Cameroun : La leçon des Ambassadeurs à l’Afrique Centrale et à l’Union Africaine

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Dans une déclaration commune, plusieurs chancelleries au Cameroun condamnent les attaques contre les droits de l’éducation au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du pays et demandent aux différentes parties d’œuvrer pour la sécurité de l’école des enfants.

La déclaration parle de plus de 700 000 enfants touchés par la fermeture des écoles dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun depuis le début de la crise. Les dernières attaques datent des 8 et 11 février dernier en pleine semaine de la jeunesse, lorsque des hommes armés ont incendié l’école primaire publique de Molyko à Buea et le collège catholique Queen of Rosary à Mamfe, dans la région du Sud-Ouest. Ce qui porte un coup sur les élèves, les enseignants et les établissements scolaires dans cette région et dans le Nord-Ouest, en proie à un conflit sanglant entre l’armée et les séparatistes anglophones.

image d’une école détruite dans le sud-Ouest du Cameroun

C’est face à cette situation qui s’enlise que les représentations diplomatiques de la Norvège, de la Suisse, de l’Afrique du Sud, du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis ont appelé les belligérants à respecter la résolution 2601 des Nations Unies sur la protection du droit de l’éducation dans les conflits armés en assurant la sécurité à l’école. Pour ces représentations diplomatiques accréditées au Cameroun, publier un tel message au moment où le Cameroun célèbre sa jeunesse revêt une symbolique particulière. Le prétexte étant une fois de plus, de dénoncer les attaques contre les établissements scolaires qui privent les enfants de leur droit à l’éducation.

Comme les Chefs de Missions Diplomatiques, Le coordinateur humanitaire de l’ONU au Cameroun, Matthias Z. Naab, s’est dit « profondément préoccupé » par deux nouvelles attaques contre des écoles dans la région en crise du Sud-Ouest. « Les Nations Unies et les partenaires humanitaires au Cameroun condamnent dans les termes les plus forts toutes les actions visant l’éducation », a-t-il déclaré dans un communiqué, invitant « tous les auteurs d’attaques à s’abstenir d’actions qui entravent l’accès à l’éducation, conformément à la résolution 2601 (2021) du Conseil de sécurité ».

Toutefois, il convient de relever que ce n’est pas la première fois que les attaques contre les écoles sont perpétrées dans les régions dites anglophones au Cameroun. Ce phénomène dure depuis le début de la crise avec son corollaire de villes mortes qui ont contribué à troubler l’éducation des enfants. Ce n’est non plus la première fois que cela est dénoncé toute chose qui pousse à interroger pourquoi la situation perdure malgré tous les efforts consentis. Il y’a certainement problème quelque part. Soit les autorités chargées de rétablir l’ordre sont débordés et n’y peuvent plus rien face aux rebelles qui continuent d’agir en toute liberté, soit le travail réalisé porte ses fruits mais dans un contexte de confusion dans lequel il devient difficile d’identifier réellement qui sont derrière ces attaques à répétition. Mais jusqu’à quand les pauvres enfants innocents seront privés de leur droit le plus prisé? N’est-il pas temps de taire les égos pour mettre un terme à une situation qui en réalité ne profite à aucun des protagonistes? L’on ne peut qu’espérer que cet appel de plus et de trop des ambassadeurs et de l’organisation des Nations unies trouve échos favorable dans une logique définitive de sortie de crise.

Par ailleurs, cette sortie de l’ONU et des représentations diplomatiques vient poser à nouveau le problème du manque d’une coordination africaine pouvant apporter une réponse efficace à de telles menaces. l’Union Africaine qui a souvent évoqué le sujet lors de ses réunions du Conseil paix et Sécurité ( CPS) n’a pas pu trouver à ce jour une résolution sur le cas Cameroun. Que dire de la Communauté Economique des États de l’Afrique Centrale ( CEEAC) ou la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) que le Cameroun assure la présidence qui observent un certain mutisme. Même s’il faut reconnaître que les États sont souverains et que ces institutions ne pourraient s’ingérer dans des affaires des Etats, il n’en demeure pas moins qu’une prise de position officielle de leur part montrerait leur volonté à aider à résoudre cette situation pour accomplir au moins l’objectif de faire taire les armes prôné par l’Union africaine. En cela, les ambassadeurs montés au créneau et l’organisation des Nations Unies au Cameroun, viennent une nouvelle fois se positionner comme donneurs de leçons pour un cas qui peut être résolu avec une bonne synergie africaine.

YVES MODESTE NGUE

Akondanews.net

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