Chroniques/ « Garantir l’accès au savoir » : que valent les bibliothèques dans nos universités publiques à l’ère du LMD?

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La crise de la massification de l’enseignement tertiaire, depuis le début des années 80, a conduit plusieurs Etats africains dont la Côte d’Ivoire à adopter une série de réformes qui sont principalement la décentralisation des universités publiques et l’adoption du système licence, master et doctorat (LMD).

Pour ce qui est du LMD, adopté en 2009, il s’agissait de réformer en profondeur tout le système de gestion de l’enseignement supérieur, en vue, non seulement « d’uniformiser les cycles et d’organiser la reconnaissance des diplômes entre les pays. », mais de professionnaliser les parcours, c’est-à-dire les conditions pour que les universités soient « capables de former et de produire des ressources humaines immédiatement productives »

Le parcours LMD correspond aux trois paliers de l’enseignement supérieur, la licence, le master et le doctorat et une année complète réussie représente 60 crédits, soit 30 crédits par semestre. Il est découpé Unités d’Enseignement (UE) où chaque UE a une valeur définie en crédits qui correspondent au nombre d’heures de travail de l’étudiant (cours, TD, TP, travail personnel).

Une des exigences fondamentales du LMD est l’existence d’infrastructures d’apprentissage, accès à une connexion Internet, comme les TICs, une bibliothèque, etc. puisque l’essentiel du travail de recherche est effectué, désormais, par l’étudiant

Or, le constat est que, non seulement, la majorité des étudiants ne possède pas d’ordinateur, ni n’a accès à Internet de manière régulière, pour ceux qui ont un ordinateur, ni peut utiliser la bibliothèque car pratiquement inexistante et vétuste.

S’il n’est pas absolument nécessaire à un étudiant de posséder un ordinateur dont le prix reste, d’ailleurs parfois, prohibitif pour plusieurs d’entre eux, il est inconcevable que l’étudiant d’une université publique ne puisse pas disposer d’une bibliothèque digne de ce nom pour faire ses recherches.

Sous ce rapport, si on est parti du principe qu’en adoptant le LMD en Côte d’Ivoire, on visait à rendre le système d’enseignement tertiaire universel, « compétitif, efficace et attrayant aux plans interne et externe », alors le doute est permis.

En effet, du lat. bibliotheca « salle où sont enfermés des livres » (Cicéron dans TLL s.v., 1956, 1); « armoire » (Pline, ibid., 1956, 36); « ensemble de livres » (Cicéron, ibid., 1955, 83), ce sens, surtout en lat., la bibliothèque signifie, à la fois, un « Local ou édifice destiné à recevoir une collection de livres ou documents qui peuvent être empruntés ou consultés sur place » et une « Collection de livres publiés par un éditeur et relatifs à un même domaine ou destinés à un public déterminé ».

Dans son acception la plus courante, la bibliothèque est un « service pédagogique dont le rôle est de contribuer à la formation de l’élève et de soutenir l’action de l’enseignant. À ce titre, elle intervient dans les démarches d’apprentissage et d’enseignement. »

Aujourd’hui, plus qu’à aucune autre époque marquée par l’ascension fulgurante d’Internet, la bibliothèque est devenue le lieu privilégié où les enfants peuvent encore progressivement être initiés au goût de la lecture et de la recherche individuelle.

Pour les étudiants, la bibliothèque demeure irremplaçable car elle joue un rôle de premier plan, celui « d’accompagner et de soutenir les activités d’enseignement et de recherche ».

Par ailleurs, il y a que tous les étudiants ne sont pas en mesure « d’acquérir chacun des ouvrages ou de payer pour chacune des émissions de télévision ou des revues auxquels ils doivent pouvoir accéder pour leurs études » alors il est nécessaire qu’ils se rabattent sur les services d’une bibliothèque.

Ainsi, dans un monde dominé par la bataille de l’information et de la formation, les bibliothèques et autres centres de documentation restent des outils clés, surtout pour l’amélioration des conditions d’apprentissage et d’épanouissement des étudiants en dépit de « ce monde de l’information numérique » dont la figure ne cesse de grandir.

Une question s’impose : « Que serait une université, temple du savoir, sans une bibliothèque ? »

 

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant

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