Après plus de quatre ans de désolation, les habitants de N’guiémé, dans le département de Tiapoum, en Côte d’Ivoire, revoient enfin la vie en bleu. Grâce à une lutte acharnée contre l’orpaillage clandestin venu du Ghana voisin, leur lagune, détruite à 90 %, renaît de ses cendres. Plages, sourires retrouvés : une victoire écologique et communautaire qui redonne espoir.
Situé dans le département de Tiapoum, au sud-est de la Côte d’Ivoire, le village de N’guiémé a longtemps été le théâtre d’une tragédie environnementale. Depuis 2020, l’orpaillage clandestin, pratiqué de l’autre côté de la frontière ghanéenne, a causé des ravages sans précédent. Les déchets chimiques, notamment le mercure utilisé pour extraire l’or, se sont déversés dans la lagune de Tandoh-Ehy, détruisant près de 90 % de cet écosystème fragile. Les eaux cristallines sont devenues boueuses et toxiques, rendant impossible les activités de pêche et de baignade, pourtant vitales pour les communautés locales.
« C’était un désastre écologique et économique », témoigne Kouamé N’Guessan, un pêcheur du village. « Nous ne pouvions plus nourrir nos familles. La lagune est notre source de vie, et elle était en train de mourir sous nos yeux à cause de la boue qui s’est formée à 50 mètres de la plage. »
Face à cette catastrophe, les habitants de N’guiémé n’ont pas baissé les bras. Soutenus par les autorités ivoiriennes, ils ont engagé un combat sans relâche pour sauver leur lagune. Des campagnes de sensibilisation ont été menées, des patrouilles renforcées le long de la frontière, et des négociations initiées avec les autorités ghanéennes pour mettre fin à l’orpaillage illégal.
« Nous avons travaillé main dans la main avec nos voisins ghanéens », explique le chef du village de N’guiémé, Nanan Amon Aka VIII. « C’était une question de survie pour nos deux pays. »
Le tournant décisif est venu avec l’engagement du président ghanéen actuel John Mahama qui a pris des mesures drastiques pour lutter contre l’orpaillage clandestin dans son pays. Des opérations de nettoyage ont été lancées, les sites illégaux démantelés, et les responsables arrêtés. Ces actions ont permis de réduire considérablement la pollution transfrontalière, donnant une seconde chance à la lagune Tandoh-Ehy.
« Nous remercions sincèrement le président du Ghana pour son engagement », déclare Kouametchi. « Sans son intervention, nous n’aurions jamais pu retrouver notre lagune. »
Aujourd’hui, les eaux de la lagune retrouvent peu à peu leur clarté d’antan. Les poissons sont en train de revenir, les pêcheurs sont impatients de reprendre leurs activités, et les enfants peuvent à nouveau nager. Pour les habitants de N’guiémé, c’est un retour à la normale après des années de souffrance.
« C’est comme si la vie reprenait son cours », se réjouit Akissi Amouha, une mère de famille. « Voir nos enfants jouer dans l’eau, c’est un bonheur que nous avions presque oublié. »
Si la joie est palpable à N’guiémé, les habitants restent vigilants. Ils savent que la lutte contre l’orpaillage clandestin est un combat de longue haleine. Des mesures de surveillance renforcées et des programmes de sensibilisation continuent d’être mis en place pour éviter que le désastre ne se reproduise.
« Nous ne voulons plus revivre ça », insiste le chef du village de N’guiémé, Nanan Amon Aka VIII. « Notre lagune est notre trésor, et nous ferons tout pour la protéger. »
La renaissance de la lagune de N’guiémé est bien plus qu’une victoire écologique. C’est un symbole d’espoir et de résilience pour toutes les communautés confrontées à des défis environnementaux. Une preuve que, même face à l’adversité, la nature et les hommes peuvent retrouver leur harmonie.
L’histoire de N’guiémé est un rappel puissant de l’importance de la coopération transfrontalière et de la préservation de nos écosystèmes. Alors que la lagune retrouve peu à peu sa splendeur, les habitants espèrent que leur expérience servira d’exemple pour d’autres régions confrontées à des défis similaires. Une lueur d’espoir dans un monde où les ressources naturelles sont de plus en plus menacées.
Journaliste : Abossia de Ferké
Photographie et prise aérienne par drone: Eizakhi Dereck