Chronique : La proactivité comme la clé du succès de l’étudiant

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Le taux de diplômés sous-employés, chômeurs ou en emploi précaire en Côte d’Ivoire ne cesse de prendre de l’ampleur.

D’après une étude conduite par l’Agence de Promotion pour l’Emploi (AGEPE), en 2008, ce taux était estimé à 15,7 %. Aujourd’hui, il tourne autour de 25-35% (2008) .

En outre, cette étude démontre que les plus touchés par le phénomène seraient ceux qui sont titulaires du Baccalauréat ou du Brevet de Technicien (BT), à proportion de 43,5 %) tandis que les détenteurs du Brevet de Technicien Supérieur (BTS), du Diplôme universitaire de technologie (DUT, ou du Diplôme d’Etudes universitaires générales (DEUG) ont un taux de 38,1 % alors que celui des non diplômés s’élève à 13 % .

Selon les dernières données de l’Organisation internationale du travail (OIT), le taux de chômage global en Côte d’Ivoire était de 3,5 % en 2021, avec un taux particulièrement élevé chez les jeunes (5,7 % pour les 15-24 ans)

En tant que fait social, le chômage et le sous-emploi des jeunes diplômés est au confluent d’un florilège de facteurs.

En effet, en partant du manque d’expériences professionnelles par le biais de l’apprentissage expérientiel à l’ignorance des nouveaux métiers en passant respectivement par la faiblesse du des secteurs public et privée, les contenus curriculaires déconnectés des besoins du secteur productif (inadéquation formation emploi), l’absence de structures et de programmes de préparation à l’emploi, le manque de soutien financier et la corruption, c’est autant d’éléments qui constituent de véritables « barrières et défis auxquels les jeunes sont confrontés pour trouver un emploi en Côte d’Ivoire. »

Pour autant, considérer le problème seulement sous ces aspects que l’on pourrait qualifier d’externes pourrait occulter le rôle et la responsabilité personnels de l’étudiant.

En réalité, ne sont pas seuls en cause les facteurs ci-dessus cités dans la problématique du chômage et de l’emploi précaire des diplômés, il faut tout aussi bien prendre en considération un autre élément comme la capacité de l’étudiant à prendre des initiatives, c’est-à-dire la proactivité.

Issu du champ de la psychologie, le terme proactivité est un « néologisme qui qualifie une action ou attitude dynamique, généralement réalisée avec anticipation. »

Sous ce rapport, « quelqu’un de proactif est une personne qui prend son destin en main, qui n’attend pas que des événements viennent altérer sa vie. »

Or, peu d’étudiants développent cette attitude mentale, aujourd’hui. Il n’y a qu’à les sonder pour déceler que, la plupart, n’ont pas d’objectifs professionnels pertinents, ni bien affirmés, encore moins de projet professionnels personnels ; toutes choses qui, pourtant, sont essentielles à une bonne orientation universitaire et à une préparation à l’insertion professionnelle et à la carrière.

Par ailleurs, même lorsque, par extraordinaire, ils entrent en faculté, après qu’ils eurent été orientés, et cela est valable pour tous (que ce soit ceux dont les choix de filières ont été respectés ou pas), il est rare qu’ils fassent preuve d’esprit d’initiative et de curiosité en s’informant simplement, à l’avance, sur les débouchés professionnels de leur filière, afin de mieux de apprécier et évaluer les diverses possibilités professionnelles susceptibles de s’offrir à eux, à la fin de leurs études.

Enfin, combien d’entre eux tirent véritablement parti d’Internet, à part les réseaux sociaux, pour se former à l’acquisition de certificats pour renforcer leurs compétences techniques, en vue d’enrichir leur CV? Toute la question est là !

Bref, il faut dire que si par le passé, faire des études universitaires consistait à effectuer le trajet entre les amphithéâtres et le domicile ou la cité universitaire, aujourd’hui, il en va tout autrement car dans un monde dominé par les technologies de l’information et de la communication entraînant une compétitivité à outrance entre les structures d’enseignement tertiaire, l’étudiant doit nécessairement développer et cultiver diverses qualités qui s’avèrent primordiales s’il veut éviter le chômage et l’emploi précaire, et faciliter sa transition vers le monde professionnel: anticipation, esprit de curiosité, esprit d’initiative, esprit d’entreprise, responsabilité, attitude dynamique et proactivité, entre autres .

 

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant

Akondanews.net

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