Cohésion sociale et réconciliation nationale en Côte d’Ivoire: possibilités, limites et perspectives

Dès son accession au pouvoir, le 11 avril 2011, suite à la crise post-électorale de 2010-2011 qui a opposé le président sortant, Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître sa défaite, le président Alassane Dramane Ouattara a insisté sur la nécessité d’une reconstruction globale post-conflit.

Dans cette perspective, plusieurs initiatives vont être lancées, notamment dans le domaine de la réhabilitation physique des infrastructures détruites et de la reconstitution du tissu social détruit par plus d’une décennie de crise politico-militaire .
A ce propos, la toute première action qu’il a entreprise fut la création de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) dont le principal rôle était de «créer les conditions d’une éradication de la violence et des violations des droits humains en vue d’aboutir à la réconciliation des Ivoiriens et des Ivoiriennes.»
Néanmoins, au processus de réconciliation s’est finalement adjoint celui de la cohésion sociale car on s’est aperçu au fil du temps que les actions ponctuelles dans le cadre de la réconciliation devaient s’accompagner d’une vision de paix à plus ou moins long terme afin d’éviter de retomber dans les crises précédentes.
Dans la même veine, le programme national de cohésion sociale (PNCS), a été mis en place, en 2012, avec pour objectif principal de « contribuer au retour ou au renforcement de la cohésion sociale » .
Aujourd’hui, tout un département ministériel a été créé pour promouvoir le dialogue et évaluer les actions du gouvernement. Il est dénommé ministère de la réconciliation et de la cohésion sociale. Il a pour objectifs principaux le renforcement de la cohésion nationale et de la réconciliation des filles et des fils de la Côte d’Ivoire.
Dans ce contexte, les partenaires au développement, notamment les Nations unies, ont appuyé la formulation et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de cohésion sociale soutenue par le Programme d’Appui à la Consolidation de la Paix (PACoP).
Toutefois, il est nécessaire de souligner que le souci de cohésion nationale ne date pas d’après la crise post-électorale.
En réalité, dans le souci d’améliorer sa collaboration avec la population de façon générale et particulièrement avec les différents acteurs, il a été créé, en 2008, un organe devant servir au renforcement de la solidarité et de la cohésion sociale. Il s’agit de l’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion Sociale (OSCS) mis en place suite aux accords politiques de Ouagadougou, le 4 mars 2007 .
Enfin, dans le sens d’un apaisement, des prisonniers politiques de poids ont été libérés tandis qu’après maintes tractations, le retour en Côte d’Ivoire de l’ex-président Laurent Gbagbo était effectif depuis le 17 juin ainsi que certains de ses plus proches collaborateurs, un peu plus tard.
Sommes-nous, pour autant, en droit de soutenir que le pays s’est résolu engagé sur la voie de la réconciliation ?
Il est trop tôt pour le dire, car «il y a loin de la coupe aux lèvres», comme le dit l’adage, parce que entre ce que les acteurs politiques disent et ce qu’ils font il y a un grand fossé.
En outre, les initiatives politiques et institutionnelles du président Alassane Ouattara constituent des avancées notoires, mais les résultats peu convaincants de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, à laquelle a succédé la Commission Nationale pour la Réconciliation et l’Indemnisation des Victimes, ainsi que le refus de réformer la Commission électorale indépendante (CEI), en dépit des demandes réitérées d’une grande partie de la société civile et de la classe politique font planer des suspicions sur la volonté des acteurs d’aller à la réconciliation.
Faut-il pour autant dire que la paix est condamnée en Côte d’Ivoire ? Oh que non ! Le Président Alassane, sachant qu’une paix durable ne saurait avoir lieu sans la participation des jeunes à cause non seulement de leur poids démographique et de leur implication dans la violence et les conflits armés, a fait de la formation et de l’insertion socio-professionnelle des jeunes une priorité. Reste désormais à les sensibiliser aux valeurs cardinales de la réussite, à l’exemple du travail acharné, la patience, la détermination, la responsabilité, l’honnêteté, le respect, etc. sans lesquelles une nation forte ne pourrait être bâtie.

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant

Akondanews.net

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