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Nous avons suivi avec le plus grand intérêt les élections locales couplées des communales et régionales qui se sont déroulées le 02 septembre, en vue du renouvellement des membres des 201 conseils municipaux et des 31 conseils régionaux . Les médias ivoiriens en ont fait leur chou gras combinant débats et interventions de spécialistes de la question.
Parmi les divers commentaires émis par les experts, il y en a un qui a particulièrement retenu mon attention, celui qui a fait état du rôle fondamental que le sociologue pourrait jouer avant et après ces échéances.
Si on part du postulat que la sociologie est cette science sociale qui a pour objectif de « rechercher des explications et des compréhensions typiquement sociales, et non pas mentales ou biophysiques, à des phénomènes observables » et que le rôle du sociologue dans la société est de cerner et d’analyser « les mécanismes qui régissent les rapports entre les individus et les groupes et les relations propres à un groupe donné », alors, cette discipline est la mieux positionnée pour non seulement détecter les besoins et attentes des populations et y apporter des solutions.
En effet, depuis Emile Durkheim, la sociologie s’est forgé un « objet propre et cohérent », des méthodes et des techniques qui se sont affinées au fil du temps de sorte qu’aujourd’hui, cette discipline majeure des sciences sociales se targue d’être la « science des normes sociales et de leurs relations » .
Ses domaines d’intervention sont tout aussi divers que variés. Il s’agit, entre autres, de la famille, l’économie, la politique, les médias, les mouvements sociaux, l’innovation, l’action publique, les inégalités sociales et/ou l’égalité des chances, les rapports ville-campagne, les migrations, les conflits, le travail, la pauvreté, etc.
Ceci étant, pourquoi le sociologue peut-il se révéler un puissant allié du politicien ?
Il est évident que même si « la politique n’a pas sa place dans la salle de cours de l’université », selon le sociologue allemand Max Weber, les nombreuses connaissances accumulées par les enquêtes sociologiques peuvent servir d’appui aux décideurs politiques dans leurs diverses interventions auprès des populations .
Il est certes vrai qu’en Afrique, l’activité politique est généralement fondée sur le clientélisme, la corruption et l’achat des consciences de vote et qu’elle ne prend pas en compte les véritables besoins des populations; ce qui, de ce fait, oblige les candidats à tricher pour se faire réélire, quitte à déchaîner des vagues de contestations post-élections, parfois suivies de violences. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel, c’est de gagner !
Une question se pose, toutefois : comment prétendre servir une population dont on n’ignore les réelles difficultés ? Autant dire que, soit on navigue à l’estime, soit on fait de fausses promesses, comme cela arrive dans la plupart des cas, soit on risque d’engager ou de réaliser des projets non pérennes.
Cependant, sera bien malin le politicien visionnaire qui s’attachera les services d’un sociologue expert, celui-là même qui « est donc à la lisière du politique et souvent plus proche qu’on ne le pense du décideur ».
A cet effet, que ce soit pour la préparation d’un projet de loi ou que ce soit pour la connaissance des besoins de ses administrés ou futurs administrés, le politicien doit solliciter cet expert social qui mènera une étude sur les réels besoins sur le terrain, y compris les besoins non exprimés, et proposera des solutions adaptées aux attentes de ces populations.
Ainsi, le sociologue en tant qu’expert de la « compréhension des sociétés, des cultures et des divers processus qui leur donnent vie » est l’allié de l’homme politique consciencieux, mû par les valeurs de responsabilité et de redevabilité.
Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant.
Akondanews.net