Nord-Kivu : Conflit Foncier Entre l’ICCN et la Population Périurbaine de Nzulo

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La gestion des terres au Nord-Kivu demeure un facteur clé des conflits entre différents acteurs de la région, en particulier entre l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et les habitants périurbains de Nzulo. Ce conflit foncier, qui fait actuellement la une, soulève d’importantes questions de droits et de gestion territoriale dans une zone où les revendications entre la population locale et les gestionnaires d’aires protégées sont de plus en plus tendues.

La population de Nzulo affirme être la propriétaire légitime de ces terres, une position fermement contestée par l’ICCN, qui considère Nzulo comme une partie intégrante du parc national des Virunga. Une campagne intitulée « Nzulo n’est pas à vendre » a récemment vu le jour pour sensibiliser la population de Goma et des environs à ce que l’ICCN considère comme une spoliation illégale des terres. Selon Méthode Uhoze, un représentant de l’ICCN, des pancartes ont été installées dans la ville de Goma pour dissuader les habitants d’acheter des parcelles à Nzulo.

Dans un entretien avec Akondanews.net, le chef de colline de Nzulo, Mr Dunia Bakulu Musemakweli, a exposé des éléments historiques qu’il juge en faveur des autochtones. Parmi ces preuves, une note de 1948 atteste d’un accord entre l’État congolais, sous administration belge, et des chefs traditionnels locaux. Un procès a également été mené au tribunal de grande instance de Goma, où la population de Nzulo a remporté une victoire contre l’ICCN, sans appel de cette dernière. Suite à une tierce opposition déposée par la communauté de Nzulo, le chef de village soutient que les documents obtenus légitiment leurs droits sur ces terres.

Le conflit foncier de Nzulo repose également sur des actes de gestion des droits indigènes, datés du 1er avril 1948. Selon ces dispositions, signées entre la colonie du Congo belge et les notables de Nzulo, l’État congolais est reconnu propriétaire de seulement 172 hectares annexés au parc national des Virunga, tandis que 1110 hectares, délimités séparément, appartiendraient aux autochtones de Nzulo.

Cependant, l’ICCN conteste ces affirmations, s’appuyant sur un arrêté de 1950 qui inclut les terres de Nzulo dans le parc national des Virunga. Méthode Uhoze affirme que cet arrêté, qui complète le décret de 1935, ne laisse aucune ambiguïté quant à l’inclusion de Nzulo dans le périmètre du parc, hormis certaines collines spécifiques.

Gestion et Perspectives de Résolution

Face à cette situation conflictuelle, des incidents ont été rapportés, incluant des destructions de maisons et des arrestations par les gardes du parc des Virunga. La complexité de ce conflit, enraciné dans des jugements superposés depuis 1938, appelle une approche plus participative pour la délimitation de cet espace. En effet, la gestion policière stricte de l’ICCN, qui couvre les régions du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l’Ituri, pourrait bénéficier d’une approche plus communautaire et collaborative.

Les tensions foncières au Nord-Kivu témoignent des défis de gouvernance autour des parcs nationaux en RDC. Une gestion collaborative entre l’ICCN et les populations locales pourrait offrir une solution durable pour apaiser les conflits et garantir la conservation des espaces protégés tout en respectant les droits fonciers des communautés.

Raphaël Lumoo, correspondant à Kinshasa

Akondanews.net

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