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Lorsqu’on parcourt plusieurs rues de Yopougon, pour ne parler que de cette commune, ce qui frappe ce ne sont pas seulement la multitude de maquis-restaurants, mais la présence de caniveaux bouchés, de rues jonchées de détritus et d’égouts nauséabonds au point de ne pouvoir circuler à certains endroits sans se boucher le nez.
En outre, il n’est pas rare de voir que des caniveaux ont été curés mais que le sable et les immondices recueillis ont été entassés au bord ces fossés en attendant que la prochaine pluie ne vienne les y précipiter à nouveau; et le plus aberrant, c’est que ces endroits sont jouxtés par des restaurants où les gens viennent allègrement se restaurer, avec tout le risque sanitaire que cela comporte.
En effet, il n’est un secret pour personne que les rues de la plus grande commune de Côte d’Ivoire sont extrêmement sales .
Alors, la négligence et l’incurie pourraient bien susciter des interrogations: à qui incombe-t-il de nettoyer ces rues? Qui est responsable de la propreté des caniveaux de cette commune ?
Il faut, néanmoins, souligner que la problématique de la salubrité en Côte d’Ivoire dépasse largement les frontières de la seule commune de Yopougon. C’est le cas des communes d’Adjamé, Abobo, Treichville et même Cocody, à certains endroits.
Et pourtant, ce ne sont pas les initiatives du gouvernement pour assainir l’environnement urbain de la Perle des Lagunes qui manquent.
En partant du mégaprojet de la Baie de Cocody, vu à la fois comme un joyau de développement touristique et de sauvegarde de l’environnement, car contribuant principalement à dépolluer la lagune Ebrié, à la mise sur pied d’institutions comme le ministère de l’Assainissement et de la Salubrité, l’Agence nationale de gestion des déchets (ANAGED), la Brigade de l’Assainissement et de la Salubrité et la création des centres de valorisation et d’enfouissement technique (CVET).
En outre, l’ampleur des efforts à déployer dans la seule ville d’Abidjan est telle que deux opérateurs sont en charge de sa propreté: la société «Ecoti SA» qui assure le service de propreté des communes d’Abobo, d’Anyama, de Bingerville, de Cocody et du Plateau, et la société «Eco Eburnie» qui intervient dans les communes d’Adjamé, Attécoubé, Yopougon, Songon, Koumassi, Marcory, Port-Bouet et Treichville.
Par ailleurs, des actions ponctuelles sont menées chaque année. C’est le cas de la journée nationale de l’hygiène et de la salubrité en milieu scolaire et là la semaine nationale de la propreté (SNP).
Alors, comment expliquer qu’en dépit de tous ces efforts, l’insalubrité et le manque d’hygiène ne cesse de gagner du terrain dans les communes de la capitale?
A cette question, il n’est nul besoin d’être un génie pour deviner qu’en Côte d’Ivoire, quand on pense à l’hygiène et à la salubrité publique, on croit que c’est seulement l’affaire des autorités municipales.
Il est, certes, vrai que dans la plupart des cas, les trottoirs et autres voies à l’intérieur des quartiers relèvent du domaine public et que le maire est tenu d’en assurer « la sûreté et la commodité de passage », y compris le nettoyage de ces voies, mais la loi reconnaît également que « c’est au propriétaire occupant, le locataire ou l’usufruitier de l’habitation qui doit en assurer l’entretien ».
Par-delà cette considération purement juridique, toutefois, il faut dire qu’étant donné que les populations riveraines demeurent les principales victimes de l’insalubrité et de ses corollaires, les maladies liées au manque d’hygiène, il est compréhensible et même logique qu’en assurant l’hygiène et la salubrité de leur environnement immédiat, elles sont en train de veiller à leur propre bien-être sanitaire. Et cela d’autant plus que ce sont elles qui sont responsables de la mauvaise utilisation de ces ouvrages (caniveaux, regards avaloirs, tampons) lorsqu’elles y déversent des déchets solides.
Les conséquences sanitaires sont indéniables. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que «la propreté est l’un des principaux déterminants de la santé publique» et qu’environ 25% du taux de morbidité dans le monde est imputable à un environnement insalubre. Comment faire comprendre toutes ces implications au citoyen lambda?
En attendant de disposer de la technologie appropriée qui va permettre à l’Etat de s’engager dans un processus vertueux d’économie circulaire, c’est-à-dire que ces déchets seront collectés, traités, pour la production de gaz qui va, à son tour, permettre de produire de l’électricité, selon certaines autorités, il ne reste que la sensibilisation des populations de sorte à créer une conscience environnementale aiguë, en insistant notamment sur l’impact négatif de l’insalubrité sur la santé et l’image de notre pays dans un contexte marqué par la tenue prochaine de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).
Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant
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