Akondanews.net

 

 

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