Cameroun: l’ année 2023 s’ annonce plus difficile

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C’est ce qui transparaît dans les innovations apportées dans le projet de loi de finances de la République que vient d’adopter l’ Assemblée nationale réuni en sa troisième et dernière session ordinaire de l’année législative 2022.

La nouvelle loi de finances intègre une augmentation des prix à la pompe (l’essence, le gasoil, le gaz et le pétrole). Mais également, le foncier et les timbres verront leur prix à la hausse. Ceci implique forcément une augmentation des prix de production, de vente et de transport. Ce choix du gouvernement, expose davantage le pays à une dépendance extérieure au lieu de le conduire à une compétitivité. Le texte adopté par les députés et encore en examen chez les sénateurs fait disparaître l’article cinquième “l’emprise des lobbies qui prévoyait initialement la re-fiscalisation de certains produits importés. Contraste tout de même d’un texte déposé le 11 novembre 2022 à l’Assemblée Nationale puis retiré et déposé le 24 du même mois en nouvelle version. Que faut-il comprendre? que le gouvernement a agi sous la pression de certains lobbies? Il faut toutefois relever que les lobbies d’importateurs de riz, du poisson et du maïs n’ont pas intérêt à ce que le gouvernement leur organise une concurrence au niveau national. Lequel gouvernement affiche son manque d’autonomie gouvernementale.

Comment investir au Cameroun en 2023?

Les secteurs de la production ou de la transformation agricole ne marcheront qu’avec un statut d’individu, de GIC ou de coopérative. Les entreprises ( SARL ou SA), ne bénéficieront pas des cinq ans d’exonération prévus. Une façon pour le gouvernement d’encourager à migrer vers l’informel qui représente près de 90% de la structure de production du pays et à rester petits. Le Ministère de l’agriculture et du développement rural (MINADER) avait pourtant initié une pyramide de la production nationale au Cameroun partant des petites exploitations familiales vers les entreprises (même familiales) mais capables de répondre aux exigences du marché. Aucun secteur de la production n’a pourtant affiché un excédent au Cameroun en 2022; ce qui constitue une forte régression par rapport à 2015. La conjoncture économique mondiale n’a pas servi d’opportunité pour une production locale. Comme excuse, la crise Russo-ukrainienne et celle du COVID-19.

Dans son programme économique présenté devant la Représentation nationale, le Premier Ministre a fait un bilan mitigé de 2022. Il a présenté les chiffres de la production locale sans évoquer la demande réelle. Si l’on prend seulement le cas du maïs, le Cameroun n’a produit que 2,1 millions de tonnes de maïs. Or, le déficit était de 900 mille tonnes en 2022. Et si l’on égrène le tableau des déficits, l’on aura: 1,2 millions de tonnes de déficit pour le riz, 6 millions de tonnes de déficit de manioc, 1,3 millions de tonnes de déficit d’huile végétale, 2,6 millions de tonnes de déficit de blé, etc.

Même les 10,3 milliards promis par le Chef de l’État pour la production locale des semences de blé ne sont pas perceptibles dans la loi. On pourrait croire à un déficit de programmation et de planification dans le pilotage de notre politique économique. A cette allure, le tissu économique local se fragilise au fur et à mesure et ce sont les populations qui en pâtissent.

YVES MODESTE NGUE(Correspondant)

Akondanews.net

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