Cameroun: Le peuple Bamoun perd son roi

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Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya meurt à 84 ans des suites de maladie. Ministre à plusieurs reprises, ambassadeur et sénateur avant sa mort, le sultan roi des Bamoun a traîné une longue et riche carrière administrative à laquelle s’est ajoutée, une fonction traditionnelle exemplaire.

Pour ce qui est de son passage comme 19e roi de la dynastie de Ncharé yen à Foumban, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya a été l’incarnation du concept de monarque républicain. C’est-à-dire, ce roi très puissant, garant de la vie traditionnelle du peuple Bamoun; mais aussi, engagé et impliqué dans la gouvernance de l’État du Cameroun au plan institutionnel et politique.

Le sultan, jusqu’ à sa mort, était sénateur et membre du bureau politique du Rdpc, (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais). Comme sultan, son ouverture au monde de par son parcours de haut commis de l’État lui a conféré cette facilité à recevoir des étrangers dans son palais de Foumban. Son règne est celui de l’ouverture du Ngouon au monde.

Le sultan Ibrahim Mbombo Njoya a aussi fait face à un problème de politisation du débat traditionnel dans le Noun. Embarqué dans la bataille RDPC-UDC (Union Démocratique du Cameroun). Depuis les années 1990, le peuple Bamoun a vu beaucoup de ses membres faire usage de la liberté de ton, consacrée en politique ainsi que la contestation sur le terrain traditionnel. C’est dans ce chemin qu’à plusieurs reprises, on a vu une escapade épistolaire entre le sultan roi des Bamoun et d’abord du feu Adamou Ndam Njoya ancien ministre et  président de l’UDC ,ensuite son épouse Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya, l’actuelle maire de Foumban. Le dernier épisode en date c’est la construction de la porte d’entrée de la ville de Foumban.

Le maire, Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya appelait à l’arrêt des travaux, le sultan a dû s’installer à cette porte pour piloter lui même le chantier; et les travaux ont été achevés. Des bravades que le sultan a gérées avec sobriété. Dans sa posture de haut commis de l’État, Ibrahim Mbombo Njoya appartient à cette lignée des hommes d’État puissants mais pas du tout extravagants que le Cameroun a connu, notamment avec  Moussa Yaya  Sarkifada, François Senga KO, Gilbert Andze Tsoungui, Général Pierre Semengue ou René Owona entre autres.

Cette génération de décideurs qui a su faire corps avec les vertus de sobriété. Dans sa haute posture d’homme d’État au cœur du système gouvernant  le Cameroun depuis Hamadou Ahidjo ( Premier président), Ibrahim Mbombo Njoya portait la cuirasse de la franchise et l’épée de la sincérité. Puisqu’il savait aborder des sujets classés interdits à l’instar de la forme de l’État durant le grand dialogue national, l’appel pour la tenue d’un congrès ordinaire du RDPC parti au pouvoir avant la dernière élection présidentielle.

Une attitude que certains ont vu comme de la défiance envers le président de la République, Paul Biya. Mais le monarque républicain a été adulé pour ses prises de position là où d’autres flagornaient. C’est donc un homme vrai qui quitte la scène. C’est évident que le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya va  manquer à son peuple et au Cameroun qui reste avec tant de  décideurs qui n’inspirent pas confiance et des antipatriotes.

« Puisse Dieu donner d’autres Ibrahim Mbombo Njoya au Cameroun », tel est le souhait de nombreux citoyens Camerounais.

Yves Modeste NGUE

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