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Les autorités à travers le ministère de la défense, pointent du doigt l’Organisation non gouvernementale accusée de complicité avec les groupes séparatistes dans le cadre de la crise dite anglophone.
Un communiqué publié par le ministère Camerounais de la défense, soutient que l’organisation a apporté son assistance à un leader séparatiste blessé lors d’une opération de l’armée régulière; sans en informer les autorités.
Le document précise que l’équipe de Médecins Sans Frontières dans la région du Sud-Ouest a dépêché une ambulance et du personnel médical à la rescousse du blessé qui a par ailleurs, bénéficié d’une fausse fiche d’évacuation montée de toute pièce par une infirmière de l’ONG.
Un motif supplémentaire, pour le gouvernement qui déjà, n’est pas en harmonie avec la mission de l’organisation humanitaire au Cameroun depuis plusieurs mois. Médecins sans Frontières a, à plusieurs reprises été interpellée par les autorités sur son rôle et ses activités dans le cadre de la crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’Organisation avait même déjà vu ses activités interdites dans la région du Nord-Ouest pour les mêmes raisons. Une interdiction qui reste en vigueur malgré tous les recours engagés par l’organisation humanitaire. Si Médecins Sans Frontières a toujours nié ces accusations, les autorités Camerounaises n’ont plus de doutes sur les liens étroits que l’organisation entretient avec les séparatistes.
En réaction, Médecins Sans Frontières indique avoir informé les autorités militaires qui pourtant, précisent n’avoir été alerté ni de près ni de loin. Deux positions opposées qui montrent que la crise démarrée en 2020 entre les deux parties, emprunte des proportions inquiétantes.
Après les Ministères de l’Administration Territoriale et des Relations Extérieures, c’est autour du Ministère de la défense de monter au créneau pour dire non. Et rappelons qu’il s’agit d’une institution militaire. S’il faut reconnaître que le travail humanitaire impose parfois de transgresser certaines règles, la perception de la neutralité ou de l’impartialité, n’est pas la même selon les protagonistes sur un théâtre; seulement, lorsque les faits deviennent incontestables, il devient impérieux de rappeler aux humanitaires leur rôle et fonction. C’est certainement ce que font les autorités de Yaoundé étant donné que l’action humanitaire ne s’émancipe pas de certains cas du droit national.
Il y a urgence de lever les équivoques en désignant par exemple des officiers de liaison pour accompagner les humanitaires. Cela permettrait à Médecins Sans Frontières de ne plus être considérée comme le cheval de Troie pour la déstabilisation du Cameroun. Ce que les autorités veulent, ce sont des gages qui contribueront à la sauvegarde des acquis positifs de l’ONG qui pourtant a un rôle important à jouer. Cette autre sortie du gouvernement exposerait si rien est fait, les équipes de MSF qui pourraient subir le ras-le-bol d’éléments incontrôlés de l’armée en réaction de vengeance sur le terrain des opérations.
D’un autre côté, la situation ouvrirait la voie à une crise diplomatique qui impliquerait de nombreuses puissances. Après la suspension partielle déjà appliquée et maintenue, rien est exclu pour une nouvelle suspension temporaire ou définitive de l’Organisation. Le Cameroun peut aussi passer à l’étape de sanction des agents qui s’exposeraient à la justice ou pour éviter des ennuis, peut aller crescendo dans une démarche de garantie d’une diplomatie publique au niveau international avec des solutions de substitution.
Médecins Sans Frontières a les atouts pour faire honneur à son prix Nobel. L’ONG peut éviter de se retrouver dans une situation comme celle que décriait le ministre de l’administration Territoriale Paul Atanga Nji lors d’une communication au sujet de sa mission au Cameroun : « Tu ne peux pas venir au deuil de quelqu’un et pleurer plus que lui-même ».
YVES MODESTE NGUE
Akondanews.net