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A l’entame du conseil de ministres du mercredi 9 juin, le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara a annoncé la création de 12 nouveaux districts autonomes sur l’ensemble du territoire ivoirien conformément à la loi sur l’organisation générale de l’administration territoriale.
Dans la perspective de rendre pleinement effective la politique de décentralisation en Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara a fait de la création des 12 nouveaux districts autonomes dès l’ouverture du conseil de ministres une question centrale.
En effet, la création de 12 nouveaux districts autonomes mis à part des deux premiers déjà fonctionnels que sont, le district autonome d’Abidjan et le district autonome de Yamoussoukro intervient pour « renforcer le maillage territorial de l’administration » selon Alassane Ouattara et ce, au regard de la loi n°2014-451 du 5 août 2014 sur l’organisation générale de l’administration territoriale qui prévoit la création de districts autonomes en Côte d’Ivoire.
Faisant cas du bien fondé de la mesure de création des 12 nouveaux districts autonomes, Alassane Ouattara affirme que « le district autonome est un pôle de développement local regroupant au moins deux régions. Il obéit dans son fonctionnement à la fois aux règles de déconcentration et de décentralisation ».
De plus, « la création de districts autonomes vise à renforcer l’efficacité de l’action du gouvernement. Notamment en ce qui concerne la coordination, l’évaluation et le suivi de la bonne exécution des projets de développement pour le bien être de nos compatriotes » laisse entendre Alassane Ouattara.
Poursuivant, Alassane Ouattara indique qu’« il est chargé de susciter et d’examiner en liaison avec les services techniques des ministères et des organismes publics d’une part et les collectivités territoriales d’autre part, la réalisation d’études prospectives. Ces études permettront l’établissement d’un schéma directeur et le livre blanc du district autonome pour le développement du district et ceux-ci seront approuvés et suivis par le gouvernement ».
En d’autres termes, selon Alassane Ouattara, la création des 12 nouveaux districts vise à «relever les défis d’un développement diversifié et équilibré sur l’ensemble du territoire national et conformément au 3ème pilier de notre programme ‘’ la Côte d’Ivoire solidaire’’, il apparaît nécessaire de poursuivre le maillage territorial vers la création de 12 nouveaux districts. Cette décision permettra la mise en œuvre des projets de l’Etat dans toutes les localités du pays à travers une surveillance et une supervision plus accrue».
Par ailleurs, selon le chef d’Etat, «les districts autonomes seront dirigés par des ministres-gouverneurs, de hautes personnalités et de cadres expérimentés du pays ayant une proximité avec les populations provenant de chacun des districts qu’ils dirigeront suite à leur nomination en qualité de ministre».
Dans l’attente de la nomination des hautes personnalités qui auront à charge la gestion des 12 nouveaux districts autonomes prévue à la fin du mois de juin, il faut rappeler qu’à l’accession à l’indépendance, le gouvernement ivoirien avait mis sur place une politique de déconcentration pour assurer l’administration du territoire. Le processus de décentralisation en Côte d’Ivoire a véritablement démarré en 1978 avec la loi n° 78-07 du 09 janvier 1978 portant création de vingt six (26) Communes de plein exercice. Depuis lors, le nombre des Communes n’a cessé de croître. En 1980, 197 communes ont été créés (196 en plus de la ville d’Abidjan). Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, il existe 31 régions à la fois circonscriptions administratives et collectivités territoriales, réparties au sein de 12 districts, en plus de 2 districts autonomes.
Toutefois, bien que la volonté politique du chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara apparaît aux fins de rendre pleinement effectif le processus de décentralisation de la Côte d’Ivoire, il faut noter que plusieurs faiblesses relatives à la décentralisation subsistent à l’aune de la création des 12 nouveaux districts.
En fait, l’absence d’une fonction publique territoriale donne libre cours aux dirigeants des collectivités territoriales en Côte d’Ivoire de procéder au recrutement des agents qui pour la plupart ne disposent pas de qualification et de compétence. Aussi, les élus locaux ne sont ils pas formés à la complexité et à la délicatesse de leur mission de gestion des collectivités territoriales au bénéfice du développement local. Enfin, l’absence d’autonomie financière plombe en partie le bon fonctionnement des collectivités territoriales.
Dès lors que cache la création des 12 nouveaux districts autonomes en Côte d’Ivoire sans que les autorités centrales n’aient fait les états généraux de la politique de décentralisation adoptée par le pays dès son accession à l’indépendance ?
Adingra OSSEI