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Aujourd’hui, la capacité de comprendre et parler au moins une langue étrangère est une compétence de plus en plus importante car en sus des opportunités réelles d’embauches que cela représente, apprendre et maîtriser une seconde langue est un puissant outil de communication et de connexion avec diverses cultures.
Par-delà, il faut reconnaître que l’apprentissage d’une langue étrangère confère à son apprenant l’avantage de renforcer ses capacités cognitives et analytiques, sans parler des effets bénéfiques sur la santé mentale à un âge avancé et l’amélioration de l’estime de soi et la confiance en soi.
Dans le cas de l’anglais, il n’y a aucun doute que c’est la langue la plus prépondérante et que « choisir de se former en anglais, c’est faire le choix d’une plus grande employabilité. »
En effet, enseigné dans plus de 118 pays à travers le monde et troisième langue la plus parlée sur le globe, l’anglais est, à la fois, la langue du commerce international, du web, des technologies, des sciences, de l’aviation, de l’informatique, de la diplomatie internationale, du sport et du tourisme, sans mentionner le fait que c’est la langue de la communication internationale, des médias et d’Internet.
Les avantages, donc, à parler anglais, surtout dans un pays francophone, sont réels, surtout pour les élèves et étudiants car que ce soit pour des raisons professionnelles ou personnelles, posséder de solides compétences dans cette langue les aidera, à coup sûr, à atteindre leurs objectifs socio-professionnels.
Au vu de ce qui précède, l’on comprend pourquoi la Côte d’Ivoire, ayant compris l’importance grandissante de cette langue, a instauré son apprentissage depuis la classe de 6ème.
Mais faut-il même envisager l’idée que le pays serait mieux loti s’il « sautait le pas » comme le Rwanda qui a fait de l’anglais sa première langue, au détriment du français?
Avant de répondre à une telle question, il serait pertinent d’en poser une autre: « pourquoi se former à l’anglais pour des francophones? » En d’autres termes, que gagnerait un pays comme la Côte d’Ivoire à être bilingue ?
L’idée semble, certes, farfelue, voire folle mais elle mérite d’être considérée car il faudrait considérer la question du point de vue des enjeux que représente l’anglais.
On sait que l’anglais demeure la « langue officielle de 53 pays et est parlé comme première langue par environ 400 millions de locuteurs dans le monde », même s’il n’est pas la première langue la plus commune au monde; ce qui, tactiquement, procure l’avantage unique de communiquer avec quiconque venant d’un autre pays et, par conséquent, d’avoir accès à des opportunités professionnelles internationales.
En outre, ce n’est un secret pour personne que l’anglais est la « langue d’Internet » car si « environ 565 millions de personnes utilisent Internet tous les jours et environ 52 % des sites Web les plus visités sont affichés en anglais »; ce qui signifie qu’apprendre cette langue donnera accès à plus d’information et de contenu web pour sa propre formation et « d’échanger des informations avec plus de personnes en ligne et d’utiliser beaucoup plus de ressources », ce qui, in fine, contribue à l’amélioration continue de ses compétences et compréhension orale et écrite de l’anglais, pour plus d’employabilité.
Par ailleurs, étant donné que plusieurs entreprises ont fait le choix d’adopter « l’anglais comme langue officielle de communication » et que sur cette base, elles peuvent « attirer des talents plus divers», les étudiants francophones qui comprennent l’anglais sont susceptibles d’avoir deux fois plus de chance de décrocher un emploi avec ces entreprises.
Enfin, eu égard au fait que l’anglais est « la langue des sciences », non seulement, la plus grande partie des publications scientifiques sont faites dans cette langue, mais encore 95% des meilleures universités dans le monde sont anglophones. Ce qui peut représenter une véritable aubaine pour les francophones qui, au-delà même des principes de diversité, d’inclusion et d’équité, pourront bénéficier de nombreux programmes et opportunités de bourses et d’échanges internationaux.
Comme on le voit, l’anglais combiné au français contribuera à accroitre l’employabilité et l’emploi des étudiants francophones mais encore faudrait-il pour cela que les autorités ivoiriennes aient la volonté politique de faire de cette langue le binôme du français.
Néanmoins, s’il est avéré que le gouvernement envisage de l’instaurer dans les écoles primaires publiques, en attendant les modalités pratiques de la mise en œuvre du projet, il serait, d’ores et déjà, intéressant de motiver les apprenants en augmentant le coefficient de l’anglais et en l’imposant à toutes les séries du baccalauréat.
Toutefois, il est important de noter que pour tous ceux qui seraient tentés de croire que la Côte d’Ivoire voudrait quitter le giron francophone pour la rejoindre la Commonwealth, il faudra leur rétorquer cette fameuse réponse des Rwandais lorsqu’on leur demanda s’ils auraient « switché » du français vers l’anglais: « Non, nous n’avons pas changé de langue. Nous en avons ajouté une nouvelle, l’anglais. »
Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant