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Un jour avant son retour sur la terre de ses ancêtres, dans une modeste contribution je disais ceci: « Laurent Gbagbo revient pour la Côte d’ivoire, il revient pour l’Afrique ». Pour ses premiers mots, il n’a pas dit le contraire. Il a dit exactement la même chose. Et je le cite: « je suis heureux de retrouver la Côte d’ivoire et l’Afrique ». Fin de citation.
Laurent Gbagbo est rentré.
Ce retour tant souhaité et tant commenté. Cette date du 17 juin tant évoquée. Que de tractations. Que de déclarations. Parfois contradictoires entre les partenaires en négociation sur un dossier hautement politique et très sensible. Retour en catimini ou retour triomphal? On était hier le 17 juin, aujourd’hui, nous sommes au 18 juin. Chacun a vu ce qui s’est passé et chacun pourra faire sa propre opinion. Les images sont là, les vidéos sont là et les commentaires aussi. Pour l’essentiel, le président Laurent Gbagbo est rentré comme prévu et à la date prévue. Il a passé sa première nuit abidjannaise plus de 10 ans après sa chute. Une nuit paisible dans une résidence certainement paisible et non dans un bunker et sous des bombardements de l’ennemi. L’homme Gbagbo revient de très loin. Cet homme est atypique avec un destin tout aussi atypique.
Ce retour au pays natal, que n’avons nous pas entendu? Bien avant ce 17 juin 2021, il nous a été donné d’entendre et de voir des scènes. Le président d’un collectif des victimes de la crise postélectorale a fait parler de lui. Il était présent sur tous les plateaux télé, manifestations dans des endroits jugés stratégiques par ses communicateurs. Il était opposé à ce retour et avait pris l’opinion nationale et internationale à témoin pour une démonstration de force sur le tarmac de l’aéroport ce 17juin dans une logique de faire arrêter Laurent Gbagbo à sa descente de l’avion. Hier, on ne l’a pas vu à l’aéroport encore moins dans une seule rue d’Abidjan. Nous sommes au 18 juin. Il faut arrêter de se faire peur. Il faut donner une chance à la paix et à la réconciliation. Notre pays en a besoin.
Retour en catimini ou retour triomphal? Sur ce point, les émissaires des deux camp étaient divisés. Au nom de la réconciliation, le premier d’entre-nous a offert le pavillon présidentiel pour le retour de son frère. Une initiative à la fois symbolique et qui montre sa totale disposition à aller à la réconciliation. On pouvait aller plus loin dans la symbolique si hier, quelques membres de notre gouvernement mais surtout ceux mandatés pour conduire ce dossier marquaient de leur présence effective dans le salon d’honneur de l’aéroport choisi pour accueillir le président Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo serait dans ce cas dans l’obligation de passer par ce salon et aurait certainement fait sa première déclaration que tout le monde attendait. Il aurait certainement lancé depuis l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny ses premiers mots pour la réconciliation.
Le « bataille » des épouses Gbagbo a belle et bien eu lieu.
Sans se toucher ni se parler, les épouses Gbagbo se sont affrontées dans les gestes et les regards, directement ou indirectement. Ce n’est un secret pour personne. Lorsque Laurent Gbagbo a été libéré sous conditions par la cour pénale internationale, c’est Karl Lagatie , porte-parole du ministère des Affaires étrangères informait l’opinion nationale et internationale que:
« La Belgique a reçu une demande de coopération de la Cour en raison des liens familiaux de Laurent Gbagbo dans notre pays ». Liens familiaux vous avez entendu. En Belgique et précisément à Bruxelles vivait la seconde épouse du président Laurent Gbagbo, Nadiana « Nady Bamba » avec qui il a scellé une union en 2001, selon les rites coutumiers mahouka et musulman. Hier, tout naturellement, elle était du voyage. Au même moment à Abidjan, les rumeurs les plus folles circulaient sur la présence ou non de sa 1ère épouse et camarade de lutte Simone Gbagbo à l’aéroport. En femme politique avertie, c’est une Simone Gbagbo contre toute attente et pour mettre fin aux rumeurs qui au travers d’une vidéo informe l’opinion nationale qu’elle part à l’aéroport accueillir son époux. Quelques heures après cette annonce, elle est effectivement à l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny entourée de ses enfants. A sa descente de l’avion, la camarade, la combattante, la « lionne » et épouse Simone était là. Gestes, regards entre les deux épouses…nous sommes au 18 juin et chacun pourra aussi faire sa propre opinion.
Pour ma part, je souhaite humblement un très bon retour en terres ivoiriennes au président Laurent Gbagbo pour la paix et la réconciliation.
Emmanuel De Kouassi